De l’Education Nationale ou de ce qu’il en reste, Acte III, scène 2

A partir du moment où le corps enseignant est circonscrit dans une méthode, un univers, un moule, il devient presque impossible que l’enseignement puisse échapper à cette uniformisation. Il faut réussir les examens, les concours pour entrer dans la société régie par le marché du travail et le monde de l’entreprise. Alors évidemment nous pourrions critiquer ou conspuer le système capitaliste qui contraint tout individu à être ce que la société exige qu’il soit ou devienne. Nous le pourrions. Ce serait encore une fois se ranger du côté de ce système sociétal. Cet univers nouveau de l’excuse perpétuelle. S’excuser pour tout, tout le temps et plus souvent encore parce que les excuses permettent de tout faire passer même l’indigne, même l’indicible. « J’ai pas payé mes impôts depuis 5 ans mais je suis ministre du budget?… Pardon…. »; « J’ai dit que les français étaient des fainéants? Mais non… vous n’avez pas compris c’est de la pensée complexe… vous êtes trop cons pour comprendre, voyons, désolé… ». Voilà, tout passe parce que les excuses sont plus fortes que les sanctions, parce que les sanctions sont, de toute façon, données par des « sanctionneurs » illégitimes alors rien ne sert de s’arrêter dessus. Plus rien n’est grave, plus rien n’a d’importance. Alors à quoi pourrait servir les règles de vie en société, la culture commune, le libre arbitre ou le sens critique puisqu’il faudra agir comme le cadre le définit et s’excuser d’exister. La moindre sortie de route est excusable et pardonnable du moment qu’elle ne remet pas en cause le système. Et c’est bien là tout le paradoxe. On prétend, d’un côté, nous donner les armes pour construire une pensée personnelle et réfléchie mais de l’autre, la moindre pensée subversive est annihilée, détruite et spoliée. Ainsi, la véritable leçon de l’éducation n’est plus de penser par soi-même ni de construire un raisonnement mais plutôt d’adopter le raisonnement commun, de ne jamais faire de vagues. Etre un bon petit soldat.

Bien sûr, la plupart des tenants de la bienséance vont nier ce fait et c’est leur droit le plus strict.  Toutefois, plus les jours passent, plus mes cheveux tombent et plus je ne vois autour de moi qu’un monde déliquescent. Il ne s’agit pas de dire que c’était mieux avant parce que avant je n’y étais pas et que de toute façon je ne sais pas revenir en arrière mais simplement de voir, de constater que ce qui se construit chaque instant autour de nous n’est pas ce qui me convient. Alors, évidemment, mon avis, tout le monde s’en fout et c’est le jeu mais puisque j’estime que la société n’est plus qu’un uniforme commun au plus grand nombre, je fais action de différence et je dis avec mes petits bras musclés et ma voix de baryton tuberculeux que je ne sais pas entrer dans ces cases, que je suis pas équipé pour être le gendre idéal, ou le mari précautionneux, ou le père attentif ou encore l’enseignant qui va éviter les vrais sujets parce que ça pourrait être dangereux. Dangereux pour qui? Celui qui lance le débat? Celui qui ne répond pas comme on attend? Alors, je prends les risque pour moi et les dangers qui vont avec et tant pis pour moi… je ferai des excuses… L’éducation Nationale ne forme pas des hommes (au sens humains), elle forme des obéissants, des reproductifs, des copieurs. Elle vise à fournir au capitalisme la main d’oeuvre nécessaire à la poursuite de l’économie ultra marchande. Elle construit, avec quelques décennies d’avance, le clonage. Chacun d’entre nous est interchangeable et remplaçable par un autre. D’un côté, la flatterie égotique impose que nous soyons tous uniques et différents mais, de l’autre, elle fait de nous tous des ingénieurs en informatique.Il s’agit quand même d’une superbe réussite idéologique. Faire croire à la très grande majorité que tout le monde est différent et que cette différence doit être mise au profit de l’uniformité. Tous différents mais tous pareils. On peut toujours continuer à fermer les yeux et se persuader que l’école n’y est pour rien, comme dans un sursaut digne de l’instinct de survie d’une institution incapable de suivre l’évolution sociétale mais, plus encore, de véritablement se remettre en question sur ses fondements et ses croyances. Mais, tout comme les parents et la cellule familiale cherchent à faire des enfants des gens bien intégrés dans la société, l’école participe, clairement, à cette déconstruction individuelle programmée afin de nous faire entrer de force dans le moule à gâteaux.

Le problème de ce genre de texte est que tous vont y voir le cri dépité et même dégoûté d’un être aigri. J’aurai beau dire qu’il ne s’agit en aucun cas d’amertume, je sais déjà que la majorité des endoctrinés vont trouver ce texte provocateur et peut être même injurieux. Si tel était le cas, il ne s’agirait que d’une preuve de plus pour moi que le fait de ne pas penser ou agir comme le dicte une entité invisible supérieure représente le mal. Il est toujours plus simple de considérer que le mal est celui qui n’est pas dans la majorité bien pensante. La majorité a toujours raison même quand elle a tort. La majorité représente le bien, ne pas être dans le camp consensuel, c’est exposer sa différence et ça devient gênant. Néanmoins, toutes les différences ne sont pas bonnes à exposer. Le fait d’avoir une pensée discordante et argumentée fait partie, pour moi, des différences valables. Se définir comme appartenant à une société marginale, quasi sectaire, parce que ça fait bien d’être à part, c’est du rognon de veau: » Je suis végan parce que c’est hype, je suis bisexuel tendance chronophage, herbivore à poils roux antifas, bouliste-skieur parce que c’est trop cool », c’est du tripotage de nœud marin. Se définir comme être existant devrait s’apparenter à être soi-même avec toutes les difficultés que cela suppose, vouloir impérativement se reconnaître dans une boîte en carton c’est juste ne pas s’assumer et considérer que le nombre sera toujours plus fort que moi parce que le nombre a raison alors que moi, c’est moins sûr.

