C’était l’histoire qui revenait en arrière où tout explosait et giclait en poussière. Un repos salutaire sur des branches multicolores et brisées et des temples improbables par dessus tout ça. Il n’y avait plus personne dans l’estuaire, juste un ou deux coléoptères marins et le souvenir d’une ombre familière et désirable. Il fallait se rappeler des enfers et se poser sur une terre ocre et asséchée et ne jamais revenir de ce monde qui n’en est pas un et continuer à survivre même si ça n’allait pas de soi…
C’était l’histoire inutile et solitaire d’un passage vers un ailleurs. Un monde d’impossibles qui s’ouvrait devant moi et tout un univers de silences qui rejaillit sur ça. Il n’y avait plus l’envie de bien faire à force de tourner autour de moi. Il fallait tenir droit et rester debout malgré tout et ne plus pleurer sur les peurs du monde qui ne m’appartenaient pas. Rendre à la mauvaise part de la lune ce qui ne serait jamais à moi.
C’était le miel et l’ambroisie, le nectar et la nuit, le rêve et l’illusion, le sublime mêlé à la raison. Un maintien artificiel au dessus de la ligne de flottaison des étoiles, une survie superficielle sous les larmes matinales. Il y avait les réveils impossibles à force de croire à je ne sais quel mirage de feu. et n’être plus personne et naître une autre fois. Réduire au silence les pires démons en moi et me dire en silence que je vaux mieux que ça. Et tout l’or de mes mondes ne rachète pas l’émoi, le dégoût et les plaintes, les souffrances et les joies. Il fallait un sommeil qui ne venait pas, un repos pour un esprit trop fatigué d’être maltraité et déçu. Juste un peu d’ombre face à ce soleil qui explose, un nuage de poussières pour cacher tout ce qui flamboie, un orage d’été soudain sur un incendie de joie. Le reste n’est que du bruit que je n’entendais pas; trop sourd aux cris, trop aveugle aux larmes, trop condamné pour être totalement innocent. Finir l’expérience interdite commencée naguère et recommencer comme jadis et ensuite partir vers l’après.