Era (partie 3: parce que, désolé, j’avais du temps aujourd’hui)

 

Aurait-il fallu que je reste?

Privé de toute adresse,

Aurait-il fallu qu’on nous teste

Connaissant déjà notre détresse?

Fallait-il qu’on se déteste

Qu’on se débarrasse de tout le reste

Qu’on s’achète un autre lest 

Et que malgré tout on reste?

J’aurais préféré qu’on nous laisse

Avant que la nuit ne cesse

Mais les étoiles de notre tristesse

Brillaient plus fort que notre jeunesse.

 

Aurait-il fallu que je t’aime

Même en sachant ce que je sème ?

Etait-il noble d’en faire un poème,

Une histoire, un blasphème ?

Aurait-il fallu qu’on me traine,

Dans une vie qui n’était plus la mienne,

Qu’on me pose comme un emblème

D’une vie triste et sans problème ?

J’aurais préféré comme stratagème

Que l’on compose mon requiem

En s’appuyant sur le thème

Qu’on me laisse vivre ma bohème.

Aurait-il fallu que je saigne,

Que je me débatte et me plaigne ?

Fallait-il qu’on me contraigne,

Que l’on m’exploite et me restreigne ?

 

Aurait-il fallu qu’on me conseille

D’être toujours droit et pareil

Quel que soit l’endroit de mon sommeil

Que l’on me pousse, que l’on me craigne

J’aurais préféré que débute mon règne,

Plutôt que finir au fond d’une bouteille

Et que tout ce qui m’imprègne

Ne devienne pas des choses que tu dédaignes

 

Aurait-il fallu que je sois jaloux

Que je trépigne, que je sois à bout

Fallait-il que je frôle le dégoût

Que j’erre dans le vide, dans le flou

Parce que, finalement, en plus, de tout

Je saurais que, sans moi,  malgré tout

Tu vis heureuse et toujours debout

Face à mon départ et ton courroux

J’aurais préféré que tu te désavoues

Que tu souffres qu’il n’y ait plus de nous

Et que je souffre d’être à mon tour à genoux

Que j’ai perdu en jouant mon va-tout

 

 

Aurait-il fallu que je vienne

Que je garde cette vie moyenne

Que la situation se gangrène

Que toute l’histoire ne soit plus qu’en porcelaine ?

Aurait-il fallu que je comprenne

Que de toute façon tu resterais sereine

Parce que le fait que je te malmène

Etait comme le chant des sirènes

J’aurais préféré que tu restes mienne

Que ta vie soit bien moins pleine

Et que tu m’aimes quoiqu’il advienne

Que j’accélère ou que je freine.

 

 

 

 

 

 

 

 

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