De l’Education Nationale ou de ce qu’il en reste…. Acte III, Scène 1

Encore une fois je ne vais pas me faire que des amis mais au diable les varices… faire ce que j’ai été déterminé à faire sans réflexion plus poussée que simplement celle que l’on m’ordonne de construire, de tenir, toute cette stratégie semble plutôt être le moyen le plus simple, le plus rapide pour arriver vers ce à quoi ils nous ont destinés et mon esprit de contradiction m’oblige à repousser cette alternative ou tout du moins à la regarder dans les yeux et à convenir avec moi-même qu’elle ne me convient pas. L’éducation, sous sa forme scolaire, vise à offrir au plus grand nombre des capacités d’analyse et de sens critique. Bon… il est dommage de constater chaque jour que c’est un échec lamentable et cuisant. L’école devient un peu plus chaque jour une garderie à grande échelle qui maintient les élèves qui y passent dans un niveau médian d’analyse totalement conformiste et absolument pas subversif. Le but de l’éducation nationale est clairement de maintenir un niveau de dépendance constant pour tous.

Tout commence avec le recrutement et la mise en place des enseignants. L’état a mis en place la nécessité d’un diplôme à Bac +5 pour accéder à la possibilité d’enseigner et ce, à quelque niveau que ce soit. De la maîtresse de maternelle à l’enseignant de philosophie en prépa, il y a obligation d’avoir au minimum un bac +5 désormais. Ce Master 2 peut s’obtenir dans n’importe quelle discipline, toutefois, en contrepartie de cette nouvelle exigence, a été créée une nouvelle filière : Sciences de l’éducation. On peut donc, et même l’on doit donc, avoir, pour enseigner les premiers principes de lecture comme les fonctions mathématiques les plus complexes, un diplôme qui n’est absolument pas monnayable sur le marché actuel du travail. L’enseignant doit avoir un bac +5 de prof. Dès le départ, la reconversion, si jamais celle-ci doit avoir lieu un jour, est quasiment impossible. Vous avez un diplôme de lecture et de déchiffrage de théories pédagogiques pour grossir le trait, théories qui, en plus, souvent, pour la plupart, s’avèrent totalement inutiles ou inadaptées in situ. Le lobby des pédagogos a été tellement performant qu’il a réussi à faire croire à des politiciens incompétents qu’il était essentiel de connaitre l’ensemble des théories impraticables en classe pour pouvoir enseigner. Il est impératif de connaître toutes les possibilités de l’évaluation ou du programme pour gérer une classe. Que l’essentiel du métier d’enseignant se trouve dans la faculté à construire des grilles d’évaluation, des utilisations des compétences ou dans la présentation des séquences et la construction des séances. En gros, êtes-vous bien formatés pour être un bon formateur ?

Vous voilà donc détenteur d’un diplôme de M2, totalement inutile et inadapté. Vous avez obligation de ne pas vous être trompé de chemin de vie. La bascule est assez compliquée à mettre en place. Toutefois, ce diplôme n’est pas suffisant. Loin de là. On exige ensuite de vous que vous obteniez un concours. Il ne s’agit pas du BCG ou du permis de conduire mais d’un concours plutôt pointu (que ce soit pour les profs des écoles ou ceux du secondaire), dans lequel on va vérifier que vous avez bien compris toutes les méthodes pédagogiques que vous avez apprises et que vous êtes capable de proposer des activités variées et pertinentes pour les élèves qui se trouveraient devant vous. En gros, on cherche dès ce concours à savoir si, sur le papier, vous serez un bon petit soldat. Ce concours nécessite du travail de révision, de lecture, de connaissances. On ne s’improvise pas lauréat du CAPES ou du CRPE . On se retrouve confronté à des épreuves théoriques sur table dans de grandes salles des expositions et on joue, à ce moment-là, une partie de son avenir professionnel. Si jamais, grande joie, les écrits sont réussis, au moins suffisamment pour que l’on considère que vous êtes à peu près en accord avec les inepties de l’éducation nationale, vous avez le droit de passer les oraux. Epreuve ou, encore une fois, vous devez montrer votre capacité à accepter un système particulier mais extrêmement cadré. Vous êtes jugé, par des gens que vous ne connaissez pas mais qui vous sont présentés comme références dans le domaine or il se trouve que dès lors que vous connaissez l’identité de certains d’entre eux, vous voyez qu’en terme de références ils n’ont que celles de la cooptation et de la servilité pour nombre d’entre eux.

