Par erreur

 

 

Je n’ai jamais tant désiré la seconde opportunité de te rencontrer à nouveau pour la première fois.
Et au milieu des rues et des impasses, il pleut ton nom sur tous les pavés. Nous ne nous sommes jamais dit les mots, les vrais mots que nous aurions dû nous dire et j’ai longtemps eu la morsure du feu qui me brulait les lèvres alors qu’il pleuvait ton nom et que les larmes à venir annonçait l’inondation qui me noie.


Nous ne nous sommes jamais donnés la moindre chance, peut être à cause de nous, sans doute à cause de moi mais personne n’en parle plus désormais parce que nous ne nous sommes jamais dits les bons mots, jamais eu les bonnes pensées… même par erreur, nous nous sommes toujours trompés l’un l’autre, l’un de l’autre, l’un sans l’autre. Et il pleut ton image sur tous les trottoirs que j’arpente, sur toutes les rues que je traverse, sur tous les mondes que je construis pour mieux les détruire.


Le monde est empli de toutes les beautés des siècles et pourtant, seule ton image se reflète dans l’océan de mon vide. Et malgré ma soif, malgré la sécheresse, ton souvenir ne suffit pas.
Même par erreur, même dans nos silences, nous n’avons pas su nous dire ce qu’il aurait fallu pour sauver le reste du monde. Nous ne nous sommes jamais vraiment rencontrés, nous nous sommes toujours évités et, même pas par erreur, juste parce que ce n’était pas notre histoire. Je n’étais qu’une étape inutile dans ton voyage et d’aventures en aventure, de monde en mondes, je n’ai jamais trouvé la route qui aurait pu me mener à toi. Et c’était ta faute.


Au milieu des foules, des gens sans visages, des rues sans nom, je cherche toujours le vent qui chante à l’oreille les mots que nous ne nous sommes jamais dits, les gestes que nous n’avons jamais échangés, toujours la gorge sèche, la bouche appelant la pluie, les vagues, les rivières de ton nom. Il pleuvrait ton nom que rien n’y changerait, même par erreur, nous n’étions pas destinés, nous n’étions pas prévus.


Le monde est plein de routes sur lesquelles il m’est si facile de me perdre. Le monde est plein d’océans dans lesquels il m’est trop facile de me noyer mais même par ta faute, je ne me suis pas tué. J’attendais que la pluie pleure ton nom.
Et si je me suis si souvent trompé, si j’ai suivi le chemin qu’il ne me fallait pas c’est uniquement ma faute. Mais au milieu des vies des autres, des phrases non dites, ce n’est plus la faute que je cherche, c’est l’oasis que je trouve.


Peut être que de nous, il serait arrivé quelque chose qui aurait apaisé la soif. Peut être que nous aurions pu trouver de quoi animer l’inerte de cette rencontre. Un chemin vers nulle part, avec n’importe qui, pour n’importe quoi, dans une pénombre que la présence absente n’éclaire plus. Une route sans fin qui nous serait dédié alors que nous aurions dû nous éviter dans le silence de la sécheresse de cette rencontre.


Il pleut ton image sur tous les faubourgs pour me mener vers la première rencontre qui ne sera que la seconde puisque maintenant j’ai ce brin de jasmin en bouche pour me redonner vie, pour me montrer que je ne suis pas ce rien que tu as construit, le vide que tu as détruit.


Je me suis noyé dans le tourbillon de ton souvenir alors qu’il n’était même pas un souvenir mais juste une invention. J’ai inventé des sourires, des bonheurs qui n’ont jamais existé et au milieu des rues, perdu dans ma propre confusion, j’ai laissé la pluie couler sur moi et renaitre du vide pour penser enfin à voix haute même si c’est mal, même si c’est ma faute. C’est ma faute.


Il pleut des souvenirs qui n’ont jamais existé. Les fontaines, les caniveaux, les fleuves se vident de la pluie de ton nom parce que d’étape en étape je ne trouve plus que du jasmin. Une fleur dans le désert.


Nous ne sommes jamais dits les mots qui auraient pu tout changer mais le reste du monde offre les montagnes desquelles il fut si facile de tomber. Les champs donnent les jasmins qui, même par erreur, disent les mots que nous n’avons jamais prononcés, que mes yeux hurlaient et que les tiens ignoraient. Et c’est la faute et il pleut ton nom mais ailleurs et ce n’est plus une erreur.

 

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