A la manière de certains désagrégés qui font le tour des studios promos pour montrer le revirement idéologique de la bobosphère afin de rester dans le in, pour ne pas être out, il appartient à tous, désormais, d’envoyer sa missive à l’autre, à l’ami que nous n’avons plus, à celui qui continue de suivre aveuglément quand tout indique, objectivement, qu’il ne reste que le demi tour comme échappatoire viable. Cet être étrange qui tient du croisement du pigeon, de la marmotte, du mouton et du castor, cet être fabuleux et qui n’existe plus que dans les programmes des medias autorisés, le marcheur.
Tu vas donc crier ta haine de l’opposition qui n’est que de la fachosphère, qui n’est que l’arrivée par hordes canines de rouges bruns. On t’a dit que c’était eux. Rantanplan, Kéké, joueur de cartes avec la chaîne en or qui brille, ne cesse de prévenir face à cette menace colorée alors, tu fonces dedans parce que le camp du bien l’annonce. Il ne saurait y avoir d’opposition autre qu’une voie en couleur, qu’elle soit phosphorescente, fluorescente ou venue des soeurs zombres. Et la couleur dans le monde binaire du noir et du blanc, c’est forcément le noir, le sombre, l’obscur, les ténèbres. Le mal est celui qui s’oppose et tu conchies le mal devant ton bol de quinoa ou sur ta trottinette électrique. Tu trouves qu’il était temps d’agir et qu’il fallait sévir, et durement, pour ne pas laisser ces factieux poursuivre leur déstabilisation de l’état de droit. Parce que l’état de droit, c’est important. Alors, tu votes des deux mains, la loi anti casseurs qui permet de donner un cadre législatif à la police de la pensée. Désormais, tu approuves qu’on empêche de manifester des gens simplement parce que Rantanplan pense que ces gens sont dangereux. Ils pouvaient l’être, c’est sûr, mais en les empêchant de s’exprimer, ils le seront, c’est sûr aussi. Celui qui n’a rien à perdre, n’a rien à perdre, tout comme une femme qui rit est juste une femme qui rit. C’est parce que tu crois que tu as raison, que tu te convaincs que tu as raison, alors, tu as raison.
Le préfet obéit, comme toujours aux ordres du ministre de l’intérieur, et le ministre de l’intérieur n’aime pas les séditieux alors, il se donne les moyens de les éviscérer, de les éborgner, de les gazer (qui signifie littéralement et dans le dictionnaire: intoxiquer (affecter de troubles plus ou moins graves par l’effet de substances toxiques) avec un gaz de combat(https://fr.wikipedia.org/wiki/Gaz_lacrymogène) parce que l’ordre est essentiel et l’Europe, c’est la paix.
Il ne faut jamais oublier que c’est l’Europe que promeut Jupiter, que nous voulons, la main sur le cœur et que ce que veut Jupiter est parole divine, l’évangile selon Jupiter, et que puisqu’il le dit, l’Europe, c’est le bien.
Alors, ce ne sont pas les quelques députés parvenus qui s’abstiennent de voter cette loi vitale et essentielle et qui démissionnent qui vont changer quoique ce soit. De toute façon, le seul qui démissionne donne enfin du sens à son nom, alors c’est logique. D’ailleurs, ils démissionnent de leur appartenance au parti royal pour montrer qu’ils sont des rebelles mais ils ne remettent pas leur poste en jeu. Faudrait voir à pas déconner non plus, ils prouvent juste qu’ils étaient des marmottes. Enfin ils… Juste lui… Juste la marmotte orpheline qui ne mérite pas que tu t’apitoies sur son sort.
Ce sera la faute de la russosphère, la faute de ce chasseur d’ours sur patins à glace et bouffeur d’huile de foie de morue frelatée, accompagnée d’un verre de ce qu’ils appellent vodka et que nous appellerons débouche chiottes.
