Deux événements dont l’un peut paraître insignifiant, amènent, aujourd’hui, une pensée sur un conflit qui semble ancestral. Une rivalité qui ne saurait être uniquement géographique et qui, en fait, démontre que les inégalités construisent des comportements, des ressentiments parfois incompréhensibles pour le quidam extérieur. ce soir, le PSG, le club de la capitale, se déplace à Marseille, la ville du sud, la rebelle au pouvoir jacobin, le poil à gratter parisien. Cette rencontre est désormais beaucoup plus pacifique qu’auparavant mais la création toute artificielle de cet événement dans les années 90, Tapie contre Canal +, exprime autre chose, selon moi. Cette défiance vis à vis de l’autorité centralisée que l’on retrouve dans la plupart des pays où la « province » s’oppose à la capitale. Quelque part, ce soir, si Paris l’emporte, ce ne sera que la norme alors que si Marseille l’emporte ce sera un peu la province qui tient tête au pouvoir. Evidemment, il s’agit d’une image mais elle est d’autant plus réaliste qu’elle se reflète également dans les événements récents de Catalogne. Ici, on a bien une rébellion spirituelle de Barcelone contre Madrid. Un pouvoir royal, centralisé et une opposition provinciale magnifiée à travers les deux clubs de foot légendaires espagnols. Le foot, le hand avec les pieds, se fait le reflet d’une situation politique. Il est le jeu du cirque qui permet l’évacuation de toutes les frustrations et forcément de la frustration identitaire. Barcelone sera toujours l’ennemi de Madrid et la Catalogne s’opposera toujours d’une manière ou d’une autre au pouvoir central. C’est la même situation en France, toute proportion gardée bien évidemment et c’est heureux.
Les jonctions entre foot et politique se renforcent un peu davantage chaque jour. Au Libéria, George Weah est donc le nouveau président du pays et son ancien coéquipier au Milan AC, Kaladze vient d’être élu maire de Tbilissi en Géorgie, la capitale. L’Italie qui, aujourd’hui, est confrontée à un vote beaucoup plus important qu’il n’y parait. La Lombardie et la Vénétie sont appelées aux urnes afin de se déterminer sur une plus grande autonomie. Cette fois, ces référendums sont légaux et nous n’aurons pas les problématiques de la Catalogne. Il faut, pour que ce vote soit pris en compte, pour la Vénétie, que le quorum de 50% soit atteint. Il l’est dès maintenant. Encore une fois, ce vote n’est pas anodin. Ces deux régions représentent 30% du PIB de l’Italie unifiée et environ 20 millions d’habitants. C’est la poursuite du démantèlement des états nations tels que nous les connaissons depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale (si l’on excepte les séparations et l’éclatement des pays de l’Est, à la chute du mur de Berlin). Il y a différents éléments qui entrent en conflit. L’auto détermination des peuples est une chose qui doit plutôt être vue de manière favorable. Chacun peut se sentir appartenant à telle ou telle entité. Et il est légitime et positif de pouvoir le revendiquer. Mais c’est aussi, pour certains, l’ouverture de la boîte de Pandore à l’Europe fédérale et à la fin des états nations. La fin des identités nationales au profit des identités régionales. Une multitude de régions encore plus faibles que les nations et donc encore plus faciles à diriger depuis Bruxelles. Peut être. Toutefois, l’argument de la non légalité du référendum catalan sonne comme une mauvaise blague. Demander aux espagnols s’ils sont d’accord pour que la région la plus riche d’Espagne, la plus opposée à Madrid, quitte l’autorité de Madrid, c’est comme demander aux arabes s’ils sont d’accord pour que la Kabylie devienne indépendante en Algérie. C’est moi ou bien? On va demander aux Martiniquais de voter pour la détermination de la Bretagne ou de la Corse et vice et versa, sous prétexte que c’est la France. Quelque part, ça me pose problème mais, ça doit être moi puisque pour certains, la plupart, c’est la norme, c’est la continuité et l’unité de l’état. Votre indépendance n’est valable et n’existe que si l’intégralité des personnes en contact avec vous sont d’accord pour autoriser cette indépendance. L’indépendance ou l’autonomie c’est le moment où ceux dont vous dépendez décident que vous avez le droit d’être adulte. L’autonomie c’est le permis de conduire des peuples. Il faut être majeur et c’est une tierce personne qui décide de votre majorité.
« Des inégalités construisent des comportements, des ressentiments » oui c’est clair. Liberté des peuples à disposer d’eux-mêmes : oui belle idée dans l’absolu, mais il faut alors se demander qu’est-ce qui fait un peuple ? Disposer de soi-même c’est quoi ? Un peuple n’est jamais totalement indépendant, les peuples, comme les êtres humains, sont plutôt interdépendants (exception faite peut-être de tribus isolées d’Amazonie… mais leurs membres, eux, sont tout ce qu’il y a de plus interdépendants…). Dès lors la question de l’indépendance et de l’autonomie se complique, car elle mêle finalement des enjeux variés (identitaires, culturels : ceux-ci sont très loubables à mon sens, mais egalement politiques et économiques et là ça se complique… et on en revient aux questions de solidarité… Encore que les questions culturelles et politiques soient aussi liées…). Bref je n’ai pas d’opinion arrêtée sur la question mais elle me semble bien plus complexe qu’il n’y paraît car, qu’on la déplore ou non on n’efface pas l’Histoire et il faut bien faire avec pour construire l’avenir. Défendre son identité, sa culture ok, mais le faire aux dépends des autres ? Tout s’entremele… La Catalogne qui quitte l’Espagne c’est un drame pour l’Espagne. La Martinique qui quitte la France, c’est probablement un drame pour la Martinique (d’un point de vue strictement économique bien sûr…). Ou alors il faut inventer de nouveaux modèles de solidarité inter-peuples. Mais je crois que c’est pas demain la veille…
et si cela était positif pour la catalogne? parce que en l’occurrence l’Espagne, on s’en fout un peu…. enfin moi je dis ça…