Peter ou le syndrome de la haine ordinaire -partie 1- Afin de placer les premiers enjeux de ce monde comme il ne tourne pas

L’ego des gens médiocres est définitivement ce qui nous conduit dans une impasse. La situation actuelle telle qu’elle se vit quotidiennement pour un grand nombre dépend de ce rapport de force totalement artificiel, injuste et obsolète. Un rapport de force qui en réalité ne se base sur rien ou alors un vent factice porté par des valeurs éculées et dont on connait déjà l’inefficacité puisque ce sont celles que nous subissons depuis des années. Dans chaque corporation apparaît de plus en plus cette gabegie permanente causée par l’oppression d’une hiérarchie considérée le plus souvent comme illégitime…. La méritocratie n’existe pas et même, plutôt, le système actuel qui veut promouvoir l’entregent plutôt que les gens, détruit l’idée même de mérite. Nous sommes dans une obligation de travail salarié actuellement, ce qui est déjà pitoyable, mais si, en plus, cette corvée quotidienne s’accompagne de considérations humaines détestables, quel est l’intérêt?

Il faut travailler pour manger, avoir un toit, etc, etc… s’inscrire dans un monde capitaliste et ne pas être ou rester en marge d’une société… admettons que ce soit un fait acceptable, bien que très contestable…. Alors, l’obligation d’accepter la maltraitance est un surplus qui n’a pas lieu d’être. Nous avons tous au dessus de nous le représentant d’une hiérarchie verticale totalement illégitime et qui vise à démontrer son pouvoir par la contrainte ou l’humiliation. Ces humiliations sont multiples et se traduisent par des burn out, des harcèlements, des suicides même parfois, des démissions ou des licenciements. Nous sommes tellement programmés pour considérer que notre existence gravite autour de la notion de travail que nous oublions les notions les plus élémentaires de notre dignité et de notre humilité.

On trouve donc, dans tous les secteurs, des personnes qui possèdent un pouvoir sur d’autres . Ce pouvoir n’existe que grâce à ce que la société attend de nous :  agir et être un bon petit soldat en toute circonstance. Et gare à toi si tu sors du rang. Il faut être corporate et efficace pour l’entreprise en tout et pour tout et quoiqu’il en coûte. Dans un premier temps, cette construction pyramidale qui ouvre la porte à tout existe grâce aux diplômes. Nous sommes encore dans l’ ancien modèle où les diplômes sont porteurs de position sociale évidente et logique. Je parle d’ancien modèle parce que nous avons tous constaté que les diplômes aujourd’hui n’ont plus véritablement de valeurs. Il ne s’agit pas de faire du « c’était mieux avant » mais, à partir du moment, où le pouvoir politique exige une réussite de 80% d’une tranche d’âge au bac, il est logique de considérer que le bac n’est plus le sésame d’autrefois. On a donc une tranche d’âge dans laquelle 80% des personnes obtiennent le sésame pour entrer en études supérieures. Il est nécessaire d’accueillir toutes ces personnes décemment, dans un premier temps, et c’est loin d’être le cas. Considérons cependant que toutes ces personnes reçoivent l’éducation à laquelle les diplômes donnent droit désormais. Elles obtiennent, à force, logiquement, des diplômes élevés. Ces diplômes donnent droit à des postes en entreprise qui n’étaient auparavant tenus que par des personnes ayant manifesté d’une manière ou d’une autre des aptitudes professionnelles sur le terrain. On retrouve donc sur le terrain des technocrates, des appliquants, des exécutants, excellemment formés pour obéir à une hiérarchie qui, elle, ne vise que la rentabilité et le bénéfice. Tout cela s’inscrit dans une logique capitaliste tout à fait cohérente. Ce qui l’est moins, en réalité, c’est la façon dont, d’un côté, nous nous rebellons en privé ou sur les réseaux sociaux face à cet état de fait d’aliénation et, de l’autre, notre passivité et notre obéissance presque servile à un système que nous n’avons de cesse de dénigrer. D’un côté, on se veut rebelle et opposé à une hiérarchie décrite comme incompétente et, de l’autre, on se précipite pour assouvir tous les besoins de cette hiérarchie incompétente. Le malade dès lors n’est plus la société mais bien nous-mêmes et notre schizophrénie compulsive et permanente.

Il n’existe pas de possibilité d’être un tant soit peu fier de soi quand on se considère comme  le larbin d’un abruti et qu’on reproduit soi même ce schéma. Parce qu’ accepter d’être au service d’un autre peut être totalement respectable dès lors qu’il nous a été donné la possibilité de choisir nos maîtres contrairement aux esclaves d’hier et d’aujourd’hui mais si l’on accepte cette position, il devient infamant et même insultant d’imposer ce type de rapports à autrui.

1. Concrètement, j’accepte d’être au service d’untel parce qu’il me paie et que je suis dans l’obligation sociétale de travailler pour être reconnu et avoir la possibilité de m’offrir ce que j’estime être important pour moi. Or il se trouve que pour nombre d’entre nous cet offrande salariale correspond à la nécessité de se loger, de se nourrir et de nourrir sa famille mais soit…

2. Cette acceptation de ce statut d’inférieur me place dans une posture schizophrène d’amour-haine, attirance-répulsion. Je déteste la main qui me nourrit mais je continue à lui obéir justement parce qu’elle me nourrit.

3. Je reproduis à l’envi ce schéma sur les personnes que j’estime inférieures à moi, que ce soit des salariés mais aussi mon conjoint ou mes enfants. Je recrache sur plus faible que moi la frustration provoquée par ma propre faiblesse.

A partir de ce constat digne d’une psychologie de bazar, il est évident que la société ne peut fonctionner. La structure pyramidale de notre environnement fait qu’il y a toujours un dominant qui vise à écraser le dominé puisqu’il est lui-même écrasé par un dominant. Et ce cercle vicieux perdure parce que, finalement, il est entretenu, et l’on comprend pourquoi, par le sommet de la pyramide, mais il est également entretenu par la base de la pyramide . Parce que ceux qui sont en bas n’aspirent qu’à se hisser plus haut dans la hiérarchie du triangle et qu’il ne faut donc jamais insulter l’avenir.

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