Et l’on cherche à séduire avec les armes que l’on n’a pas cette femme que l’on ne connait pas. On essaie de se mettre en mode chic type, en mode intelligent et pourtant en réalité on est que ce que l’on est. On ne peut pas être celui que l’on voudrait pour séduire celle que l’on désire alors en même temps qu’on lui ment on se ment. Mais c’est le jeu de la séduction. Et on se prend à lire ses mots épars sur les réseaux en s’imaginant les entendre réellement. Et on s’imagine une présence physique à travers les photos que l’on observe puisque personne ne le sait. Et l’on fantasme.
On rêve de toucher cette peau que l’on imagine si douce. On rêve de se noyer dans ses yeux parce qu’on a envie qu’ils soient plein de désir pour nous alors que nous-mêmes ne nous désirerons pas. On rêve de serrer contre soi ce corps nu parce qu’on le rêve toujours nu et de poser délicatement ses mains qui ne le sont pas, délicates, sur ce dos et que cette main descende le long de ce corps parce que ce corps nous fait déjà fantasmer même sans le connaitre même sans l’avoir vu, juste parce qu’on sait qu’il existe quelque part dans un lieu vague, dans un lieu qui n’est pas vraiment défini parce que tout est chimère et que tout n’est qu’illusion dans cette histoire, dans cette aventure. On rêve de sentir le parfum de cette peau et de ce corps. Le vrai parfum de cette personne et non l’odeur douceâtre d’un parfum de luxe ou même bon marché. Juste son odeur à elle. Et pourvoir perdre ses yeux, sa langue, ses mains sur une peau humidifiée par la sueur des chaleurs des nuits d’été. Juste sentir qu’elle est là. Qu’on est là… que le ON devient je et que ce je est bien moi. Que le elle se soit elle et que le On se soit moi. Que cela devient nous, noyés dans nos baisers, perdus dans nos propres caresses, mêlés dans nos cheveux emmêlés, trempés de nos propres sueurs et recommencer encore et encore jusqu’à ce que ensemble nous ne cédions définitivement à la raison qui n’est plus. Et recommencer encore et pourtant.
Mais savoir quand même qu’elle tournera le dos. Qu’elle s’éloignera parce qu’il en est ainsi des fantasmes et des illusions et que son surnom donné désormais rappelle le sable qui fuit au travers des doigts comme elle fuit elle-même à chaque fois que je me dis que je vais pouvoir la saisir. Insaisissable comme le sable chaud d’une plage normande et pourtant désirée comme les orages d’été dans les périodes de canicule. Puisqu’il semble que ce désir ne sera qu’un désir improbable et que je suis voué à ne jamais l’assouvir, je me perds à le pleurer, le demander, le prier, le supplier en sachant déjà que je n’en suis sans doute pas à la hauteur mais que je ne désire rien de plus que de tenter ma pauvre chance.