Et tournent les vents…
Même si les averses se succèdent et que les orages rompent le silence, se poursuit l’émotion d’une vie sans nuages en attendant les éclaircies. Noyés dans les nappes de brouillard d’un autre temps, il ne reste que des après dans les souvenirs et les intentions. Les résolutions sont prises mais sont oubliées avant même d’être nées. Les heures passent, les minutes meurent et tournent les vents.
Encore voir le soleil percer les nuages et s’étirer sous les désirs amoindris des équipées sauvages, afin de continuer le chemin vers des rivages plus doux et plus accueillants. Sentir monter en soi les mêmes raisons qui font que chaque aurore est reçue comme étant boréale et voir les aiguilles des montres s’effondrer dans un océan de journées perdue. Les jours passent, les heures meurent et tournent les vents.
Autant de moments gâchés à espérer en vain la fin des temps et le début des utopies. Parce que les temps sont heureux, parce que les nuits sont douces, parce que les songes sont joyeux et les jours emplis de félicité. Parce que rien n’est plus comme la création et que les mouvements des plaques construisent un autre enfer. Les semaines passent, les jours meurent et tournent les vents.
Encore croire que le meilleur reste à venir puisque le passé ne tue pas ses proies et n’achève pas les blessés, les meurtris, les scarifiés, les oubliés des révolutions passées autour d’astres bien trop luisants pour être crédibles et honnêtes. Être dupés, trompés, bafoués mais se redresser et continuer le chemin vers l’absolu illusoire que les rêves façonnent dans l’ignorance consciente de nos âmes perverties. Les mois passent, les semaines meurent et tournent les vents.
Toujours se plonger dans des illusions qui n’appartiennent qu’à des îles perdues au milieu des océans de projets détruits et repoussés parce que la solitude sied mal avec le changement universel. Ne pas faire des îles, des îlots déserts et perdus dans un abîme sans fond et sans vérité. Et recommencer l’échafaudage de ponts entre les mers et les océans vers une union différente. Les années passent, les mois meurent et tournent les vents.
Alors vient le moment des condamnations. La saison des jugements et des représailles. L’instant où il faut tout détruire pour pouvoir refaire. Brûler pour renaître plus fort et plus vigoureux. Tout saccager, tout ravager, tout brûler, tout détruire, tout inonder pour enfin pouvoir laisser la graine d’espoir germer et croître et donner les fruits du bonheur.Les siècles passent, les années meurent et tournent les vents.
Ne jamais tenter l’impossible sans se préparer à la réussite. Faire de ce monde ou d’un autre, une utopie valide et valable en marchant le nez dans les étoiles, la tête dans les nuages, les mains lancées en balancier vers l’horizon comme pour saisir cette ligne imaginaire et les recoins des points cardinaux disparus. Les millénaires passent, les siècles meurent et tournent les vents.
Peut être voir dans le sourire de l’enfant qui s’évade de soi, au loin et vite, les derniers souvenirs d’un passé détruit et dénaturé par trop d’aléas nauséabonds et comprendre enfin que ce retour à la nature, à l’enfance de l’âme n’est que le chemin vers la déraison pleine et aboutie des illusions perdues, des songes inabouties mais des espoirs parfois déçus mais toujours vivaces et vivants et brûlants. Les vies passent, les millénaires meurent et tournent les vents.
Toutes ces moments qui offrent des illusions, désillusions et réminiscences impétueuses et immorales mais qui font que l’être représenté est un tout, une entité qui chavire au moindre coup de cœur mais qui reste fort à la moindre tempête, qui tient debout face aux vents contraires parce que les vents sont toujours contraires quand l’horizon leur tourne le dos. Les morts passent, les vies meurent et tournent les vents.