Le connard est-il soluble dans l’amour ? (texte invité)

Fidèle à la ligne de ce blog je vous propose ici le texte d’une complice de plumes et cela sans censure de ma part. Il s’agit de faire entendre tous les points de vue et il est possible que je m’arrête à un moment pour y répondre me sentant moi même très souvent sur la ligne de la connard attitude – Smig

 

Bon, parlons un peu d’amour dans ce blog de brutes ! Qui ne l’a pas connu ? Ce mec dont tu t’entiches passionnément et dont tu aimerais être aimé.e de même en retour mais qui se montre rétif à toutes tes velléités amoureuses. Il se fait que, hasard ou coïncidence, j’ai eu l’heur d’en connaître –fréquenter, comme aurait dit pudiquement ma grand-mère…- quelques-uns au cours de ma courte vie (oui, j’insiste, courte !). Pas plus tard que ce matin, je discutais avec un ami virtuel, dont je tairai ici le pseudo. Nous nous entretenions donc à propos des choses de l’amour, quand celui-ci me dit qu’il n’y croyait point. A l’amour. Oui, vous avez bien lu ! Il se targua même carrément de ne pas aimer les gens, donc de n’aimer personne en somme (pas même lui-même ? Pas même moi ???). J’en restai tout ébaubie et l’exprimai avec le smiley qui convient. Est-il possible, donc, de ne point aimer les gens ? Je veux dire par là aucun gens, même pris dans leur individualité, quand on les disperse et qu’ils deviennent plusieurs autres éparpillés, chacun de son côté. Ne sont-ils alors point appréciables ? Qu’est-ce qui peut pousser un humain à une telle extrémité, ne pas aimer son prochain (ni même son précédent) ? Mon ami a-t-il vraiment perdu le cœur ? (et en a-t-il jamais été pourvu ?) Finalement, est-ce bien un humain ? Ne serait-ce pas un robot ou un extra-terrestre non pourvu de cette capacité qui lie tous les humains et permet de faire perdurer l’espèce, à savoir celle d’aimer ?

A cet instant précis, je dois avouer que la discussion prit un tour pour le moins flippant. Je tentai de garder mon sang froid pour mieux comprendre et analyser cette chose un peu particulière, mais qui ne m’était néanmoins pas totalement étrangère… Cette affaire me chiffonna. A tel point que je n’en dormis pas de la sieste (et il en faut pour que je la saute, la sieste. Me faire sauter pendant la sieste étant encore une autre affaire…). Ainsi, il fallait bien que je me rende à l’évidence : cette discussion, somme toute anodine, avait réveillé en moi une interrogation métaphysique dont je veux ici vous faire part. (Je remercie au passage le propriétaire de ce blog, qui m’accorde l’hospitalité dont je tenterai de ne pas trop abuser).

Alors allons-y, parlons connards ! Car, n’ayons pas peur des mots, c’est bien de cela dont il s’agit. Moi qui avais toujours eu foi (espoir ?) en l’amour (autant qu’en la haine d’ailleurs, les deux étant, on le sait, étroitement liés), je (re)découvrais (mon inconscient avait tout fait pour l’oublier) que sur cette Terre il est des êtres qui ne savent ni aimer, ni être aimés. Et que, pour autant, ils peuvent se fondre dans la masse des humains ordinaires en offrant une façade tout à fait sympathique. Au premier abord du moins. Ce qui les rend d’autant plus dangereux. Je ne pouvais m’y résoudre. Il existait forcément une solution pour sauver l’âme des connards. Mais quoi ? Une tasse de thé Sencha et quelques baies de goji bio plus tard, les termes de la question s’imposaient désormais à moi avec netteté : le connard est-il soluble dans l’amour ? Et s’il ne l’est pas, quelles perspectives, pour lui, pour les autres ?

