Stasera

Comme la beauté reste encore une création possible et que Trevi est sous la neige, il reste permis de croire que tout n’est pas mort et que le beau reste le beau. Le rêve devient un idéal et la possibilité d’y croire encore et à nouveau, rappelle ces sentiments enfouis qui parfois renaissent au hasard d’une rencontre, d’un hasard qui n’existe pas, d’une chute parce que c’est toujours une chute de « retomber ». Et cette nuit qui n’en finit pas au milieu des flocons, parce que c’est la nuit. La vraie, l’intense, la nocturne nuit. Derrière les ombres des souvenirs, l’errance au milieu de l’invisible, de l’éteint, de tous ces endroits vides emplis de l’absence des pas sur les pavés saillants. Cette nuit neigeuse et profonde au milieu de laquelle l’errance devient paix, devient sérénité. Le silence au loin qui résonne à travers les ruelles et les faibles points de lumière qui n’éclairent plus. Cette légère ivresse qui accompagne chacune des inspirations, qui fait oublier la présence de tous les fantômes que drainent la vie. Le noir se confond avec le rouge. La lumière meurt dans les ombres, et les bruits semblent de toute façon plus sourds que le jour. Comme si la nuit devenait une couverture opaque sur les desseins les plus inavouables et rendaient chaque action silencieuse, muette, morte. Une renaissance quotidienne au milieu des furies des enfants, des calvaires des parents, des tristesses et des larmes des autres ou des mêmes, et ainsi, la reprise et le retour perlé de ce nettoyage des âmes perpétuel et lancinant qui vient encore rappeler que derrière, il n’y a plus que l’horizon.

Cet horizon que plus personne ne voit ni ne comprend. Que plus personne ne ressent et qui gifle et se brise sur les joues des enfants. Des blessures, des crevasses, des sanglots longs et des meurtrissures éternelles. Et le silence. Et la nuit. Et la neige. Et le recommencement encore et encore, éternel et inlassable. Alors vint le temps des illusions, des rêves et des mesquineries. De cette envie indicible d’être un autre ailleurs autrement, de ne pas se fondre dans une multitude qui ne ressemble à rien, qui n’appartient à aucun des songes enfantins nés dans les bras du faux sommeil réparateur. D’être juste là et d’y rester et se relever et continuer et repartir. Ailleurs, autrement, encore, toujours et plus encore et plus avant.

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