Etant sans doute trop impliqué personnellement je vois quotidiennement fleurir de nouvelles attaques concernant Etienne Chouard. Je ne chercherais pas ici à le défendre parce que je n’aurais pas cette prétention. Il est accusé d’avoir discuté avec Soral et d’avoir relayé certains articles ou propos de cette personne. Il s’en est expliqué, s’en est excusé, s’en est détaché très largement pour se concentrer sur son cheval de bataille. (Toujours mieux d’être concentré quand on est sur le cheval ou en parapente).
Il faut donc trouver des éléments à charge pour démonter le personnage puisque le propos est, lui, difficilement attaquable. De manière sans doute maladroite, il prône pour la mise en place d’une démocratie. Cette idée provoque chez beaucoup une peur panique. Le fait que les électeurs puissent enfin se prononcer sur la destinée du pays apparaît comme le pire démon de ceux qui revendiquent la démocratie. Cette idée est devenue par truchement syntaxique, le fait de donner à des personnes le pouvoir de décider pour tous, de ce que chacun va vivre et subir, sans qu’il soit possible de remettre en cause quoi que ce soit. Et tout va bien. Ainsi, les Bergé, Griveaux, Schiappa, O’Petit, Son-Forget, Ferrand, De Rugy décident pour nous de ce que nous allons vivre. Comme ils ont, en plus, obtenu la majorité des 40% de votants du pays, c’est open bar. A partir de ce constat est ce qu’on peut encore considérer efficace et même efficient ce système?
Bien sûr, ils furent élus mais une minorité seulement vota pour eux. Bien sûr, ils sont légitimes dans un système contrefait mais à quel moment est ce que cela est apparu normal, légitime, cohérent que plus personne ne puisse dire quoique ce soit jusqu’à la fin du mandat?
Il semble aussi qu’il soit normal et cohérent de trouver sur les bancs de l’assemblée des personnes déjà condamnées et plusieurs fois pour qu’elles décident du budget et des lois. Il est normal que des repris de justesse décident des lois que nous allons devoir adopter. Il n’y a que dans le monde parallèle des licornes et des bisounours qu’on peut encore croire que ces individus vont voter des lois qui pourraient les desservir et être au profit de la cause commune. Bien sûr, cela n’est pas propre à ce gouvernement, c’est le système qui est ainsi depuis bientôt 60 ans et sans doute même avant. Demander à des personnes engluées dans des intérêts personnels de défendre l’intérêt général, ce qu’on appelle une antiphrase.
Etienne Chouard dans toute sa maladresse d’homme qui n’est ni un politicien ni un homme formé aux médias, y va de sa candeur pour défendre ce qu’il croit juste, à savoir que le peuple doit se saisir de son propre destin et donc construire sa propre constitution qui est le point de départ de la démocratie.
Aujourd’hui, il est mis en position de défenseur numéro 1 du RIC, pourquoi pas… mais comme il aime lui même à le rappeler, ça n’est pas l’essentiel de son combat et c’est même davantage le combat d’Yvan Bachaud ou de Pat Au Logis . Toutefois, pour lui, le RIC est une bulle démocratique dans un système qui ne l’est pas. De fait, il est taxé de facho et de membre de l’extrême droite. Peut être l’est-il après tout. Ce que le cœur d’un homme recèle n’est connu que de lui-même. Néanmoins, s’il est d’extrême droite comme les partisans du statu quo institutionnel le crient partout, ces idées sur la démocratie sont -elles pour autant périmées, fausses, mensongères? Ce qui est intéressant, malgré tout, ce sont les idées et d’où qu’elles viennent. Oui je sais, c’est difficile à admettre et on va encore me rétorquer comme ce fut le cas il y a deux jours que, comme je suis un maghrébin qui profite allègrement des pensions et aides, il est normal que je soutienne un facho notoire. Tout cela est véridique et je cherche encore le lien de causalité entre les deux faits mais apparemment, pour ces apparatchiks d’un parti décédé, il y a une logique. Un antisémite critiqué par des racistes, c’est croquignolet.
