L’art est devenu une marchandise et c’est ainsi…. on ne refera pas le monde et je ne changerai rien ici à ce fait. N’étant pas moi même un fournisseur d’art, je regarde avec curiosité mais aussi incompréhension tout cela. En fait, je regarde surtout tout cela avec indifférence parce que ce que les prostitués font de leur vie ne concerne qu’elles. Le problème c’est qu’on nous pollue les sens avec les éructations buccalo anales de ces péripatéticiennes embourgeoisées. D’aucun pourrait considérer que je m’abaisse à ce niveau ici. D’abord, je ne fais pas payé, ensuite je n’oblige personne et enfin, de plus en plus, j’envisage de produire (puisqu’on dit ça comme ça désormais) pour moi. Si certains veulent lire, je ne vais pas les empêcher mais je ne demande rien.
J’ai cru bêtement, apparemment, pendant très longtemps, que l’art se devait d’être transgressif, dénonciateur, remuant, secouant, innovateur… J’ai le droit de croire ce que je veux! il se trouve qu’il ne devient que vulgairement choquant et encore… plutôt totalement insignifiant en fait. Au final, tout cela n’aurait que peu d’importance si le coût n’était que celui d’un privé, un quelconque vendeur d’armes ou de drogues muni d’un passeport saoudien puisque eux seuls semblent s’en sortir aujourd’hui mais non… nous ne sommes que de pauvres contribuables sur le territoire français et donc, on paie. La culture et surtout cette fameuse exception française est intégralement financée par nous-mêmes. C’est un élément qui fait de nous une particularité mondiale puisque nous sommes le seul état au monde a subventionné la culture. C’est une très bonne chose. Surtout quand les artistes sont de qualité. Or, il se trouve que ce n’est pas le cas. Ce n’est pas le cas parce que pour être artiste, tu te dois de déranger l’ordre établi mais c’est là que se trouve l’équation premium de la culture française aujourd’hui: comment être critique envers celui qui te paie? qui te finance?
J’ai beau retourner le problème dans tous les sens, je ne vois pas comment on pourrait se montrer pertinent en mordant la main qui nous sert. Il n’y a rien à apprendre, juste constater qu’on ne peut logiquement désormais qu’être artiste sur des pseudo provocations qui par essence se doivent d’être consensuelles, admises et acceptées. Alors on tape sur ce qui est facile, qui va créer du buzz sans toucher à l’ordre établi. On va mettre du cul partout comme ça on froissera la bien-pensance bigote et on fera un max de buzz qui gonfleront nos vues sur youtube et nos followers. On sera une star de l’art plastique parce qu’on aura érigé un montage de légos représentant une levrette sur la place centrale de Paris. On sera un metteur en scène reconnu parce qu’on aura dirigé un Richard III à poil du début à la fin. On vendra des disques parce qu’on aura insulté les femmes, ou parce qu’on aura défendu les femmes même si la musique est comparable à un concerto de flûtes à bec dans une classe de 6 ème des années 1980 et que le texte aura été rédigé par un élève de 1ère STMG du lycée Paul Eluard. On passera chez Ruquier parce qu’on aura fait un nouveau navet sur les gens du nord ou une nouvelle adaptation vomitive d’une bande dessinée légendaire. On aura réussi tout ça parce que tout ça sera subventionné par les aides de l’état. Par la faculté que le gouvernement a de financer des projets artistiques aux gens qui sont dans le cadre, dans le moule. A ceux qui respectent les codes, ceux qui rampent, qui mendient, qui obtiennent, ceux qui sont toujours les mêmes parce que forcément il n’y a pas de remise en cause artistique. Tu as bien dépensé de manière consensuelle l’argent de l’état pour faire du pitoyable, tu es capable de recommencer. Tu deviens un fonctionnaire culturel qui cultive son confort dans le conformisme le plus prégnant. Mais tout va bien puisque tout continue sans remise en cause ou bien plutôt en remettant en cause le fait qu’un plus grand nombre encore ne bénéficie pas de ses avantages. Il faut encore et davantage subventionner les artistes parce que nous n’avons pas assez d’œuvres pitoyables à voir. Il faut augmenter la dose. Entretenir le formatage. Multiplier les provocations consensuelles pour que chacun continue de croire que l’art est une issue et que l’art permet de critiquer mais comme il est interdit de rire, de parler, d’écrire, de penser autrement que selon la doxa, on s’aveugle. Cet aveuglement est tellement fort que nous en venons à payer une deuxième fois pour bon nombre de travaux. Un film français (un truc avec des images qui bougent et du son, même parfois de la musique) est très souvent financé par des aides gouvernementales, donc nos impôts, mais nous payons une place de cinéma. Il en est de même pour le théâtre public, pour les grandes expositions, pour les musées… mais c’est pas grave… en général quand ça passe une fois, on peut refaire un deuxième round…