Considérons que vous avez votre M2, c’est-à-dire 5 années d’étude quasi inutiles, dans un domaine quasi inutile et non utilisable dans un autre parcours professionnel, que vous avez réussi une épreuve écrite particulièrement exigeante et un oral particulièrement stressant, vous êtes détenteur du Capes ou du Crpe. Mais vous n’êtes pas encore prof.

L’obtention du sésame d’enseignant est donc assujettie à la faculté de se fondre dans un moule qui très souvent n’est que totalement artificiel et ne vise qu’à maintenir les enseignants dans un statut de bons petits soldats. Il est d’ailleurs aisé de constater que ceux qui ont des problèmes avec une hiérarchie pédagogique poussiéreuse sont généralement ceux qui sortent du rang, qui ne marchent pas dans les passages piétons ou qui ne font pas les courbettes réglementaires. Dès qu’un enseignant ne fonctionne pas comme le veut la hiérarchie, il prend le risque de se voir critiqué si ce n’est davantage. A contrario, et nous en avons tous connus, des enseignants qui se font bordéliser, qui sont inintéressants, inadaptés mais qui respectent bien toutes les cases sont valorisés. J’en ai connu des bi-admissibles et des agrégés dans les cours desquels les stagiaires et autres contractuels venaient faire la police tellement la gestion de classe était impossible, mais voilà, maitrise totale de la discipline au niveau théorique. Sur papier, c’est parfait, dans la réalité c’est à chier. Lorsque les formateurs, la grande majorité, sont dans le sens du vent, il ne faut pas attendre que les formés aillent à contre-courant ni même que l’anti conformisme soit compris ou valorisé. Si ceux qui doivent nous mener à exploiter nos différences sont ceux qui représentent en toutes choses le système, il ne peut y avoir d’autre issue qu’une uniformisation. Je veux bien que, par certains truchements cognitifs, certains essaient de me démontrer le contraire afin de protéger une paroisse en ruine mais le triste constat de la réalité est bien celui de faire entrer par tous les moyens tout ce qui dépasse, et lorsque ce qui dépasse est un humain alors les dégâts sont profonds. Bien évidemment, les « cas particuliers » ne peuvent être pris comme mètre étalon d’une masse et d’une majorité, c’est une évidence, toutefois, en l’occurrence, cette corporation des cas particuliers est juste niée et on lui demande à elle, cette corporation, de faire des efforts pour entrer dans un moule débile, stérile et abscons. Certains se sacrifient et réussissent à devenir de bons petits soldats à la solde d’une idéologie à laquelle ils ne croient pas, d’autres ne réussissent pas à s’adapter et les portes de l’uniformité se referment sans cesse sur eux.

Comment pratiquer des activités buccales suivies en environnement hostile et considérer que tout est normal? (de l’Education Nationale ou de ce qu’il en reste -droit de réponse perso-)

Par la magie des réseaux sociaux et de l’impossibilité à rester camouflé, dans ce monde, où tout se partage, même le vide, mon récit sur mon rapport avec l’éducation nationale s’est retrouvé publié sur un groupe d’enseignants. Dans un premier temps, je vais rappeler cette lapalissade qui me semble essentielle, surtout en ces temps particuliers: je suis responsable de ce que je dis, pas de ce que tu comprends.

A travers mon billet précédent, plusieurs reproches ou critiques m’ont été faits. Et j’en suis particulièrement satisfait. D’abord, parce que cela signifie que certains prennent le temps de lire ce que j’écris et donc, je les en remercie, et, d’autre part, parce que les critiques se doivent d’être constructives et elles ne peuvent me permettre que de m’améliorer, et évidemment, j’apprécie cette opportunité.

Les points qui semblent déplaire à certains, concernent principalement le traitement que j’aurais réservé aux titulaires. J’aurais volontairement, et de manière prononcée, attaqué les enseignants. Je rappelle qu’il s’agit de mon expérience personnelle, de mon histoire, alors, d’abord, je dis quand même ce que je veux… Il parait que nous sommes en démocratie (voir les billets précédents) et, ensuite, j’ai volontairement, justement, été particulièrement tendre avec les anciens collègues, contrairement à ce que j’ai vécu. Il s’agit de mon histoire, des profs que j’ai croisés, il ne s’agit pas de tous les enseignants de France, mais de ceux qui officient dans les établissements que j’ai fréquentés et bien évidemment, pas de tous. On m’accuse de généraliser alors je précise qu’il s’agit d’une poignée d’enseignants qui se pensent supérieurs aux suppléants, qui se cachent de toutes activités extra scolaires, qui surveillent le moindre de tes faits et gestes et rarement pour que tu t’améliores mais bien, le plus souvent, pour te dénoncer, le plus vite possible, à la direction. Si les enseignants titulaires se sont sentis visés par mes mots alors, en réalité, tant mieux… Peut être que cela permettra de jeter un autre regard sur les suppléants, stagiaires, contractuels… Je ne généralise pas et je parle clairement et définitivement des enseignants que j’ai rencontrés… Je ne vois pas comment le dire autrement… Dans le secondaire, dans mon département… Point… La majorité des enseignants, en France, je l’espère, en tout cas, adopte les valeurs qu’ils sont censés défendre et promouvoir.

