La destruction programmée de ce que d’aucun pourrait appeler liberté 6/5 – La semaine politichienne de Smig

Parce que tout cela ne tient debout uniquement parce que les hommes (ou femmes) qui reproduisent ce schéma sont formés pour ça et reproduisent un schéma qu’ils considèrent bon et juste. La remise en cause des élites n’est pas autorisée. Il faut appliquer. Il faut jalonner. Il s’agit de se montrer le plus compétent pour reproduire sans fin une domination d’une caste sur une autre. de temps à autre, l’élite construit un casting via les grandes écoles afin de recruter le meilleur lécheur de bottes qui ne serait pas issu du sérail.

Le système féodal a été reconduit en pire depuis la révolution. Désormais, on retrouve dans les strates de contrôle, les fils et filles de… Journalistes, comédiens, écrivains, politiciens, entrepreneurs descendent de lignée déjà installées. Le renouveau ne se fait que parcimonieusement avec de dociles toutous venus du Havre ou d’ailleurs. Seulement un par un, et rarement, simplement histoire de faire croire au reste de la populasse qu’il y a toujours une place possible. On commence à entrouvrir la porte aux minorités visibles comme on dit mais jamais il ne s’agit de critiques ou de questionneurs. Des biens dociles issus des écoles méritantes de la république. Les écoles publiques financées par les pauvres pour permettre aux élites riches de se reproduire en toute tranquillité et on se retrouve avec des désagrégés de lettres ou de philo qui nous expliquent les relations internationales et l’économie pendant que le maintien dans le système marchand et capitaliste s’amplifie.

Une société sous surveillance dans le langage mais aussi dans les divertissements, qui construit un modèle de surveillance interne et personnel dans le but de moins avoir à contrôler.. Une société sous contrôle dans le but d’élever une élite qui se reproduit entre elle, dans un rapport de consanguinité de la pensée, puisque celle ci est unique. Un système policier, judiciaire et législatif qui cautionne et entretient ce même système en échange d’impunité. Un enseignement dispensé à deux vitesses pour entretenir l’élite dans un confort cognitif ou réduire les entrées dans la révolte pour le tout venant populaire. Chaque élément est à sa place et chacun joue son rôle dans le théâtre du monde et nous nous conformons aux mises en scène. Nous acceptons cet état de fait avec la croyance personnelle, égoïste, interne d’être en réalité un rebelle incompris parce qu’il y a là le véritable génie du système mis en place. Faire croire à chacun qu’il est un rebelle alors qu’il est en réalité totalement intégré aux schémas prédéfinis et moi le premier.

Alors, les prédicateurs annoncent des révolutions en n’y croyant absolument pas mais les rebelles sans ailes se jettent sur ce recours pour croire que la rébellion est proche mais finalement, les rebelles ne font que ce que font tous les autres: se chercher une place au soleil. Le seul espoir qu’il reste est une vraie révolution populaire sans parti aucun ni politiciens avec l’envie de changer de modèle de société à tous les niveaux. De repenser l’intégralité du monde. Comme aucun des clowns qui hurlent sur les estrades ne proposera jamais ça, souriez bonnes gens, le monde va comme il va et tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes.

 

Canapé de sourires sur plateau

Le présentateur cherchait à distribuer la parole de manière équitable et calme. Plusieurs invités faisaient semblant de s’écharper autour d’une table en formica blanc. Un décor hi tech qui faisait chic mais surtout chirurgical. Je ne connaissais pas ces gens. Je ne les entendais pas parce que je n’avais aucune envie de les écouter. Je m’étais arrêté dans un troquet ouvert. Histoire de prendre un café, qui devint vite deux et même trois, juste pour me tenir éveillé ou pour entendre des voix humaines, autres que la mienne, résonnant et tournant en boucle, dans ma boite crânienne. Il y avait là des opposants politiques, finalement, plutôt d’accord avec le suiveur (en l’occurrence la suiveuse) du président et des analystes, qui s’autorisaient à penser sur tout et à parler de tout, en ne sachant rien, sur rien.

