Mes doigts jouent encore quelques notes de ce Nuvole Bianche.
Mais je suis déjà partie. Là, dans cet endroit où je ne suis jamais allée, jamais, et dont pourtant je connais les recoins les plus secrets, les plus sombres et les plus dorés. Il n’y a pas de nuage, et pourtant je flotte. Je sens moi aussi ce parfum humide et entêtant, je ressens cette douceur des ruelles, je plonge entière dans ces rayons joueurs du soleil, et je marche, je cherche, toujours. À chaque croisement, à chaque détour je crois l’entendre respirer, j’entends ses pas. Je pense l’attraper mais il m’échappe, il doit courir sûrement… Les pavés chauds sont comme de la mousse, ils enveloppent mes pieds, et je caresse les vieilles pierres des maisons comme on caresse ces troncs des vieux arbres des forêts renversées. Ceux que l’on touche irrésistiblement pour se sentir vivre, pour se sentir là. Et je sais qu’il est là. Il y est venu et n’est jamais vraiment reparti, je le cherche.
Errant dans le dédale de ces chemins perdus, j’arrive au bout de ma portée, mes doigts jouent lentement les dernières notes cherchant à rester encore un peu plus… Comme un dernier soupir ici, sans l’avoir trouvé.
Mais je reviendrai.