Le fait d’être suppléant, contractuel, implique, de fait, que j’aurais eu besoin d’aides, de soutiens, de conseils or, il se trouve que je n’ai vécu que des coups fourrés, des attaques et, rarement sur la qualité de mon enseignement, mais bien sur ma personne, et c’est ce qui m’est reproché sur les rapports d’inspection. On ne me reproche rien au niveau didactique même si j’ai, évidemment, totalement, conscience que tout n’est pas parfait et même très loin de ça, mais on me reproche ma personne, ce que je suis. On me reproche sous couvert de cette histoire de bienveillance sur laquelle il faudra un jour que le corps éducatif pose une vraie définition, d’être trop proche des élèves. Je vous vois venir. Etre trop proche, dans le sens où je savais ce qu’ils vivaient, où je les chambrais et qu’ils avaient autorisation de me chambrer en retour, c’est ça l’égalité, mais évidemment, sans aucune insulte, ni d’un côté ni de l’autre. Les limites étaient claires pour tous mais la décontraction était de mise parce que ça n’est pas grave.

J’ai entendu ou plutôt lu aussi qu’il s’agissait d’un texte qui montrait un Moi face au reste du monde. Je vais considérer que je me suis mal exprimé plutôt que de considérer qu’il s’agit d’un commentaire de prof (je reviendrais sur cette notion qui m’inspire le titre de ce billet). Je ne suis, en rien, seul contre le reste du monde. Le monde est injuste au secours, sauvez moi! Premièrement parce que la très grande majorité des contractuels que j’ai croisés, dans mon parcours, vivaient exactement la même chose que moi (donc je ne suis pas seul) et que considérer que je me suis placé, seul, face au reste du monde, ça, c’est de la généralisation stupide que je n’ai pas faite. Il s’agit juste de moi face à quelques personnes. J’ai d’ailleurs clairement stipulé qu’il y avait les collègues, certes, et je réitère cette critique, mais aussi les directions, les inspecteurs et les formateurs ESPE. Comme je l’ai appris de ma banlieue, la personne qui se sent visée ne peut l’être que parce qu’elle n’a pas, elle même, le cul propre. Cela est certes familier mais reprend et annonce l’idée qui était sous jascente jusqu’alors, et qui devient visible, d’un corporatisme d’opportunisme. On a le droit de ne pas croire en mon témoignage, et à la limite, cela n’est même pas mon souci, je raconte et la foi est une donnée propre à chacun. On me croit, tant mieux, on ne me croit pas, tant mieux…  Et, encore une fois, je ne généralise pas! Je parle de mon expérience.

Le statut de contractuel n’est pas un choix, en tout cas pas, pour moi, et si cela avait été un choix, je n’aurais pas passé le concours. Je ne sais pas s’il s’agit d’un choix de toucher 1300 euros par mois avec un bac + 5 pour faire le même job qu’un titulaire, (on peut, peut être, se retrouver autour de cette idée qu’un titulaire et un suppléant exerce le même métier? En fait, je me demande quand je lis les témoignages des titulaires.). Il y a donc des titulaires qui vous considèrent comme équivalents à eux et d’autres, comme je le vois dans les témoignages, qui se considèrent supérieurs. Ils ont raison.

J’étais un mauvais prof, je l’ai dit mais je le redis puisque certains m’ont reproché d’être imbu de moi même. Je ne pensais vraiment pas qu’on me reprocherait cela à travers ces textes mais soit… je suis imbu de moi même mais j’étais, quand même, un mauvais prof. Alors, on peut me faire le reproche de la prétention même si je le trouve assez paradoxal avec les 3 textes qui composent finalement cette confession. Mais j’accepte le reproche et présente mes excuses sur le fait que je ne me considère pas encore totalement comme une sous merde.

On me reproche de taper beaucoup, sans doute trop, sur cette fabuleuse institution. Alors, je ne raconte que ce que j’ai vécu…. MOI, MOI, MOI (ça c’est de la suffisance mais si je ne fais pas ça, on va dire que je généralise, alors c’est MON histoire, est-ce clair? )

