Non ho un titolo …

 

Le début se fit de nuit parce que tous les débuts naissent dans la pénombre.

Un mélange de chaleurs moites et de sécheresses humides. Indéfinissable à première vue et à premières vies. La seule autorisation, la seule errance touristique valable, c’est de se perdre. Il n’y a pas d’autres possibilités que l’errance pour vivre enfin ce que ce lieu peut donner. Et il ne donne que du sublime. Il ne sait pas faire le laid. Il ne sait plus. Même le laid, si on le trouve, est doux.

Le ciel envoyait un bleu immaculé et le soleil donnait sa chaleur et sa lumière et tout cela, faisait briller encore davantage les églises et les palais. Pourtant, les pieds nus posés sur la pierre ne ressentaient nulle chaleur, au contraire même, la peau recevait une sorte de soulagement à se poser nue sur la roche tiède. Même le sol est doux.

Le soleil aurait pu être l’ennemi et pourtant, à l’exception de quelques places qui rappellent aux touristes non avertis qu’ici, c’est le sud, il n’y a qu’ombres et courants d’air qui circulent dans le dédale des passages. Parce qu’il n’y a pas de rues. On ne peut appeler cela des rues. Il y a des chemins marbrés ou pierreux. Des voûtes basses et ombragées. Des ponts où l’on ne passe qu’à deux… bien serrés… c’est peut être pour ça que tout cela est considéré comme le temple du romantisme… Parce qu’il y a toujours forcément promiscuité, quant au romantisme, il se cache à chaque coin de mur, il navigue entre chaque île, il circule autour de chaque église, mais au final, il n’est nulle part. Il n’est qu’un souffle à travers la ville et ses quartiers mais il n’est pas présent. Une illusion. Un indicible. Parce que même les ruelles sont des oeuvres d’art et que le soleil n’apporte que ce qu’il faut pour que le sublime rayonne.

Et puis, il y a le silence, le calme, la tranquillité malgré la foule. Trop de monde et pourtant, il n’y a personne. Tu peux te perdre sans croiser personne et te cacher dans une porte d’immeuble, dans une ruelle, dans une alcôve et t’envoyer en l’air parce que l’air est doux et le calme transpire dans tous les canaux. Ce n’est pas de l’eau. Ce ne sont pas des bras de mer ou des embouchures de rivières et de fleuves, c’est la sérénité. Rien ne peut te perturber et t’empêcher d’être parce que c’est là. C’est l’endroit. Car les fleuves sont des tempêtes tranquilles.

Au milieu de nulle part, dans une contrée improbable, marécages, moustiques, pigeons et paquebots, parait-il… et pourtant non… rien de tout cela. Juste l’impression d’être là où on doit être et comme on doit l’être. Parce que c’est ça. Se détacher de l’heure, de la chaleur, de l’humidité, du silence ou du bruit, simplement parce qu’il faut profiter de cet ici qui ne peut être ailleurs.

Et au milieu….

Des ponts qui débouchent sur des places qui accueillent des églises toutes plus mystérieuses, improbables, belles, anarchiques au milieu d’un flot de lumières même sous la pluie et derrière, un autre pont… et le long, des palais parce que les bâtiments s’appellent palais et qu’ils te rappellent à chaque pas qu’ici tu n’es pas ailleurs, tu n’es pas n’importe où. Tu es sur une forêt renversée. Tu marches sur les cimes des arbres qui n’ont jamais été là entre les branches et les feuilles. Tu marches sur la boue, tu t’enfonces sur la vase et pourtant tu flottes au sommet des arbres pour voir les montagnes au loin qui te contemplent, paisibles. Parce que la forêt est sucrée.

Chaque pas s’accompagne d’une musique et d’un chant divin. Chaque regard s’accroche à un chef d’oeuvre inconnu parce que déjà oublié. Chaque toucher s’imprime dans la peau à cause de la douceur des pierres, du charme des vents, des appels de l’écorce des arbres. Chaque fruit dépose le sucre du soleil au fond de la bouche comme un nectar de vie, une potion magique alors que ce n’est que de l’eau. Chaque odeur ressemble désormais à la quiétude du lieu et se mêle au reste du décorum. Tout est harmonie parce que tout est silence au milieu du vacarme de la vie et des attenzione qui résonnent au passage des vrais gens. Parce que tout est rêverie, et tout recommence.

 

2 réflexions au sujet de « Non ho un titolo … »

  1. Si je n avais pas un homme dans ma vie, je chercherais à séduire l auteur de ce texte.
    Si Venise n était pas déjà le paradis que j ai foulé, pieds nus, avec mon amour, j y courrais avec ma robe la plus légère pour séduire l auteur de ce texte.
    Si je n étais pas sûre d avoir vécu tout ce que ce texte sussure à mon oreille, je me demanderais comment on peut lire dans mes rêves.

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