Tutto è bene

Ce n’était pas le bruit du silence empreignant les pierres ancestrales de ces ruelles ni les éclats de lumière qui perçaient sous quelques ponts ou à travers quelques croisements alambiqués. Ce n’était pas tant l’absence d’odeurs malgré les rumeurs ou seulement les odeurs de la vie maritime qui ne valent que parce que le continent se mêle à la mer. Ce n’était plus tant les gens qui marquaient une indifférence polie à ton passage au milieu des cris de prévention et des discussions à voix haute parce qu’il n’y a plus rien à cacher dans la ville des secrets. Ce n’était pas tant le vent sur le bord de mer qui gênait le recueillement ou le soleil trop présent qui cachait les dégâts du temps ou de l’incurie humaine. Ce vent qui faisait tourner les têtes en même temps les sens et finalement est absent de toute clarté solaire. La faconde et le bonheur d’être là se suffisent à eux-mêmes pour faire comprendre que si le centre du monde n’est pas à, c’est uniquement parce que les gens d’ici ne le veulent plus.

Ce n’était pas non plus tant la profusion de chefs d’œuvre ou la marque de sublimes éternels qui faisaient que l’appel de la découverte devenait un rappel permanent et une drogue saine. Ce n’était pas la chaleur humide, ombragée, des passages escarpés où chaque visage devient une histoire improbable, où chaque regard conte une aventure qui n’existera pas.

Ce n’était pas temps ou ailleurs parce que c’était là, parce que parfois les évidences font qu’elles doivent être vécues, que le temps n’a d’importance que s’il provoque les débordements maritimes et les obscurités diurnes.

Ce ne fut plus les lueurs des réverbères enchevêtrés les uns dans les autres au virage de la journée, dans l’entrée du soir, où les chiens qui se prélassaient dans les cours pavées, où les portes cochères dissimulées sous les glycines, deviennent des loups qui paradent, triomphants, sur les terrasses longeant les campaniles qui cherchent à crever les cieux. Ce ne serait jamais l’eau qui s’infiltrait partout et en tout et n’amenait que la douceur et la quiétude du ressac, et couvrait paisiblement et presque amoureusement les lieux, les places et les gens.

C’était, en réalité, juste un tout, un songe posé au milieu d’une réalité austère. Une bulle douce et sucrée, en marge du monde et de sa fureur, qui voyait passer les jours sans les compter et qui ne comptait pas pour les jours. Ici, c’est à part parce que le monde ne veut ou ne peut pas comprendre que c’est ainsi que devrait se vivre la vie.

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