C’est finalement en ce sens que toute la quintessence de cette ville surgit et remonte du plus profond des entrailles. C’est lorsque l’absence devient réelle et longue et que le retour se fait par les travées nocturnes et douces de ses quartiers populaires. C’est parce que cette ville reste malgré toutes ses blessures et ses attaques provinciales, le lieu de naissance, de vie, de déambulations. Alors, retrouver cette errance nocturne malgré les crachats, les souillures de non autochtones, de tous ceux qui ne savent pas et ne font pas volontairement le mal ou le sale mais froissent chaque jour davantage l’icone lutétienne.
A chaque fois, le retour aux sources prend tout son sens parce que je suis d’ici et que, même en étant ailleurs, une part de moi reste à jamais sur ces boulevards, sur ces maréchaux, sur ces rues souillées et ternes. Ce n’est plus la ville de mon enfance, je ne suis plus dans l’enfance, c’est un autre lieu, un autre univers désormais dans lequel je n’ai plus ma place mais qui reste mon monde. La dichotomie entre ce que je suis et ce que c’était, entre le monde dans lequel je naviguais et celui que je traverse aujourd’hui. Ça manque d’océan et de forêts, de bleu, de vert, de couleurs chatoyantes et vivantes, ça manque d’odeurs douces et sucrées, de douceurs et de sourires mais c’est chez moi. Toujours reviennent en moi les entailles profondes de ce passé ici, je ne reviendrais pas y vivre parce que ça n’est plus ma ville mais ça restera toujours chez moi.
#freeali