Avant d’aller plus loin, arrêtons-nous un instant si vous le voulez bien (et même si vous ne voulez pas d’ailleurs, c’est moi qui décide, c’est mon article !) pour définir ensemble les termes de la question. D’abord, la solubilité. Une question qui relève purement de la chimie. Voyons ce que Larousse nous en dit (la blonde n’était pas dispo et Robert était à l’apéro) : SOLUBLE ; adj. Du latin solubilis. 1) Est soluble ce qui peut être dissous dans un solvant donné. Ce qui, pour notre sujet, revient à se poser la question suivante : l’amour, comme le dissolvant, a-t-il le pouvoir de faire craquer le vernis ? – celui du connard – et de laisser éclater au grand jour son être de lumière intrinsèque – celui du connard toujours ? Ce qui suppose une vision humaniste : le connard ne serait qu’apparence et cacherait en fait bien profond à l’intérieur de lui-même, un joyau soigneusement protégé de l’hostilité du monde extérieur… Hypothèse à laquelle, je dois l’avouer, je serai plutôt encline à souscrire. Alors pourquoi pas. 2) Que l’on peut dissoudre dans un liquide pour le consommer instantanément => Tel le café, le connard pourrait-il se laisser dissoudre dans un océan d’amour et laisser goûter sa tendre amertume, pourquoi pas accompagnée d’une pointe de lait voire, soyons fous, pour les non diabétiques, d’un petit morceau de sucre et d’un carré de chocolat noir corsé 90% de cacao issu du commerce équitable, pour révéler sa saveur ? Là encore pourquoi pas… (moi perso je suis plutôt thé vert – voir ci-dessus – mais bon pourquoi pas, je ne suis pas contrariante…) 3) Qui peut être résolu => le connard peut-il, in fine, être résolu à aimer (j’admets la malhonnêteté de la formulation mais c’était pour les besoins de l’article…) ? J’émets plus de réserves vis-à-vis de cette dernière proposition, mais il paraît que rien n’est impossible. Or, si rien n’est impossible, c’est déjà quelque chose. Alors finalement, pourquoi pas…

Ensuite, est-il vraiment nécessaire de revenir sur le terme d’amour ? Bon, ok. Selon wikipedia (on a les références qu’on veut ! ou qu’on peut, dirait mon ami…), « l’amour désigne un sentiment d’affection et d’attachement envers un être vivant ou une chose qui pousse ceux qui le ressentent à rechercher une proximité physique, spirituelle ou même imaginaire avec l’objet de cet amour et à adopter un comportement particulier. (…) L’amour sous ses diverses formes agit comme un facteur majeur dans les relations sociales et occupe une place centrale dans la psychologie humaine. » Un trait majeur de l’humanité, donc (c’est moi qui rajoute ce commentaire). Mettons-nous, maintenant, d’accord sur ce qu’on désigne dans cet article par le terme de connard. Il n’est pas ici question du petit connard de bas étage qui, se pensant seul au monde, se croit autorisé à tout un tas de choses que le commun des mortels ne se permettrait pas. Non, bien qu’il puisse exister un lien ténu entre les deux spécimen, le connard qui nous interroge ici est tout autre (et peut-être plus sournois…). D’après-moi-même donc – car on n’est jamais mieux servi que par soi-même – le connard est celui qui n’éprouve aucun attachement pour l’Autre, ni même aucun autre sentiment d’ailleurs, en somme aucune espèce d’intérêt pour ses pairs (en revanche pour ses paires, celles entre les jambes…). C’est bien simple, l’autre l’indiffère. Il est à différencier du misanthrope qui, lui, éprouve un agacement, voire même une répulsion pour l’Autre (ce qui pourrait s’apparenter de loin à de l’amour et le rend donc plus proche du commun des mortels). Donc, le connard s’en tape. De vous, de moi, de tous. Et par extension, il ne voit aucun problème à se servir de vous pour assouvir ses désirs et fantasmes, mais bien sûr avec votre consentement (éclairé ou non, ça c’est une autre affaire car, il faut bien le reconnaître, tout le monde n’est pas équipé de la lumière à tous les étages… Et en matière d’électricité le connard ne fait pas de différence).

