Ou du droit à l’ostracisme…

En soutien avec les opprimés du monde, j’ai décidé de devenir chrétien. Au moins dans ce cas, j’aurais, moi aussi, la possibilité d’être discriminé. Cela doit faire partie de ma zone de sado masochisme mais je veux, moi aussi, être battu, flagellé, humilié. Pourquoi toujours les autres??? Donc, comme il n’y a plus, aujourd’hui, que les catholiques qui peuvent être critiqués, humiliés ou condamnés, je fais, ici, mon coming out. Je suis pour l’autorité papale sur le monde. Le fait que je ne crois pas en Dieu ne change rien à l’affaire puisque, de toute façon, cela est désormais accessoire dans toutes les religions monothéistes. Croire ou pas, on s’en fout, mais est-ce que tu respectes les règles? Pour le coup, le catholicisme me semblant être la religion la moins contraignante, mais je peux me tromper, je pense que c’est le plus simple. En plus, c’est super facile de le devenir, donc ça me va dans ma feignasse attitude. Un petit coup de flotte sur le crâne, un ou deux Avé Maria et deux ou trois confesses et bim, me vla catho! Dans un passé pas si lointain, il m’aurait fallu être noir, ou arabe, ou femme, ou blonde, ou belge, ou nain, ou joueur de foot, ou alcoolique, ou prof, ou gay, ou n’importe quoi. Aujourd’hui, pour être stigmatisé, il faut être blanc, homme, chômeur, de gauche, diplômé, hétéro, en bonne santé, et catho. Il ne me manquait que la religion pour atteindre, une fois dans ma vie, la perfection. Et soudain, se dire qu’on est parfait, ça change toutes les perspectives! Forcément, en devenant le représentant des minorités opprimées, j’estime qu’il est du devoir de la nation de me prendre en charge. En tant que caucasien masculin sans emploi et socialiste, trop qualifié pour être formé, qui aime les femmes et pas les médecins, et donc dévoué à la cause du Christ, je revendique et j’appelle au secours la nation. Je réclame mon droit à l’assistanat et à l’apitoiement le plus profond me concernant. Parce que ça commence à bien suffire d’être ostracisé, rejeté, repoussé, montré du doigt. On n’est quand même pas là pour être ici non plus! Alors stop! Je mérite mon statut d’opprimé et j’exige réparation.

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