Era (partie 1)

C’était une journée particulière où tout se passait comme les autres jours. Un rêve éveillé sur des nuages gris de colère et des croix accrochées aux églises de nos souvenirs. Il y avait ce que je voulais et il n’y eut que ce que je pouvais. Il fallait poser pied à terre mais la route restait trop longue pour s’arrêter si tôt.

C’était une journée en enfer où rien de particulier ne changeait le cours d’une journée banale. Un cauchemar endormi au milieu des étoiles de mer et des minarets dressés à la mémoire de mes passés. Il y avait les traces de tous ces désirs inexprimables et les faits de nos meurtres ensoleillés. Il fallait marcher dans des déserts humides de glaces chaudes.

C’était une soirée éphémère où tout devient particulier malgré le jour qui décline. Un songe les yeux ouverts dans des draps taillés dans la soie rouge et des mains jointes dans des monastères ou sous les chênes millénaires. Il y avait les nuits militaires et les mélanges de terre pourpres. Il fallait vivre ces moments pour savoir ce que je ne vivrais plus et ne jamais y revenir.

C’était un silence lourd et bruyant où toute la jungle urbaine criait son émoi. Une nuit sans sommeil sur des lunes lointaines et des millions de monuments pointant vers les autels de la mer que je ne verrai pas. Il y avait des nuages au milieu des tempêtes de sable et des carnavals de plumes d’oiseaux dans les cèdres brûlés. Il fallait avancer vers l’insondable et nommer l’innomable pour ne pas sombrer dans les océans de verdure.

C’était le voyage vers l’amer ou vers la fin du calvaire qui frémissait sous mes doigts. Une illusion blafarde de tout ce qui n’était pas moi et des forêts d’amaryllis plantées sur les chemins de croix. Il y avait ce qui restait de moi et tout ce que je ne serai pas. Il fallait un miracle qui ne se produirait pas, un parcours sur une autoroute sans fin fondue dans la nuit des bois.

 

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