Ceci étant posé, examinons la question et tentons, dans un premier temps, d’en apprendre un peu plus sur la construction psychique du connard au travers de ses divers traumatismes juvéniles et/ou amoureux, professionnels, amicaux, bref sociaux (dans le lien à autrui quoi, et non dans le lien aux truies. Encore que les cochonnes, ce soit son rayon…). Autrement dit : What the fuck is happening in his fucking head (and heart) ???!!!! Parlons clairement et promptement : m’est avis (à mort ?) que le connard est un écorché vif. Un être qui soit manqua d’amour, soit subit une faille narcissique majeure. Pas la peine de disserter plus avant sur la question. Il tente donc de se protéger en échappant à ce qu’il croit être la cause de tous ses maux, à savoir l’Autre, et en particulier l’attachement à ce même autre. C’est triste mais c’est comme ça.

A la lecture de ce qui précède, il apparaît ainsi clairement, au premier abord, que connard et amour sont nécessairement opposés. Puisque celui-ci, pour les raisons sus-mentionnées, refuse l’essence même de celui-là. Mais pour autant, faut-il considérer – l’amour étant une des caractéristiques de l’humanité – que le connard est désespérément perdu pour la cause des Hommes (des femmes ?), ou quelque chose pourrait-il le sauver des sombres ténèbres du narcissisme et de l’égoïsme ? Ce quelque chose pourrait-il justement consister en l’amour lui-même, comme remède au mal ? Un peu à la manière de l’homéopathie. Il suffirait donc, malgré lui, de rendre au connard cet amour qui lui a tant fait défaut. Et l’équilibre serait ainsi rétabli. Simple. Mais utopique. Car le problème, voyez-vous, c’est que le connard refuse précisément toute sorte d’amour.

Comment dès lors lui en inoculer à son corps défendant ? Les principes éthiques les plus basiques rendent cette opération inenvisageable. Il faudrait donc se résoudre à ce que le connard, en l’absence de tout consentement de sa part à faire évoluer son état, soit condamné à en rester un ? Ce qui par ailleurs, il faut le préciser, ne lui pose aucun problème. A lui. Car en fait, reconnaissons-le, c’est finalement à nous que cela pose problème. Selon la loi mathématique qui veut qu’à tout problème il y ait une solution, venons-en donc à la conclusion. Si le connard s’avère désespérément hostile à l’amour, il reste que le chagrin, le nôtre, sera toujours soluble dans l’alcool, lui. Quant au connard, comme aurait dit feu mon amie J.S – paix à son âme – comme tout amas de tissu organique qu’il est, il reste soluble dans l’acide… Oui, J.S. était une femme pour le moins radicale. Il va de soi que, pour ma part, et pour des raisons qu’il me semble superflu de développer ici, je vous conseille plutôt la première manière… Tchin ! En guise de postgraphe à cet article, je me permettrai de citer ce chantre de l’amour qu’est Lamartine : « Rien n’est vrai, rien n’est faux ; tout est songe et mensonge, illusion du cœur qu’un vain espoir prolonge. Nos seules vérités, hommes(.femmes), sont nos douleurs. » Et la Martine d’ajouter : « Il pleut jamais en Bretagne oh ! ». Songe et mensonge. Là réside la question en effet… Pour O.G. (Toujours à la recherche du point perdu). Remerciements dévoués à Smig, le propriétaire de ce blog qui, en m’ouvrant ses pages, contribue à faire mieux comprendre ce fléau que sont les connards et peut-être à aider le monde à porter, malgré tout, sur eux un regard empreint de bienveillance et d’empathie. En leur nom, grâce lui soit 1000 fois rendue.

par KM

9 réflexions au sujet de « Le connard est-il soluble dans l’amour ? (texte invité) »

