Tout va trop vite et tourne plus vite encore que l’imaginaire, le plus atteint par les délires complotistes ou simplement machiavéliques d’une élite dirigeante (qui n’a d’élite que le nom et le fait qu’elle se désigne elle même comme telle), ne saurait concevoir ou même aurait l’envie cruelle et quasi sanguinaire de créer de telles méandres infructueux et insanes.
Hier encore, il fallait savoir se montrer intransigeant face aux atermoiements anglais qui n’existent qu’à travers l’intenable position du mois de May qui est le plus meurtrier.
Hier encore, l’union européenne devait, par la voix de son bouffon qui se voulait prince, qui n’était que président mais qui habite seul avec maman, montrer qu’elle demeurait inflexible et que le vote devait être respecté et qu’il fallait bouter les anglais hors des principes pacifiques de Bruxelles.
Parce que l’UE, c’est la paix et démerdez vous avec ça…
Tout cela est tellement la paix que donc, aujourd’hui, un délai fut accordé à la perfide albion en illustration de cette intransigeance et de cette fermeté que Rocco nous envient.
Il fallait être dur, il fallait être ferme. Jupiteux le répétait avec une voix sourde et un visage sombre et fermé, lui aussi. L’Angleterre allait enfin comprendre qu’on ne joue pas impunément avec la démocratie. Ils ont voté et ils insistent? Alors ils vont payer.. et cher… et plus encore…
Bon, finalement, il n’y a de fermeté que la mollesse et la lâcheté de l’enfant qui voulait être roi.
Encore une fois, devant un pays souverain, devant un peuple qui revendique ce qu’il est et ce qu’il fait, il se couche comme il le fait depuis ses 15 ans dès que la voix s’élève.
Celui qui crie le plus fort à raison même si cela n’a pas de sens et sauf s’il est français et ne s’appelle pas Brigitte.
Tout le monde aura raison sauf le peuple qu’il est sensé et censé représenter. Il n’y a de sens que celui du gilet qu’arbore certains, s’il est jaune, il ne pèsera pas autant que s’il est en velours côtelé du plus triste effet suranné.
Ainsi, ressortie des oubliettes de l’histoire que nous voudrions déjà oublier, le semblant de cohérence politique de cette masse informe et divergente que constitue le corps atone des marcheurs du Nord (ça recommence la semaine prochaine, comme quoi dieu existe), se décrit à travers la saillie de sieur Émilien, (saillie qui est loin de rappeler la qualité de celles de Rocco qui, elles, restent dans la mémoire de tous).
Il faut être horizontal mais aussi vertical dans un cercle qui serait vertueux, si on rentre dedans.
Une fois cette politique de l’absurde mise en place, tout devient limpide, lumineux, éclairant et, dès lors, marcher en sifflotant comme les sept nains dans la forêt, devient plus léger, plus facile, plus simple.
Lorsque réfléchir est un fardeau, la marche permet d’alléger le bagage, qui n’est pas intellectuel.
Cette politique est vide, irréfléchie, sans convictions et ne cherche pas à convaincre puisqu’il n’y a rien.
Le « en même temps » se décline dans la moindre image. Tout ce monde ne tourne, en réalité, qu’entre le moment présent et le moment juste avant, (le juste après étant de toute façon proscrit des réalités depuis longtemps puisqu’il est fort probable qu’il n’existe pas forcément).
Certes, certes, certes… De la même façon qu’il était normal de ne pas se soucier de l’Aquarius en disant que l’Italie est immonde, il est normal de s’attendrir sur les images d’un SDF, sorti de force de l’ambassade d’Equateur parce que ce raté n’a fait que donner à voir une vérité, en réclamant, par ailleurs, que les lanceurs d’alerte soient respectés, bien traités et protégés. Il est plus simple de donner l’asile à Battisti en criant à la liberté d’expression que de l’offrir au barbu équatorien, qu’il vaut mieux laisser crever parce qu’il a eu le tort de dévoiler la vérité. Le con! Les affaires qui lui sont imputées sont peut être véridiques, un procès équitable serait le bienvenu, mais elles n’entrent pas en compte en l’occurrence.
De toute façon, il sera toujours plus noble de s’offusquer du traitement infligé à Carlos, le japonais évadé fiscal aux Pays Bas, qui réclame la justice française (ce qui quand même en dit beaucoup sur notre système de clémence vis à vis de la fraude fiscal) plutôt que de se soucier de ceux qui se penchent sur les dysfonctionnements d’une société malade.
L’issue du combat ne faisait guère de doutes, évidemment, mais c’est dans la constitution de la fils de puterie que se trouve tout le génie de cette politique mondiale uniforme qui vise à protéger ses propres intérêts au détriment de ce que l’humain pourrait ressentir ou même vouloir. On réussit même à trouver des individus qui s’offusquent qu’un référendum puisse être envisagé sur la question de la privatisation d’ADP. (On ne parle même plus d’Engie et de la FDJ…).
Finalement, tout cela n’a que peu d’importance. Encore une fois, tout ce qui aura été fait cette fois, sera détruit par le prochain pour faire pire encore et l’on oubliera qu’on se bat, cette fois, pour défendre quelque chose qu’on trouvait inique précédemment.
Bientôt on se battra pour préserver la retraite à 62 ans alors qu’il y a 20 ans, l’idée même d’une retraite à 62 ans était considérée comme insultante.
Les temps changent, ils évoluent et l’on oublie qu’à chaque fois, on ajoute un cran dans la ceinture de l’austérité. Il n’existe pas de limites à cette ceinture. La destruction d’un modèle, d’une civilisation, d’une culture, d’une philosophie, d’une langue, d’un peuple n’est en rien suffisante. Il y a toujours à détruire, à réduire. Telles ces mannequins anorexiques qui se forcent encore à maigrir, il y a encore trop de gras dans notre maigreur collective.
Alors, il nous restera à souhaiter un bon voyage à elle, un bon anniversaire à lui, dans cette illusion qu’il nous reste de croire que chacun décide de ce qu’il vit et de ce qu’il fait.
Libre encore de penser que notre voix résonne quelque part dans les soubresauts de la résistance. Libre de penser que le monde ne tournera pas en une UE mondiale et que le dormeur va se réveiller mais le dormeur marche. Et un dormeur qui marche va toujours plus loin qu’un résistant qui crève dans une ambassade avec une ceinture bien trop serrée.
Il y aura des champs d’honneur et beaucoup seront oubliés dans ces mornes plaines, il y aura des lendemains qui déchantent et la chorale unie sera en marche vers un monde plus triste encore.