Juste parce que c’est la nuit

 

Et tout recommence et tout continue et ça revient encore et encore. Ce sentiment qu’il n’y ait pas dans ce monde de place pour le superflu et l’inutile et que tout doit être productif, monnayable et lucratif. Dès lors, comprendre que ce qui fut construit ne correspond plus à ce que nous sommes, que ce qui fut détruit n’était pas ce que nous sommes, et que ce que le monde construit ne ressemble en rien à ce que le monde est. Une fois toutes ces vérités avalées, digérées, déféquées et même pour certaines ré-ingérées, que reste t’il comme possibilités de joie? L’espoir que les choses changent ne subsiste que parce que, au final, il n’y a pas d’autres alternatives. Chaque jour qui passe entretient ce vernis autour de nos actions. Certes, on peut toujours faire et devenir ce que le monde se propose d’offrir comme opportunités, certes… et pourtant….

Alors, il n’est plus temps ni lieu de se morfondre et d’attendre. Puisqu’il est admis qu’il en est ainsi et que demain sera aujourd’hui qui était déjà hier alors que se débattent les autres mondes au milieu de celui-ci. Faire ce que l’on peut parce que davantage serait trop et est de toute façon trop. Les règles sont posées et rien ne bousculera ce grand ajustement. Ce n’est pas grave. Ce n’est pas une faute. Le factuel l’emporte sur le rêve et le réveil est toujours de plus en plus lourd, difficile, pesant.

Ainsi, l’errance, les mains dans les poches, et la fumée des respirations dans le froid des matins blafards d’hiver s’accompagnent d’une forme de résignation. Le véritable combat, le véritable enjeu n’est plus dans la lutte acharnée contre le mal mais bien davantage le réveil des envies endormies. Avoir juste envie, et de là, mettre en boucle et en résonance ce qui fait rêver, ce qui démange, ce qui existe… Donner et trouver du sens et savoir pourquoi on se lève le matin parce que c’est la nuit.

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