Et puis, il y a tous ces matins solitaires, tous ces levers de soleil à écouter le vent dans les gigantesques arbres sombres en espérant, soudain, trouver le chemin vers un impossible, vers une utopie, vers un rêve qui n’attend qu’un signe pour devenir un quotidien maussade et fade.
Et puis, il y a toutes ces heures à noyer le regard dans des récipients sombres, fumants, odorants et amers à regarder un avenir dissimulé sous les couvertures opaques de mes réalités funèbres et non vécues. La descente de la chaleur âpre et sucrée le long de l’épine dorsale.
Et puis, il y a tous ces jours qui passent les uns après les autres, les uns avec les autres, les uns dans les autres, les uns sans les autres. seulement tous ces jours qui finissent par apparaître comme les fausses perles céramique sur le cou nu d’une succube diaphane et gourmande.
Et puis, il y a tous ces moments qui balancent entre espoir et désillusion, entre actions et attentes, entre rêve et réalité et surtout désillusions, tristesses, insomnies et mal être au milieu de la vie d’autres chimères et pourtant, tout va bien, je ne me suis pas tué.
Et puis, il y a toutes ces femmes que je n’aurais pas, tous ces corps que je ne caresserais jamais, toutes ces peaux que je ne frôlerais pas et toutes ces histoires de vie dont je n’entendrais jamais parler parce que je ne suis pas là et parce que je n’avais aucune raison, finalement, d’y être.
Et puis, il y a toute cette fatigue inutile accumulée à se débattre dans le vide et dans un nuage d’inconnus et d’incompréhensions divines et maladroites. Les méandres obscures d’une vie plate et sans reliefs agrégée à d’autres vies insignifiantes à ne pas recevoir ce qui aurait pu changer.
Et puis, il y a ces luttes, ces combats, ces batailles qu’on mène contre des armées d’ombres sombres et vaporeuses, seul face à des mondes inconnus et des ennemis qui, en fait, ne le sont pas mais le sont parce que la décision ne dépend déjà plus de moi et que la haine naît du vide et vit du vent.
Et puis, il y a les fantasmes, les rêves, les envies, les illusions et les désillusions. Tout ce qui construit une vie parallèle et qui reste toujours plus belle, et qui à la fin font que je triomphe car je ne me suis pas tué.