On allait au bord de la mer…

Dans un passé déjà lointain, j’ai eu une autre vie qui m’a permis de rencontrer beaucoup de jeunes gens dont certains ont réussi à devenir intelligents, pertinents et éveillés. Evidemment je n’ai rien à voir dans cet éveil, cette pertinence et cette intelligence mais, au moins, je les aurai rencontrés et cela fait que, déjà, mon parcours aura une saveur.
Le plaisir de retrouver l’une de ces rencontres est, à chaque fois, renouvelé et, malgré ma propension aux bavardages, j’en tire une sorte de bain de jouvence et la conviction qu’il reste encore des gens capables de ne pas tomber dans les pièges grossiers du capitalisme et de l’uniformisation politique.
C’est au travers de ces discussions à bâtons rompus ou pas, who cares, que s’éclairent certains phénomènes, idées, concepts auxquels tu adhères, auxquels tu crois, mais qui restent parfois confus dans l’esprit embrumé et vieillis d’un vieil aigri comme moi.

La prise de conscience de ce que sous entend les termes de vacances et de retraite restent un joli moment de percussion cognitives. Il ne s’agit pas tant des plages de repos offertes par les principes capitalistes qu’il s’agit de critiquer mais, plutôt, la conscience de ce que ces mots entraînent.
Un des phénomènes étranges des vacances, c’est ce besoin de partir, de partir ailleurs quand c’est possible, comme pour fuir une réalité.
En fait, sous l’idée de décompresser, on va chercher ailleurs, ce que la vie quotidienne n’offre pas. 300 jours par an, pour grossir le trait, on vit une vie de merde et pendant le laps de temps que le monde offre comme plage de survie mentale, on va voir ailleurs si l’herbe est plus verte puis, on revient à l’endroit de départ, alors même que cet endroit est considéré comme mauvais, banal, gris, malsain, ou, en tout cas, loin de nos aspirations initiales. Une sorte de masochisme grandeur nature.
Beaucoup, beaucoup trop, vivent une vie qui ne correspond pas aux rêves, aux attentes, aux envies initiales mais trop s’en accommodent parce qu’il le faut bien et moi le premier, je ne suis pas dans une volonté de donneur de leçon mais davantage de constat que je porte sur ma propre existence, finalement.
Les vacances servent, ainsi, à voir ailleurs si c’est mieux et à recharger les batteries vidées par une vie insatisfaisante la plupart du temps.
Et puis la retraite, la mise en retrait, l’obsolescence programmée, la date limite de consommation que beaucoup passent au même endroit, dans les mêmes conditions en attendant les deux mois que les petites pensions offertes pour toute une vie de labeur permettent de s’offrir dans un endroit paradisiaque, un ailleurs qui permettrait d’oublier le ici, le maintenant, le là …
Alors le constat de se dire que ce qui fait que trop survivent et s’accrochent à ce cycle interminable d’une vie délétère ou peu enthousiasmante pour s’octroyer quelques minutes de vie au paradis, une fois l’an, permet de se rapprocher très vite d’un état semi dépressif. Il reste ce que le monde offre et que, pourtant, la remise en cause demeure sourde, faible, limitée presque silencieuse et absente comme si la résignation et l’acceptation étaient la norme, la nomenclature et la marche à suivre.
Ce qui est offert, ce sont de rares moments de satisfaction et de plénitude en échange de quotidiens tristes et fades mais qui sont supportés par l’attrait des rares moments. Et la routourne ne va pas s’arrêter de tourner vite sur son pivot voilé .

con Marc Emeriau por la reflexion

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