  1. Oui, un contractuel touche 1300 euros environ selon les heures sup et compléments divers type PP.
  2. Oui, on nous demande un bac + 5 pour exercer, ce qui correspond, dans le monde hors EN, à un statut de cadre. C’est la loi qui est comme ça et non, moi ni ma prétention.
  3. Oui, j’ai exercé ce métier pendant 6 ans dans un établissement qui se trouve à une heure de route de chez moi (et je suis très loin d’être le seul enseignant dans ce cas, mais j’imagine que ceux qui me critiquent trouvent cela normal aussi.)
  4. Oui, pour aller au travail, il faut un véhicule et oui un véhicule a besoin d’essence pour rouler (quel con! et ça aussi j’en parlerais un jour) et donc, oui, une partie du salaire part en fumée de pot d’échappement.
  5. J’ai même, à un moment, loué une chambre chez l’habitant, une collègue, pour éviter la route parce que, physiquement les routes de campagne, la nuit, je n’y arrivais plus, je ne suis plus tout jeune non plus, et, à mon âge, les facultés déclinent très rapidement. Donc 2 loyers. Pourquoi 2? parce que j’ai aussi une vie, aussi étrange que cela puisse paraître, et que j’avais, quand même, envie, parfois, de croiser mon fils, pardon.)
  6. Je parle uniquement que de ce que je connais donc je ne parle pas d’autres parcours parce que je ne suis pas le mieux placé pour en parler même si, évidemment, j’en connais, parce que, en tant que suppléant, j’ai été amené à parler avec les suppléants puisqu’on forme assez vite une caste, un entre soi (dans mon département et dans les établissements que j’ai fréquentés!)
  7. Je suis très très loin de taper autant que je le pourrais, je me retiens parce que je ne fais, en fait, que raconter mon vécu et que, désolé, mais je ne suis pas aigri même si ces lignes peuvent laisser entendre le contraire. Je comprends qu’on le pense puisque ça rejoint la critique que je formulerais plus tard sur les critiqueurs justement. Il est normal de répondre à ses détracteurs mais je le fais de manière courtoise et correcte parce que je n’ai pas de raisons d’être véhément contrairement aux critiques que j’ai reçues.
  8. Je le répète une dernière fois parce que, malgré tout, les critiques touchent: je ne parle que de mon histoire et de ce que j’ai vécu donc je ne généralise pas, je ne parle que de ce que je connais, c’est à dire ma situation, et je suis sans doute prétentieux et imbu de ma personne, très bien, mais j’étais un mauvais prof et c’est un soulagement, à la fois, pour l’éducation nationale et pour moi que nos chemins ne se croisent pas plus avant, et ça ne me dérange absolument pas de le dire: J’étais un mauvais prof.

Je constate simplement que le corporatisme pousse certains à défendre l’institution. Ce corporatisme est surprenant quand on entend le discours de certains en salle des profs, et encore, davantage, quand on voit la faculté incroyable de mobilisation des enseignants pour que ce genre de situations ne se reproduisent pas, et pas pour moi, à titre personnel, je n’ai plus rien à gagner et même ça ne m’intéresse plus, mais pour les suppléants, contractuels qui sont légions dans les établissements et dont désormais,la situation est connue puisque certains semblaient clairement l’ignorer. Je considère, que comme vous ne faites rien pour que cela change, que vous cautionnez ce traitement de l’EN. Alors, critiquez moi si cela vous chante mais clairement, vous ne faites que confirmer, à mes yeux, que l’EN est une grande famille bien particulière. Mais, c’est une famille. Et oui, je suis prétentieux bla bla bla et oui, je suis aigri bla bla bla et oui, je généralise si vous voulez….

Donc, quand les titulaires se mettront en grève, ou bien feront de véritables actions, (il n’y a pas que la grève), pour défendre, et surtout améliorer le statut des suppléants, alors, je considérerais que vos critiques sur ma généralisation est recevable. Pour l’instant, la seule chose que je constate, c’est que, beaucoup ont oublié qu’ils ont un jour été suppléant et que, perdre une journée de salaire ou je ne sais quel avantage inconnu reste inenvisageable pour défendre les collègues. Vous traitez les suppléants comme des collègues. Prouvez le. Vous pourrez, ensuite, me critiquer. Pour l’instant, à mes yeux, et aux yeux de beaucoup de personnes dans la société hors EN, vous n’êtes qu’une corporation plaintive et égoïste qui oublie ce qu’est le monde réel qu’elle vise, pourtant, à enseigner aux jeunes. C’est un élément flagrant de ce que ma nouvelle position m’a appris. Vous vous plaignez que le reste du monde ne vous soutient pas quand vous êtes en action mais vous refusez de soutenir le reste du monde quand il est en action et pire, vous refusez de soutenir les membres de votre propre corporation pour conserver vos propres privilèges statutaires. De loin, désormais, je pense, modestement, que si l’école doit un jour s’améliorer, en France, cela ne passera que par les enseignants et, grâce aux enseignants, mais j’en viens, en toute prétention de ma part, à me demander, si cela est réellement la volonté de la majorité des enseignants. J’ai dit la majorité!!!! Il n’y a pas de généralisation!

L’art de la perforation anale dans les plaines du Caucase administratif (de l’Education Nationale ou de ce qu’il en reste – acte 2)

Alors, tu acceptes d’être prof principal de seconde parce que les titulaires ne veulent pas. Tu acceptes d’être coordinateur matière parce que les titulaires ne veulent pas et, comme toi, tu as besoin d’euros, tu acceptes, de toute façon, n’importe quoi et tout le monde le sait. En plus, tu as la malchance de parler quelques langues alors, tu pars en voyage, c’est toujours ça… parce que les titulaires ne veulent pas… alors toi qui habites loin de ton lieu de travail, toi qui ne gagnes pas lourd, toi qui, forcément, paies tes repas parce que tu ne rentres pas chez toi, toi qui se tapes, en plus, des pleins d’essence parce qu’il faut bien y aller, et bien, toi, tu fais des heures et des heures, parce que les titulaires ne le veulent pas.  Il y a donc ce que tu gagnes et ce que, en réalité, tu gagnes. Alors tu fumes, parce que la fatigue, les nerfs, l’injustice… d’autres boivent, se droguent, ou prennent des substances antidépressives… et à la limite, comment faire autrement? Voila comment l’éducation nationale construit des précaires qui s’enfoncent et qui doivent corriger des copies et donner le bac.

