J’entends les voix qui réclament de l’optimisme, de la foi en soi et en les autres et qui s’interrogent de manière bienveillante sur les troubles ou les tracas de mon esprit, âme, cerveau dépressif et malade. J’entends. Je ne parviens pourtant pas à faire preuve d’optimisme tant rien n’est fait véritablement pour m’amener à cette issue ou à cet état. Il ne s’agit pas de se complaire à être dans cette perception maussade des éléments qui m’entourent et de s’y repaitre jusqu’au dégout. Il ne convient à personne, je suppose, d’être dans le gris. Je n’arrive pas à voir les lendemains qui chantent. Je ne vois pas ce qui pourrait être heureux et porteur de joie ou de bonheur dans la situation qui est la mienne.
On peut et sans doute à juste titre me rétorquer qu’il ne s’agit là que du résultat de choix personnels. Ce n’est pas parce que cela correspond à un choix qu’il est satisfaisant parce que, en réalité, ce choix n’en fut pas un. Il a fallu subir et se rendre à l’évidence. Et même s’il y a soulagement, il ne peut y avoir joie face à ce qui se fait et se défait sous nos yeux. Je vois de plus en plus, ce choix imposé comme une obligation qui me fut faite de ne pas m’inscrire dans un avenir qui ne pouvait en rien me correspondre. Désormais, l’idée même de changer de vie ne peut plus être qu’une idée et devra le rester longtemps. Il faut continuer celle-ci même si, à bien y regarder, elle ne convient à personne.
J’entends les voix qui se disent et qui hurlent en silence que le bonheur est à la porte et qu’il frappe de toutes ses forces mais que je ne l’entends pas parce que je ne sais pas écouter, que je préfère le vide à un plein désagréable. J’entends et pourtant cela ne changera rien parce que ce n’est pas ce qu’il me faut. Je ne sais pas être heureux, non pas parce que je cherche le malheur mais bien parce que je ne vois pas de bonheur dans les chemins qui se dressent devant moi. Alors savoir quel chemin emprunter.
Il ne s’agit pas de se dire que hier était mieux ou que demain sera parfait, il s’agit seulement de tristement constater que, aujourd’hui n’est pas satisfaisant, que rien ne rend les journées pleines parce qu’elles sont vidées de leur substance, qu’à force d’attendre quelque chose qui n’existe pas, il y a passage à côté des évidences vivables et visibles.