  1. L’auteur de ce billet ayant interpelé mon homonyme, je m’en voudrais de ne pas lui répondre en son nom et de ne pas lui faire part de mes propres observations sur le Connard, auquel je condescends, pour la bonne cause, et pour une fois, à mettre une majuscule.
    « En Bretagne, il ne pleut pas. » est une phrase tronquée, la version complète est : « en Bretagne, il ne pleut que sur les cons! ». Vous conviendrez avec moi, ma chère, qu’il était difficile de trouver transition plus aisée. Parlons donc Connard avec un GROS C. Pas le petit connard de bord de plage qui joue à dragouiller la nénette et s’amuse à la jeter devant ses potes assemblés à la terrasse des cafés, manifestant par là un machisme de bas étage, peu original, pas non plus le connard engorgé jusqu’à la luette dans des éjaculations frustrées depuis des lustres. Non, parlons donc de ce Connard-là qui vous guette et vous chasse et vous possède et vous suce jusqu’à la moëlle, s’appropriant votre être, se nourrissant de votre substance, vous volant vos mots, votre culture, vos amis, vos repères géographiques, votre énergie, vos forces, votre estime de vous, votre image. Ce Connard là est une statue creuse qui ne recule devant aucun rapt pour mieux vous posséder, pour mieux se remplir. Dès le moment où il vous emprisonne dans ses filets, charmants souvent, dans ses mensonges, dans ces désirs, dans ses exigences, vous êtes en sursis. Ce Connard là n’est pas soluble dans l’amour, c’est vous qui êtes soluble dans le Connard. C’est un vampire et seul votre essence l’intéresse. Car il en est cruellement dépourvu. Ce pauvre Connard là ne survit qu’à condition de se nourrir d’autres êtres. Il n’a pas de sexe, pas d’âme, il n’est qu’un vide.
    Personnellement, je suis plutôt café noir sans sucre, merci… Ou alors, vin blanc d’Alsace, pas trop frais.

  2. Il n y a pas que des connards il y a aussi des connasses.
    Il n y a pas que des connards il y a des amoureuses de la connerie.
    Il est des relations qui ne méritent même pas la colère, juste l oubli.
    Il est des relations dont on s étonne de les avoir vécues tant elles sont insignifiantes.

  3. Malheureusement je ne suis pas sûre qu’on puisse maîtriser le colère et l’oubli. Et dans le processus de deuil d’une relation l’oubli fait souvent suite à la colère et la tristesse. Et parfois même il ne vient jamais… On n’oublie pas forcément mais on finit par s’apaiser et par renoncer à vouloir comprendre pour simplement accepter, parfois même sans rancoeur. Et passer à autre chose. C’est ce que je retire de mon expérience en tout cas.

  4. Évidemment oui ça n est pas simple ….
    Tout à fait d accord avec l idée qu essayer de comprendre est parfois …. insoluble ….
    Comprendre la bêtise de l autre et son propre aveuglement. ….
    (J en connais un qui va opiner du chef en lisant)

  5. Oublier quand on est DANS la relation, c’est un peu prématuré, je pense. Alors parlons des connasses puisque j’en fus une, il fut un temps lointain désormais. Et c’est ce recul qui fait la différence, désolée.La Connasse se caractérise par un ego défaillant, ce que l’on appelle une faille narcissique. Elle est donc, au départ, plutôt flattée et même reconnaissante au Connard beau ou intelligent, ou parfois, cerise sur le gâteau, les deux à la fois; elle est rapidement prête à tout, elle se prête à tout. De peur que Dieu ou son substitut fait homme ne la plaque là, elle en mourrait. La Connasse n’écoute rien ni personne, elle est dans son monde, dans sa bulle; Dieu l’a distinguée. La Connasse va devancer les désirs du Connard jusqu’au moment où vidée, et ça arrivera, soyez en certaine, la substantifique moelle ne suffira plus à remplir le Connard. Alors, parce que la Connasse est aussi la preuve vivante de l’échec de l’erzatz amoureux, de l’apparence de la normalité, le Connard la mettra à mort subrepticement mais impitoyablement.
    Le Connard ne reconnait aucun sacrifice; ils lui sont dus. Il les attend avant même de les avoir demandés, ordonnés.
    Il ne voit plus aucune utilité à conserver une chose aussi peu nourrissante. Plus du tout nourrissante. Et désormais inutile à son ego.
    La Connasse passagère n’est qu’un coque vide et vidée de son ressort vital, il peut même pour s’en débarrasser plus rapidement, la refiler à un pote, la faire interner, l’amener au suicide. La Connasse a joué son rôle. Elle est exsangue. Qu’elle crève.

    Je reprendrais bien un peu de café, ça m’a un peu fatiguée ces égarements romantiques là…

    1. Pas forcément en fait, j’ai eu le temps d’en sortir et d’en faire mon deuil; c’est long mais, aujourd’hui, je suis heureuse d’être en vie.
      On fêtera ça un de ces quatre, tous ensemble.

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