Toutefois, soyons honnêtes. Il y a une part de masochisme dans ce métier. Les points positifs sont quasiment absents et, en fait, au nombre de 1. Et pourtant, on y retourne tous les ans, dans les mêmes conditions pourries, et on donne satisfaction mais il n’y a pas d’évolution parce que toi, tu as un autre parcours, parce que toi, tu ne passes pas ta vie à te plaindre ou à médire sur tes collègues et pourtant, dieu sait qu’il y aurait matière et enfin parce que toi, tu es toi.

Tous les ans, tu veux y retourner parce que les élèves…. Il n’y a que des aspects négatifs et tu y laisses des plumes à tous les niveaux: financiers on l’a vu, moraux parce que l’estime de toi est au top (ironie), ceux de la santé forcément, familiaux parce que tu vois tes gamins entre deux copies et deux trajets de bagnole, sentimentaux parce que les dîners romantiques, de toute façon, t’as pas les moyens, sexuels parce que, de toute façon, t’es pas vraiment en état pour donner le meilleur de toi même. A petits feux, ce traitement te tue. Tu t’accroches parce que les élèves…

Et puis, tu croises l’individu qui, finalement, va finir d’achever ta motivation. Une combinaison d’individus, en réalité, qui te montre que, vraiment, ta place n’est pas dans ce milieu. Une direction qui déjeune tous les midis avec toi, à base de sourires, tapes dans le dos et confidences personnelles et qui, au final, recopie le bilan de l’IPR pour ne pas prendre de risques, des collègues qui se servent, toute l’année, allègrement de tes cours parce que tu es corporate et que tu partages et qui, au final, vont crier ton incompétence dans le bureau de la direction de peur de perdre des privilèges, une IPR qui t’annonce, les yeux dans les yeux, qu’elle n’a rien à te reprocher mais comme l’IPR 1 s’oppose à ta validation, elle ne va pas la contredire, des formateurs qui t’accusent, dans ton dos, de tous les maux, plagiats ou nonchalance, mais dont tu attends toujours un mot en face… alors ce monde là, finalement, tu es poussé à le quitter, malgré les élèves.

Alors tu es licencié ou renvoyé ou mis sur le côté parce qu’en réalité, on ne sait pas quoi faire de toi. Tu as signé, quand tu y croyais encore, un CDI, qui devait te protéger et qui, en fait, ne fait que t’obliger à aller voir les syndicats pour faire valoir le droit du travail. Et puis, tu vas à pôle emploi, tu vas dans un lieu où tu n’avais jamais mis les pieds et tu découvres. Tu fais des bilans de compétence où tu apprends que, avec tes diplômes, ton expérience et tes compétences, tu n’as pas le droit d’accepter des emplois à moins d’un salaire précis qui correspond au double de ta rémunération d’enseignant. Et puis, tu retournes, en fait, dans le vrai monde, avec les vrais gens et la vraie vie et, très vite, tout cela ne te manque plus.

Déjà, pour la première fois, depuis très longtemps, tu as eu de vraies vacances pendant lesquelles, tu as vraiment profité. Tu n’as pas pensé progression ou évaluation, compétences ou préparations. Tu as uniquement bronzé, fait du surf et tu as découvert un lieu fabuleux et même, tu as appris la langue, trois mois avant de partir, lorsque tu savais, parce que tu n’es pas totalement con, déjà, que, de toute façon, c’était fini pour toi, cette vie dans l’En et que, en guise de petite vengeance inutile, non, cette année tu n’irais pas corriger les épreuves d’examen, tout simplement parce que, maintenant, tu t’en fous.

Bien sûr, le rectorat te convoque pour justifier des salaires inutiles, il faut bien qu’on te convoque. Tu passes devant une commission où tu prends, enfin, plaisir à dire à ces gens, ce que tu penses d’eux, parce que, de toute façon, tu t’en fous. Alors des éminences grises, au niveau de la couleur des cheveux, pensent encore avoir une quelconque autorité sur toi et là ils comprennent vraiment pourquoi ils ne te valident pas, parce que tu n’es pas malléable, tu n’entres pas dans ce moule et même tu le fuis.

Comme le rectorat, l’état, considère qu’il doit faire les choses correctement, on te convoque encore pour définir une reconversion. C’est là que tu entres dans une dimension parallèle, un monde qui n’existe nulle part ailleurs. Un immeuble de 6 étages, avec une vingtaine de bureaux par étages, avec deux personnes par bureau qui ne font rien ou qui, en tout cas, tout comme certains détenteurs de l’autorité nationale suprême pendant une catastrophe naturelle, brassent de l’air. Il est là le mammouth, dans ces bureaux, où la seule machine qui semble branchée est la machine à café. Le reste semble être un décor de Cinecitta, une comédie italienne avec toute l’absurdité dont il sont capables. Dans cet univers improbable, le rendez-vous consiste à te proposer de revenir dans le giron des suppléants en oubliant ton ancienneté mais, quand même, revenir, parce qu’il y a les élèves…. Tu ne peux t’empêcher de rire de toutes tes dents, que tu as enfin eu le temps de refaire, et de voir, cette pauvre gratte-papiers chercher désespérément une solution pour toi comme si tu lui avais demandé quelque chose ou comme si tu avais besoin d’elle, et qui te propose: les concours administratifs. La seule issue pour elle, est d’entrer dans le giron des emplois de l’état. Il n’existe rien d’autre si l’on en croit ces gens mais, soudain, un éclair de génie illumine le regard terne et triste de cette pauvre femme, qui se rend bien compte que sa fonction, son travail, son salaire sont totalement inutiles, et qui te pose, enfin, une question personnelle, mais est-elle vraiment personnelle? : « Mais pourquoi n’êtes vous pas validé? ». Cette question, en réalité, tu ne te l’étais jamais réellement posée. Tu avais accepté l’idée que tu n’étais qu’un mauvais enseignant et que tout était logique. Alors, tu ne sais pas quoi répondre et la seule chose qui te vient, c’est de donner le nom de cette première IPR qui avait décidé que, de toute façon, tu ne serais pas prof. Et là, cette secrétaire, dans un bureau perdu, au fond d’un immeuble gris, qui n’a pour seul contact avec le corps enseignant que les personnes qui partent, lève enfin la tête et se décide à te regarder dans les yeux en te disant: « Ah oui, évidemment! ».

