Pensées et discussions à l’aire de la nationale (36) ou dialogue de l’auto fou

– Je n’ai plus envie de me battre. Je n’ai plus envie de pleurer. Je n’ai plus envie de crier. Je n’ai plus envie de souffrir.
– Comment j’ai envie d’un kebab moi!
– En fait, tu ne m’écoutes jamais.
– Quand tu arrêteras de geindre, de pleurnicher, de stagner, je t’écouterais… Pour l’instant, tu te morfonds dans un truc mort, qui n’existera plus jamais. Elle est partie. Elle est dans les bras d’un autre, avec un autre. Elle ne reviendra pas. C’est fini. Tu y as cru. Pas elle. C’est comme ça. Tu gagnes quoi à espérer que ton téléphone sonne? Qu’elle t’envoie un message? Surtout que de toute façon, ça serait pour, encore une fois, te faire comprendre que tu n’existes plus dans sa vie. Tu es remplacé. Tu étais le maillon faible. Les gens normaux passent à autre chose, oublient, tournent des pages, changent. Oh! je sais bien que tu n’es pas normal, que c’est hallucinant de vouloir partir seulement pour voir un château abandonné, de tout abandonner, encore une fois, pour partir ailleurs, autrement. Alors, quand tu seras décidé à devenir ce que tu dois être, on discutera. Pour l’instant, je suis fatiguée de devoir, en permanence, te mettre des claques parce que tu es le seul à avoir des sentiments. Vire ces conneries de ton cœur, de ton esprit et, à ce moment là, on commencera à parler. Pour l’instant, on cause, on jacte, on cohabite, on discutera quand tu seras décidé à être enfant et à rester enfant. Pour l’instant, tu es un enfant qui veut vivre des trucs d’adulte mais les trucs d’adulte, ça craint et t’es pas fait pour ça. Tu veux du pur, du fort, du passionnel, ça n’est pas pour les adultes, ça. Elle voulait la paix, le calme, la tranquillité et ça, c’est de l’adulte. C’est son choix, c’est comme ça, tu n’es pas ça, tu ne sais pas faire ça et tu ne veux pas faire ça, de toute façon, parce que c’est chiant d’être adulte donc laisse la vivre sa vie paisible et sans folie, sans coups de tête mais sereine et fais ce que tu dois faire. Et là maintenant, ce que tu dois faire, c’est nous amener voir ce putain de château abandonné. Alors, on bouge.

Nous franchîmes la frontière six heures plus tard après avoir déjeuné d’un kebab très moyen.

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