C’est la faute de ce bouffeur de pâtes et pizza, grossier, vulgaire, facho, raciste, homophobe, sexiste, mangeur d’enfants et supporter du Milan AC, véritable monstre anti migrants puisqu’il applique les lois que la France applique depuis des années mais la France, c’est pas pareil, c’est différent… La France, c’est l’Europe et l’Europe, c’est bien, c’est la paix. (https://youtu.be/2bKPF9DRJzo).
C’est la faute des hongrois, encore eux, des polonais, toujours eux, du Venezuela, et de ces sacrés gauchos bolivariens qui ne comprennent jamais rien à la politique et à l’économie capitaliste, les cons, et de la Syrie, parce que la Syrie et pis, c’est tout. C’est la faute du monde, des tempêtes, de la lune, de la conquête de Mars, d’Aurore Bergé et de la saison de merde de l’OM. C’est la faute de tout le monde mais surement pas, surtout pas, celle du dieu jovien. Lui, il est au dessus, il est le bien, il est le sauveur, il est l’Europe et l’Europe, c’est bien, c’est la paix. Ce sont les autres qui sont le mal et il serait temps que les pigeons de mai 17 redeviennent ce qu’ils étaient alors… des pigeons. Le bon temps où les pigeons ne voulaient pas se prendre pour des politologues ou des gens dotés d’un cerveau. Le temps du printemps où les pigeons n’étaient que dans le ciel et mettaient le bulletin qui va bien , le bulletin divin dans l’urne de la déchéance.
Ce sera la faute de tous ces imbéciles qui se prennent pour des lanceurs d’alerte parce qu’ils écrivent des billevesées dans des feuilles de choux surannées (je sais que tu aimes les mots d’une autre époque et qui sortent des livres pleins de poussière, même si le livre, c’est du papier et que le papier, ça n’est pas écologique… D’ailleurs, l’écologie, c’est important, c’est pour ça que tu as acheté une voiture électrique, avec la prime jovienne, parce que l’électrique, c’est écologique et que c’est l’avenir et que comme l’Europe dit que c’est bien, c’est que c’est bien et que ceux qui doutent sont le mal et qu’ils portent des chemises brunes qu’ils n’ont même pas retroussées parce qu’ils n’ont pas la classe vestimentaire de ton idole déifiée et postérisée dans ton salon et sur les plateaux télé).
Ces torchons numérisés qui ne servent qu’à entretenir le fascisme rampant, le nazisme naissant, l’antisémitisme galopant, le retour des petits moustachus bruns hargneux qui suintent la haine de la beauté christique de ton sauveur. Parce que rien d’autre ne saurait expliquer à tes yeux grands ouverts devant le génie élyséen, cette haine, ces mensonges publiés, ces inepties prononcées, ces aigreurs diffusées. C’est bien parce que les journalistes ne sont que des écrivains ratés, des comédiens déchus, des réalisateurs ignorés et des penseurs sans pensées, qu’ils se permettent de chercher dans les poubelles de l’histoire les erreurs de jeunesse d’un homme bien sous tous rapports.
Le conquérant de l’impossible, l’Alexandre des missions obscures ne peut être qu’un être supérieur et de qualité, puisque ton rédempteur l’a intronisé, à défaut d’autres intrusions, dans son cercle restreint et intime et que Dieu, bien que miséricordieux, ne se trompe jamais.
Il est loin le temps béni où les rédactions agissaient en bon ordre de marche, où suivre la voix de son maître était la norme et la condition à promotion, où bêler aussi fort que possible contre les oppositions qui n’avaient pas lieu d’être, était un acte inexistant parce que le monde est juvien et que aller à l’encontre du monde, c’est devenir le mouton noir alors qu’être un mouton, c’est bien, mais noir, ça craint velu ou frisotté pour un mouton dans une salle de rédaction.