A méditer…. Peut être continuerai-je ce récit, peut être pas… parce que, en réalité, désormais, l’EN…

De l’Education Nationale ou de ce qu’il en reste… – acte 1

Il manque des enseignants. Chaque année, x enseignants sont manquants ou ne sont pas remplacés. Triste constat. J’ai été, pendant 8 ans, contractuel dans l’enseignement privé sous contrat. Donc, tout dans la légalité et toussa toussa… Balancé d’un établissement à un autre, la plupart du temps assez maltraité puisque tu récupères tout ce que les collègues (peut-on parler de collègues au final?) ne veulent pas. Les classes surchargées, indisciplinées, avec les horaires les plus ingérables… le vendredi en dernière heure ou le lundi en première et tout cela pour 1300 euros. Tous les ans, tu es convoqué dans les premiers pour corriger le bac et pour surveiller. Et les titulaires trouvent ça normal, à peine montrent ils, parfois, pour certains, une lointaine compassion quand ils apprennent ton salaire alors qu’ils sont déjà parfaitement au courant. Du coup, tu acceptes toutes les heures supplémentaires possibles. Tu fais les BTS alternance, les AP, la cantine, les récrés, les chiottes… tu arrives à peine à 2000 euros en étant, dans l’établissement, du lundi 8 heures au vendredi 17.30. Toutes tes heures sont prises et tu fais 45 heures par semaine dont 40 devant élèves. Et surtout, tu dois te taire.

Parfois, ton établissement se trouve à une heure, ou plus, de chez toi. Donc, tu te lèves à 6 heures et tu rentres chez toi au mieux à 19 heures quand il n’y a pas de conseils de classe ou de réunions préparatoires au carnaval de fin d’année ou autre connerie que toi, évidemment, tu n’as absolument pas le droit de manquer parce que ton absence se remarque, alors que certains titulaires ne savent même pas où se trouve la salle de réunions. Mais toi, c’est toi. Parce que, à aucun moment, il n’est venu à l’idée des ronds de cuir (j’adore faire mon Francis Lalanne, ça envoie du pâté) de rationaliser les postes, de prendre en compte la vie du personnel. L’enseignant n’est qu’un numéro, un pion déplacé au grès de désir qui échappent à la compréhension de tous, alors, quand tu es suppléant et que tu prends les miettes, tu imagines bien que ta vie quotidienne ne ressemble plus à rien.

Tous les élèves t’adorent mais les collègues et la hiérarchie te détestent. Tous les parents veulent impérativement te voir parce qu’ils entendent beaucoup parler de toi et qu’ils te demandent d’être amis sur fb ou même ton numéro de téléphone mais en salle des profs, tu dois faire profil bas parce que tu es atypique. Parce que être apprécié par les élèves et les parents, ça n’est pas normal, ça n’est pas le métier, ça n’est pas juste que les élèves aiment aller en Français! Ils doivent, comme tout élève qui se respecte, détester cette matière, parce que de toute façon, ils sont nuls et ils le resteront. Toi, tu n’es pas ça. Tu n’es pas prof, tu exerces la fonction de prof.

Et, comme si tout cela ne suffisait pas, tu enseignes une discipline critiquée en permanence. Les élèves ne savent pas lire, l’orthographe n’existe plus, ils n’ont aucune culture. Evidemment, tout cela, c’est notre faute et même puisque tu es là, c’est ta faute. La remise en cause éducative ne se fait que sur les enseignants car c’est aux enseignants d’éduquer les enfants maintenant. C’est en tout cas ce qui semble poindre dans un comportement général extrêmement malsain. Et, pour 1300 euros, désolé, mais moi, je n’élève personne et surtout moi je ne m’élève pas, je m’effondre. Alors, ce métier, que certains décrivent comme le plus beau du monde, devient, grâce à des politiques successives, uniquement un métier. Et pour ce salaire là, avec ce traitement là, il ne faut pas, en plus, attendre des miracles des enseignants.

Aujourd’hui, on exige, des profs, de construire la future élite intellectuelle en étant sous payés et totalement dénigrés. Je vous laisse réfléchir. En BTS, j’avais devant moi, des apprenants qui gagnaient mieux leur vie que moi.

