Chaque jour passe comme le précédent. Il se passe des secondes qui ne font que reproduire la seconde précédente. Tout se délite mais rien ne change. Toujours à regretter le passé et à prier pour le futur en refusant d’être là. D’être sur l’instant. Sur le moment qui change le cours de cette seconde qui change le cours de ce jour; qui change nos vies. A force d’attendre, à force de projeter, on crée une réalité qui en devient fantasmée parce qu’elle ne s’inscrit pas dans le moment. Elle s’inscrit dans une rêverie, une sorte de bulle d’irréalité. Ce qui est le réel est le souvenir ou le fantasme. Ce qui devient l’invécu est le moment présent. L’invécu ou cette idée que l’instant n’est que l’instant d’un autre support que le notre. Que notre réel n’est en réalité que la réalité pour ceux qui veulent vraiment croire qu’elle est. A tort apparemment, j’ai vécu des moments qui s’avèrent, au final, ne pas être les miens, comme si j’avais emprunté une enveloppe charnelle pendant le déroulement d’événements que je n’ai pas vécus. J’y étais. J’interagissais. J’étais présent mais, réellement, je n’étais pas là. J’ai parlé, j’ai échangé, j’ai construit. Mais, en réalité, ça n’était pas moi. Je ne sais s’il s’agit de la loi commune et que tout le monde est concerné par ce fait, déjà parce que je ne suis pas tout le monde et ensuite parce que je m’en fous, mais j’ai des images fugaces, des instantanés flous de moments que j’aurais vécus mais dont en réalité je n’ai pas souvenirs. Comme si j’avais assisté à une projection de photos de vacances de quelqu’un qui n’est pas moi et que j’aurais imprimé dans quelques coins ou recoins de mon esprit certaines images. Il y a certains lieux, certaines personnes qui sont indéniablement vivants dans mon parcours et pourtant, je ne conserve d’eux qu’une image jaunie, terne et vieille. Après l’impression de ne pas être de cette époque, le sentiment se précise et devient, en fait, l’impression de ne pas vivre ma vie. Emprisonné dans son corps dans une vie qui n’est pas celle que je voudrais. Etre ailleurs, autrement, à un autre moment parce que ce n’est pas moi, ici, là, maintenant. Il faudrait pouvoir se dire que désormais tout doit avoir sens et tout doit s’inscrire dans un présent conscient et conscientisé. Il faudrait. Encore une journée qui ressemblera furieusement à la précédente et une seconde qui n’est que le brouillon de la suivante.
Se rendre compte que le libre arbitre n’est qu’une illusion est terriblement douloureux.
c’est sûr que ça pique d’autant qu’il s’agit d’une notion qui en fait est collective et dont nous sommes presque tous dépourvus au final
aucune illusion dans le libre arbitre!!! vu le buzz de ce texte, des adeptes à l’intellectualisation?
Parce ce si toi est un autre, l’absence de ton cerveau émotionnel=danger…pour les autres.