C’était mieux avant… parce qu’après c’est pendant. (texte invité)

Réflexion du matin : moral en berne s’abstenir de lire. Précision ultime : je vais bien. 🙂

Je suis là, posée au mitan approximatif de ma vie. Nous sommes le 3 novembre 2017. Le jour est gris pâle mais il ne pleut pas. C’est l’heure vagabonde du café noir qui fume, goûtée, rallongée avec délices et nécessité: lundi, on rentre.
Assise là, je m’interroge et je regarde en arrière. Je regarde le temps passé, si proche, si loin. Et je fais ce constat saugrenu : c’était mieux avant.
Dépasser la nostalgie narcissique pour tendre vers une idée plus générale qui s’abstrait de ma personne.
« C’était mieux avant » signifie une sorte d’instant de grâce suspendu que nous n’aurions pas vu passer mais que nous aurions éprouvé, un peu comme si nos vies s’étaient accordées, un temps, avec les aspirations du monde. Un peu comme si tout avait été, un temps, synchronisé : les moyens importaient peu, nous allions, sans coup férir, vers le meilleur, le mieux, vers plus d’égalité, de justice. Vers LE progrès. Nul n’en aurait douté. Nul n’aurait osé. Tous semblaient convaincus de la nécessité.
Nous avancions ainsi, incapables d’imaginer une possible régression, incapables de penser que d’autres, déjà, en avaient assez des leçons de l’Histoire et fomentaient des complots bientôt à ciel ouvert, sans la moindre vergogne. D’autres déjà s’appropriaient la vie des autres, leur temps à des fins mercantiles. D’autres, les mêmes, préparaient l’ignorance propice à la servitude, l’envie propice au sommeil sans rêve vrai. D’autres, toujours, flattaient les ego, les guidaient vers cette abondance qui semblait à portée de main et les détournait de leurs semblables. D’autres, dans l’ombre d’abord, au soleil aujourd’hui, préparaient le monde dans lequel nous vivons.
C’était mieux avant. Que ne l’avons nous su.
(Pas de passéisme, pas de nostalgie, là. Le simple constat de l’aveuglement béat et collectif qui nous a menés où nous sommes. Si le bonheur et le confort amollissent, notre vie d’aujourd’hui en est la preuve éclatante.
Pas non plus d’oubli, il y avait des pauvres avant et du malheur, bien sûr. C’est à eux que notre absence de vigilance coûte aujourd’hui, d’une certaine façon, à eux, toujours plus nombreux et toujours plus différents.)

par MG

 

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