« En fait la première fois que tu tombes amoureuse, c’est un truc à part. Mais vraiment amoureuse hein, pas le truc scolaire ou universitaire qui dure seulement dans les contrées de bouseux ». Elle savait que je passais la majeure partie de ma vie dans une région sous développée et dut ressentir une désapprobation dans mon regard. Alors que, honnêtement, elle avait raison.
« Oh ça va, ne me regarde pas comme ça, se marier à 23 balais avec le premier connard qui te bouffe correctement la chatte, c’est juste être un bouseux. Et pis, on s’en fout. » J’avais déjà remarqué cette particularité chez Aline. Dès que la situation la mettait mal à l’aise ou que son rythme cardiaque s’accélérait, elle passait en mode vulgaire. En tout cas, elle se lâchait davantage que dans la moiteur de son bureau, au milieu de ses collègues. Cela m’avait surpris dans un premier temps, et puis, finalement, ça n’était resté qu’un aspect de plus que je n’aimais pas chez elle. J’avais toujours eu un problème avec la vulgarité chez la femme, sans doute des restes de misogynie qui devait rendre dingues les féministes, mais comme je ne fréquentais pas ce type de femmes, ça ne m’empêchait pas de vivre et de toute façon, je ne fréquentais plus personne.
« A l’époque j’étais étudiante et je traînais avec un groupe de bobos parisiens. On se faisait les expos, les films underground, les pièces de théâtre dans des théâtre aléatoires et éphémères ou les concerts dans les bars branchouilles des quartiers populaires, enfin soi disant populaires parce que, à Paris, le populaire, c’est mort, hein? »
« Ouais », je n’avais rien à répondre. Evidemment que Paris n’était plus une ville populaire et me raconter sa vie d’étudiante qui ressemble à toutes les vies d’étudiantes sur paname quand papa et maman peuvent cracher au bassinet, je connaissais déjà donc je me contentais d’un oui à peine audible parce que je m’ennuyais déjà en fait. Je sentais venir le défilé des soirées étudiantes avec leur cohorte de beuveries sans intérêt et les amis pour la vie qu’on oublie deux ans après. La vie estudiantine, intérêt limité.
« Un soir, ma petite bande était invitée à un vernissage d’un obscur artiste étranger. dans la bande, il y avait des étudiants des beaux arts, ça aide pour toucher parfois des entrées. Les vernissages, c’était sympa parce que, pour une nana, en se démerdant bien, on arrivait toujours à bouffer gratos et à boire un coup. En plus, c’était rarement de la sous marque. «