En gros, et même en maigre, l’éducation nationale te considère comme un rien lorsqu’il s’agit du traitement et de la rémunération mais, par contre,  elle te fait bien comprendre que tu es essentiel, surtout lorsqu’il s’agit de corriger les examens car les contractuels, remplaçants, suppléants, vacataires ne sont pas compétents pour être titularisés, mais ils sont aptes à donner le bac ou pas aux élèves. Plutôt le donner, aujourd’hui, exclusivement, d’ailleurs.

En outre, dorénavant, avec cette fameuse bienveillance, l’enseignant devient de plus en plus, un surveillant auquel les parents sont bien contents de confier leurs progénitures.

Beaucoup d’enseignants aujourd’hui, et plusieurs par établissements, sont des précaires de l’en, chargés d’emmener les élèves au bac et, parfois, plus encore, alors qu’ils sont sous payés et maltraités humainement. Il est facile dès lors, pour la majorité des citoyens de critiquer les profs et, en plus, c’est de bon ton, ça fait bien, tu es drôle! Un peu comme les blagues macho de l’oncle alcoolisé dans les repas familiaux du dimanche midi, il y a 20 ans. La petite vanne sur les vacances ou sur le boulot cool… mais, la plupart des profs ne relève même plus ce genre de propos comme je ne relève même plus les allusions racistes sur mon nom. Les enseignants ont pris l’habitude de cela. Ils ont même pris l’habitude d’accepter des conditions lamentables de travail. Parce que l’humain s’habitue à tout et qu’à force d’accepter, il en vient même à accepter.

Un enseignant dans le secondaire aujourd’hui (et je parle du secondaire parce que je n’ai jamais enseigné dans le primaire) c’est une personne qui a 30 ados devant lui, avec 30 problématiques personnelles, 30 niveaux (même s’il ne faut pas parler de niveau) différents devant soi, 30 motivations différentes allant de l’absence totale au respect d’écoute de base, et 30 qui doivent avoir la mention la plus haute au bac parce que le bac….

Alors, tout cela, ce n’est que le quotidien d’un suppléant quand tout va bien. Quand tu es une grande gueule, quand, dans la vie, tu as fait autre chose que l’école, et que tu es jugé par des personnes pour lesquelles tu n’as aucun respect et que tu n’estimes pas légitimes, tout devient encore plus compliqué. Voilà, votre serviteur ne respectait pas les personnes désignées pour le juger comme il n’avait pas l’intention non plus de prêter allégeance à des collègues exécrables et acariâtres et donc, ça, ça se paie.

J’ai eu droit aux pétitions signées des élèves et des parents, pour que je reste, avec envoi au rectorat. J’ai eu, évidemment, le cercle des poètes disparus. Evidemment. Et je ne cherche pas ici à montrer que j’étais un bon prof. Aucun intérêt. Et même, j’étais plutôt un mauvais prof puisque je trouvais les programmes assez minables, du coup, forcément, il n’y avait pas d’entrain de ma part, à étudier certaines choses. J’ai, il faut le dire, des goûts arrêtés sur énormément de choses et, en particulier, en littérature. Ainsi, certaines œuvres que d’aucun considérerait comme des classiques et comme des incontournables, sont, pour moi, des pensums à éviter à tout prix, mais brisons-là, ce n’est pas le sujet, ni le propos du jour.

J’étais un mauvais prof parce que je ne voulais pas que ma hiérarchie m’apprécie parce que je préférais plutôt que mes élèves et leurs parents me trouvent efficace, intéressant, juste et compétent. Et puis, il arrive un jour où cette fameuse direction te dit que tu dois passer le concours, parce que ce n’est pas normal qu’un enseignant comme toi n’ai pas le concours, trop cultivé, trop impliqué, trop pertinent même si clairement hors cadre. Alors, tu passes le concours, et puis ta culture suffit pour obtenir ce concours. Oui, je n’ai absolument rien fait pour avoir ce concours en interne, un vague dossier de quelques pages rédigé en 3 jours d’une traite. Oui, je sais c’est injuste, mais c’est ainsi. Sans doute n’étais je pas suffisamment motivé pour donner davantage.

Toutefois, tu es admissible et tu te retrouves dans une ville, loin de chez toi, pendant 2 jours et tu prépares un oral. Mais, comme c’est moi et que je ne suis pas intéressé par cet aspect des choses, tu ne prépares pas le bon oral et tu ne comprends même pas ce qu’il t’arrive à cet oral et, au final, tu décroches un 10 tout pourri mais tu as ton concours. Tu te dis que ça y est, tu es prof! et pourtant, c’est là, à cet instant là, au moment où tu reçois ce papier qui te dit que tu es prof, que tu as le capes, c’est là que commence l’enfer. C’est là, qu’être atypique, dans une académie contrôlée et fagocitée par une IPR (inspecteur principal régionale) qui n’a pas géré une classe depuis depuis 1974, et qui a, pour passion perverse, la destruction massive d’enseignants, (toute l’académie le sait, tout le monde laisse faire), se paie, se voit, se ressent, se vit. Alors forcément, quand toi, comme d’habitude, tu ne joues pas ce jeu du léchage de bottes massivement pratiqué par la majorité de tes « collègues » , tu sais que c’est mort et là, toussa toussa pour ça…

à suivre…