Au moins, cela me faisait une distraction de voir des visages se déformer sous les efforts de convictions légères et mensongères. L’espace court d’un instant, je me demandais ce que vivait cette femme blonde totalement insipide et insignifiante, qui montrait juste, par ses interventions, que le président avait raison sur tout et en tout et que sa prestation du début de soirée était digne de figurer dans les livres d’histoire dès demain. Je m’imaginais toutes ces heures qu’elle avait dû passer à convaincre des électeurs désabusés, à se laisser berner, encore une fois, sur les places de marché d’une quelconque province dont elle se fout, en réalité, éperdument. J’imaginais les courbettes et autres joyeusetés qu’elle avait été obligées de faire, pour recevoir la parole divine et la bénédiction présidentielle, dans le cadre de son investiture pour finir à l’assemblée nationale. Je l’imaginais déjà, après l’émission, se restaurer, en compagnie de cet homme, physiquement imposant, noir, transpirant et qui déployait des efforts incommensurables de rhétorique pour nous faire croire qu’il était contre. Mais contre quoi ? Lui-même ne semblait pas le savoir.

Et je les voyais dans mon songe, rire et se taper sur l’épaule, en compagnie de ce freluquet affublé d’un foulard de soie turquoise comme portent ces femmes qui veulent cacher les traces de strangulation de leur conjoint. Il voulait montrer que son avis était essentiel parce qu’il était pertinent, d’autant qu’il avait un avis sur tout. Pourtant il ne ressemblait à rien et, dans la rue, le croisant, je pense que je ne lui aurais même pas demandé mon chemin, tant son visage dégageait une perspective de discussion chiante comme celle qu’on n’a vraiment pas envie d’avoir. Je les imaginais, tous les trois, rire, sur les pauvres gens qui croyaient encore leurs discours et se moquer, avec ce présentateur au brushing aussi impeccable que ses idées paraissent courtes, de nous tous, s’enfilant les petits fours et les flûtes de champagne avec la satisfaction du devoir accompli. Je devinais des cuisses de poulet déchiquetées par des mâchoires acérées et des miettes de canapés aux œufs de lumps, perdues dans des barbes de trois jours, taillées par un expert visagiste peroxydé, même si ça n’est plus la mode.

Une foule de courtisans distribuant des sourires et des poignées de mains molles et moites. Tout un univers de dégoût et de bons sentiments apparents pour cacher les pires pensées de l’humanité. Ils se devaient de rire fort et ostensiblement à pleines dents détartrées du matin alors qu’il n’existe plus de dentistes disponibles sur le territoire. Il fallait faire montre de soumission pour continuer à bénéficier des avantages et des privilèges de la fonction. Il fallait montrer que quelque soit le nom du parti, l’idéologie exprimée du parti, la compatibilité avec l’élite était sans failles ni discussion possible. Sur fond de musiques d’ascenseur et d’hôtesses apprêtées, malgré l’époque qui voulait que les hôtesses deviennent des hommes, ces règles là n’étant qu’assignées aux manants, les robes de soirée et les costumes cravates échangent des regards complices et numéros de téléphone pour entretenir cet entre-soi qui ne concerne qu’eux.

La destruction programmée de ce que d’aucun pourrait appeler liberté 5/5 – La semaine politichienne de Smig

Justice pour tous, équité pour les autres

Tout crime doit être puni. Alors manifester contre l’ordre et ses forces, contre la paix et ses gardiens, c’est un crime de lèse majesté et ça, le roi ne saurait le tolérer. La molestation n’est qu’un avertissement. Il faut sanction face aux actes non commis mais face à la rébellion, le pouvoir se doit de montrer sa force, sa ligne, sa dureté. Etre dur avec les faibles, être faible avec les forts.

Les quelques coups, les quelques blessures, même graves, ne sont pas suffisantes pour mettre à bas les revendications. On laisse les sombres casser pour justifier qu’on frappe, blesse, mutile, tue les innocents et pacifiques. Les sombres antifas qui ne sont que les premiers outils de la répression eux, n’ont aucune manifestation du maintien de l’ordre. Tout le monde les connait dans les services autorisés ou alors ces services ne servent à rien et pourtant ils sont là à chaque manifestation d’une opposition. Ils sont donc l’oppression plutôt qu’une solution mais ils permettent l’oppression physique des forces de l’ordre sur les légitimes.