D’autre part, il est surprenant de reprocher à un homme des accointances à un système politique dès lors que toute l’oeuvre, la vie et le travail du dit sieur consiste justement à ne plus avoir de système politique. En gros, le gars il dit qu’il ne veut plus de représentant et on lui reproche de trouver tel ou tel parti intéressant. Il veut sortir de l’UE mais comme il n’a pas voté Asselineau, il est méchant, comme si le fait qu’il dise de vote untel ou untel aurait changé quoique ce soit à l’issue du vote national, il a voté JLM et quand on voit comment certaines furies deux soumises le considèrent aujourd’hui, il y a de quoi regretter son vote. Donc si Etienne Chouard est d’extrême droite, grand bien lui fasse, et je m’en fous, parce que certains qui s’enorgueillissent d’avoir des amours politiques valables ont favorisé, promu, élevé ce système au rang de dogme et nous ont mis dans cette situation. Les différentes amours vis à vis du socialisme ou de la droite gaulienne qui ne connait pas de Gaulle ont fait que le refus de politique est croissant et ont mis au pouvoir une bande, une cohorte, une équipe de branquignoles, tous plus nuls les uns que les autres et qui, chaque jour, prouvent que nous avons eu tort de leur faire confiance, en tout cas ceux qui ont voté pour ça. On ne peut appeler autrement que sous ce terme de « ça », ce groupuscule totalitaire, dictatorial, méprisant et méprisable qu’est la dictature en marche arrière.
Alors, certains vont encore ergoter sur le fait que le « peuple » n’est pas compétent pour décider, qu’il faut des compétences reconnues pour décider de la destinée du pays. C’est vrai, et ça l’est tellement que, justement, les incompétents actuels qui décident de cette destinée ne sont plus aptes. Bizarrement, on avance aussi comme argument que le « peuple » peut se tromper et voter ainsi le retour de la peine de mort, la fin du mariage pour tous, l’interdiction de l’avortement, mais quand il se trompe et vote pour des personnes qui ne méritent pas ce mandat, ça n’est pas grave, tout va bien. Oh je sais que je ne suis pas très intelligent mais il y a là quand même quelque chose de particulier. Le « peuple » n’est pas valide et apte pour voter les lois mais il l’est pour désigner des maîtres ou des représentants qui ne connaissent qu’une acception de ce mot. Logique.
Il doit y avoir une logique qui m’échappe à refuser que le « peuple » puisse proposer des lois, en refuser certaines et renvoyer des représentants qui auraient manqué à leur devoir. Personnellement je suis contre toute forme de représentation mais étant déjà un maghrébin profiteur d’extrême droite, je ne vais pas aggraver davantage mon cas. Le RIC n’est pas la panacée, c’est évident. Il n’est qu’un préalable, une obligation et ne ferait que réparer un déni manifeste de démocratie mais le chemin est encore long pour désintoxiquer certains de la représentativité qu’ils en arrivent à trouver légitime alors que l’esclavage est aboli. Enfin je croyais et finalement…
Et puis, finalement d’où viennent ces attaques bien pensantes? D’un certain monsieur Mouchard qui accuse donc le sieur Chouard de bienveillance avec l’ennemi d’extrême droite en partant allégrement en croisière avec le borgne breton et qui dirige aujourd’hui un fascicule qui nous enjoignait de faire ce que nous voulions du moment qu’on se comportait enfin comme de bons castors juniors. Il est des temps où l’identité de celui qui attaque revèle la véracité et l’accuité des attaques et nous sommes dans des temps troublés où le premier antifa peu crédible ou fachos dérébrés qui attaque, sera celui qui aura raison.
Comme le disait Beaumarchais: » j’ai vu les plus honnêtes gens prêts d’en être accablés. Croyez qu’il n’y a pas de plate méchanceté, pas d’horreurs, pas de conte absurde, qu’on ne fasse adopter aux oisifs d’une grande ville, en s’y prenant bien : et nous avons ici des gens d’une adresse ! … D’abord un bruit léger, rasant le sol comme hirondelle avant l’orage, pianissimo murmure et file, et sème en courant le trait empoisonné. Telle bouche le recueille, et piano, piano vous le glisse en l’oreille adroitement. Le mal est fait, il germe, il rampe, il chemine, et rinforzando de bouche en bouche il va le diable ; puis tout à coup, on ne sait comment, vous voyez calomnie se dresser, siffler, s’enfler, grandir à vue d’œil ; elle s’élance, étend son vol, tourbillonne, enveloppe, arrache, entraîne, éclate et tonne, et devient, grâce au Ciel, un cri général, un crescendo public, un chorus universel de haine et de proscription. Qui diable y résisterait ? »