Ce sera la faute des français, oh pas tous, quand même, seuls quelques illuminés qui ne représentent que 70% de la totalité, qui sont mécontents de tout et tout le temps et qui n’ont pas eu la décence première, vitale, essentielle, primordiale, l’intelligence, la connaissance, la pertinence, la lucidité de voter pour la survie, pour le sursaut démocratique, pour la lutte contre l’invasion brune, qui n’ont pas eu le minimum de respect pour l’histoire de notre pays, de faire barrage à l’ignominie, l’innommable, l’indicible, l’abject et qui donc ne soutiennent pas, par bêtise, la politique gouvernementale actuelle faite de taxes supplémentaires et augmentées, de répressions supplémentaires, quotidiennes et augmentées, de mépris quotidien, répété, supplémentaire et augmenté et de miettes multiples jetées négligemment à la face de la plèbe. Ces gens, ce peuple, qui ne méritent que condescendance, tant il est crasse dans son désir de s’exprimer pour dire tout et n’importe quoi et surtout n’importe quoi et qui réclame, en plus, le désir de s’exprimer encore davantage, comme si vous, l’élite, la raison, le savoir, les éduqués, les lettrés, vous vouliez entendre cette masse difforme et pourquoi ne pas écouter aussi, ce ramassis grouillant et nauséabond qui empeste la clope et le gazole?
Dieu est grand et miséricordieux mais il ne fait pas dans le social, dans l’humanitaire, il n’est pas là pour s’apitoyer sur les souffrances des petits, de ceux qui n’ont pas voulu être castor comme il se devait, comme il fallait l’être, parce qu’il fallait faire barrage aux atteintes à la liberté de manifester, d’exprimer ses opinions, de rédiger des brûlots, de s’opposer à la parole d’en haut. Il fallait empêcher de fermer les ports et les frontières et accueillir les migrants. Il fallait renforcer la loi de 1905 et ne surtout pas envisager de la modifier. Il fallait empêcher la peste brune, rouge, jaune de débouler dans nos rues et de tuer nos fils et nos compagnes dans nos campagnes oubliées des salons parisiens rénovés du faubourg Saint-Honoré. Il fallait empêcher la fuite de tout ce pognon de dingue vers des contrées inconnues. Il fallait pousser les gens à traverser les rues pour s’acheter des costards sur l’île de Guyane. Il fallait que Jupiteux passe pour que le monde bruxellois subsiste même si la peste blonde et non plus brune n’aurait pas gênée Bruxelles et Berlin non plus mais lui, le bellâtre bélître, il présentait mieux tant il est beau et tant il sait son madame de Staël, dans le texte, comme d’autres connaissent Coluche et Churchill en même temps. Parce que, en même temps…
Chaque jour qui passe ne fait que rappeler la déliquescence de la classe politique et l’incurie du système éducatif et social. Heureusement pour nous, cela ne s’applique que pour l’opposition médiocre, brune, fasciste, rouge, nazie, jaune, populiste, lamentable ainsi qu’à ceux qui suivent cette cohorte d’abstentionnistes ignares, illettrés et ivrognes. Tous ceux qui ne savent pas reconnaître le génie d’une équipe, d’une cour représentant la caste la plus haute. Cette cour qui, en plus de sauver ce peuple pitoyable, trouve le temps de rédiger des textes bientôt en pléiade, des romans pour la collections blanches et des pensées multiples et exceptionnelles que le cahier de l’Herne ne sauraient ignorer trop longtemps.
Il y a les animaux nobles: le pigeon, la marmotte, le castor, le mouton. Ces animaux qui marchent, qui sauvent parce qu’ils comprennent et puis il y a les animaux bouseux, les porcs dans leurs occupations de basse cour, les dindons parce qu’ils sont dupes et dupés par les opposants et les ânes parce que leur bêtise et leur intolérance vis à vis de l’élite est à l’image de leur médiocrité. Ce pays est devenu la ferme des animaux et Napoléon finit très mal même s’il est un cochon. La fin justifie les moyens mais la fin risque de faire perdre ses moyens à beaucoup.
Alors puisque je ne suis qu’un californien du 93, je t’envoie à toi, l’ami que je n’ai plus, cette simple lettre pour te rappeler que tu as raison puisque tous les autres ont tort et que, même s’il ne me manque que la mer, je continue à naviguer à vue sur les vagues que provoquent les tempêtes jupitériennes quotidiennes. Tu peux m’appeler Jojo, ça me rappellera des souvenirs.