Tu sais…

Tu sens monter en toi une fièvre incontrôlable. Quelque chose qui te brûle de l’intérieur et que tu ne saurais même pas expliquer, tant cette douleur annihile tes moindres envies ou désirs. Tu voudrais te libérer de cette souffrance impalpable mais, encore une fois, tu échoues. Tu sais qu’il faut se battre, se tenir droit et la tête haute, et pourtant, le poids du monde sur tes épaules t’assaille et te paralyse, alors tu stagnes, tu restes sur place. Tu regardes les nuages voiler, encore une fois, le jour et tu laisses les larmes du ciel couler le long de tes joues. Tu regardes les pins qui cherchent à toucher les étoiles et tu te dis que peu de choses ont réellement de l’importance. Tu écoutes les vagues taper les galets et tu revois encore les mêmes images de ce qui semble être une autre vie. Tu n’es déjà plus le même mais tu ne seras jamais vraiment un autre. Trop de choses ont changé, trop de temps est passé pour te dire que ce qui est passé n’est pas mort. Alors, tu comptes les cadavres. Tu revoies les conquérants et les fleuves italiens trahir le peu de confiance que tu accordais encore aux humains et tu restes seul mais, au moins, tu ne te sens plus vulnérable et manipulable. Tu as vu l’importance que les autres t’accordaient, tu as compris à quel point tu ne pouvais qu’être une monnaie d’échange et tu vois que tu ne seras jamais celui vers qui on se dirige. Tu sais maintenant que tu fais peur et tu sais aussi que tu ne sauras jamais pourquoi. Tu espérais autre chose de toi mais, aussi, des autres et pourtant, tu finis par te contenter de ce qu’ils veulent bien t’offrir mais tu sais aussi, désormais, que c’est très peu. Alors tu regardes impassible la nuit tomber sur l’océan et tu sais.

 

Laisser un commentaire