C’est l’histoire d’une société, qui n’en finit pas de sombrer. Au fur et à mesure de sa chute, elle se répète sans cesse pour se rassurer : « jusqu’ici tout va bien… jusqu’ici tout va bien… jusqu’ici tout va bien… »
Au commencement était le vice…
Ça commence par une débile partie de roulette russe. Mais les barillets sont tous chargés, tu vois l’bordel ? Tu penses t’en remettre au hasard, ou à la raison pour les plus illuminés, mais au fond t’es sûr de perdre. 100 % des perdants ont tenté leur chance ou le marketing triomphant ! 100 % de chances de voir ta tempe exploser salement dans un jaillissement de sang. Ça commence comme un bon Tarantino quoi. Carton au Box-Office assuré.
Sauf que… c’est pas du cinéma. Bienvenue dans la réalité ! Bienvenue dans cette réalité où les individus sont triés sur le volet, sélectionnés, catégorisés, classés, hiérarchisés. En gros, il y a les premiers de cordée, il y a ceux-qui-ne-sont-rien, et il y a JUPITER (trompettes triomphantes). Autant le poser tout de suite, il y a plus de places du côté des «rien»… Mais, maigre consolation, tu peux espérer te hisser au niveau des premiers de cordée. Espérer seulement. Parce que l’espoir fait vivre (et il fait faire des conneries aussi parfois, mais passons…). Alors tu espères… Parce qu’il n’y a que ça à faire après tout. Mais surtout « parce que tu le vaux bien ». Enfin… que tu penses… Le mythe du mérite a de beaux jours devant lui… Nan mais allô quoi ! Si un vulgaire shampooing bourré de sodium et de laureth sulfate pouvait transformer ta tonsure de prolo grisonnant en crinière de Lionne à faire pâlir Miss France 2017, ça se saurait tu crois pas ?
« Elle est où la reine ? Elle est où la reine ? »
Mais les larrons sont doués et tu te laisses aguicher. Tu penses que tu ne risques rien parce qu’au jeu du bonneteau, tel Perceval, t’as l’œil de taupe. Mais le bonneteur, c’est Manu. Et Manu, c’est un winner avec son minois de pub Kinder Bueno. Faut pas le sous-estimer…
D’emblée, donc, les dés sont pipés. Pipés à la vanité, ce poison savoureux dont tu te parfumes chaque jour pour sauver les apparences et faire illusion. Les dés sont pipés mais tu t’en branles. Tu veux pas savoir. Le roi est nu, mais c’est pas ton affaire. Après tout, l’habit ne fait pas le moine (d’ailleurs la bite fait-elle le curé ?).
Cædite eos. Novit enim Dominus qui sunt eius.
Tu es aveuglé, envoûté par cette vanité, qui te fait croire que TOI tu vaux mieux que ton voisin, que c’est juste une question de temps. Un vulgaire malentendu, qui sera vite réparé, parce que, forcément, Dieu finira bien par reconnaitre les siens. Alors, toi aussi tu te mets à crier avec la meute : « Tuez-les tous ! Tuez-les tous, ces profiteurs, ces vermines, ces boulets, ces assistés de la société, ces SDF, ces roms, ces migrants, ces chômeurs, ces fonctionnaires, ces musulmans, ces laïcs… (Tuez-les tous après 60 ans ! s’égosille Attali (Attila ?) au milieu de la foule)… Tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens ! ». Carnage.
Or, mais, donc, Dieu, Jupiter de son p’tit nom, tarde à signer l’acte de reconnaissance… Salauds de feignasses de fonctionnaires qui n’ont pas fait leur boulot une fois de plus ! Alors tu te prends en main, tel un vrai self made man et tu toques avec aplomb à la porte de Saint-Pierre pour rétablir la vérité vraie. « Merde, putain c’est fermé ! ». Tu toques encore et encore. Mais le silence est têtu. Il s’obstine à t’ignorer. Fin de non recevoir. On vous rappellera plus tard. Retour à l’envoyeur. Direction l’enfer des damnés sur Terre. Dans 600 mètres tournez à droite. Ne passez pas par la case départ, ne touchez pas 20 000 euros. Au quatrième top, il sera exactement…
La chute est rude. Tu es sonné. Tout tourne autour de toi. Tu entends en écho. Tu vois en noir et blanc. Tu peines à reprendre tes esprits.
Après t’être sucé un sucre mentholé, tu découvres la cruelle réalité : Dieu portait un double masque. Tu le revois dans tes pensées encore légèrement embuées. Et sur l’autre face, c’est le visage de Lucifer que tu devines. Et ouais… Tu as vendu ton âme. Ou plutôt tu as bradé ton âme. Et pas au bon client… Mais c’est trop tard… C’était écrit en petit au pied du contrat, et dans la précipitation tu n’as pas lu : « les articles soldés ne seront ni repris, ni échangés ». Ecrit en petit, mais noir sur blanc, et ta signature apposée juste en-dessous. Pas de contestation possible. Le roi nu te l’a mise bien profond. Le Dieu romain t’a enfariné la gueule. La baraka s’est barrée. Et toi, toi tu cherches encore la reine de cœur…
Epilogue : La mort au temps du choléra
Quand le cynisme devient la valeur ultime de notre société. Quand homo devient lupus pour homini… Quand l’individu piétine l’humain… Que nous reste-t-il ?
Ça commençait par le choix entre la peste et le choléra. Ça commençait mal. Ça commençait mal et ça finira mal… Car Jupiter veille sur ton bien. Alors, quand t’en auras marre de tendre l’autre joue, essaie de tendre la main à ton voisin…
Pourquoi je t’ai raconté ça ? Parce que l’important, c’est pas la chute…
par K.M.
C’est ça merci K.M, parce que, il y en a, qui n’en finisse plus de chuter!!