Mais, il faut punir et même châtier les vrais révoltés. L’arsenal judiciaire se met en branle et se charge de mettre hors d’état de nuire les derniers survivants qui tiennent encore debout. Il répond aux injonctions du législateur qui invente avec une grande dextérité et un art consommé du machiavelisme. des lois anti grèves, anti manifs, anti propos, anti pensées, anti relations… Tout devient interdit de manière discrète, efficace… Seuls les quelques uns qui s’efforcent de rester éveillés, de rester contestataires voient les tonnes de textes et de décrets qui réduisent les libertés passer. Nul n’est censé ignorer la loi mais personne n’est capable de la connaitre.

Alors après les blessures, les mutilations, les coups, les molestations, vient le temps des affres de la justice qui finit de broyer des êtres incapables de se défendre par manque de connaissances du sujet et incapables de choisir des défenseurs par manque de moyens. Les amendes impayables, les condamnations de prison qui sont davantage qu’une simple condamnation momentanée à l’enfermement. Tout est en place pour que tout soit lisse et que la moindre aspérité ne soit cachée, masquée, empêchée, contrariée.

Chaque jour défilent des lois plus stupides que la précédente croit on… En réalité, chaque loi a son but, son sens, son oeuvre. Elle va plus loin dans le protocole. Et la boucle est bouclée et le routourne tourne toujours dans le même sens.

La destruction programmée de ce que d’aucun pourrait appeler liberté 4/5 – La semaine politichienne de Smig

Une pluie de matraques sur le soleil du changement

Pourtant, malgré un contrôle de tous les instants par tous les moyens possibles, qu’ils soient humains ou technologiques, qui permettent de construire une société de l’uniformisation, certains refusent encore de se cadrer. La méthode douce a été distillée de partout et pourtant, il existe encore des réfractaires. Encore des gens pour contester l’ordre, pour refuser une hiérarchie qui n’a aucune légitimité si ce n’est celle d’un vote mais un vote auquel plus personne ne participa à l’exception de quelques illuminés et d’une majorité de désabusés qui remplissent leur devoir électoral comme d’autres remplissent leur devoir conjugal au bout de tant d’années d’un mariage qui n’est plus qu’une habitude et une routine douloureuse.

Pourtant, il faut que ces derniers réfractaires contestataires soient mis au pas. Ils sont réduits au silence mais ils continuent à construire des systèmes alternatifs pour se faire entendre, pour se faire voir. Alors, il faut passer la vitesse supérieure. Le contrôle ne suffit pas, la norme, la règle construite depuis tant d’années par tant de petites pierres posées les unes sur les autres doit s’imprimer, se naturaliser. Et pourtant, encore, malgré ce naturel artificiel, le naturel revient au galop.

Il ne reste plus que la force. Faire entrer de force dans des cerveaux malades, une ligne de conduite commune qui se doit d’être courbée. Des cordons de soldats sont lâchés face aux réfractaires mais aussi au sein même des réfractaires. Il y aura luttes entre les forces de l’ordre, et ce nom est évidemment loin d’être un hasard, il faut de l’ordre, que les choses soient rangées dans le sens décidé. Et dans un système sans ordre, il est aisé d’introduire les germes qui feront les mauvaises herbes. Au sein même des mouvements, s’infiltreront les ombres masquées qui provoqueront les conflits et donneront le grain nécessaire pour faire des réfractaires les hors la loi. Ils provoqueront les conflits, briseront les symboles de l’ordre, piétineront les routes du bien pour que ce qui reste de réfractaires soient rangés dans la case dissidente. Des fachos, des dangereux, des méchants, des casseurs. Les gardiens de la paix, ça non plus, ça n’est pas un hasard, taperont et seront légitimes pour taper. Oh ils ne taperont pas les débiles sombres infiltrés qui ne savent même pas pourquoi ils sont là, si ce n’est croire qu’ils combattent une idéologie qu’ils ne font que nourrir, bien sûr que non, ils taperont sur ceux qui réclament simplement que quelques miettes tombent du buffet. Il faut rétablir l’ordre, coûte que coûte.

La chape de plomb première se voulait gentille. Surveillance appuyée mais pacifique, contrôle de ce qui circule comme informations et divertissements pour baisser le besoin et le sentiment de révolte, ostracisation de la dissidence par des dogmes religieux ou psychologiques. Puis, l’étape suivante sera la violence, d’abord physique puis morale et psychologique.

La destruction programmée de ce que d’aucun pourrait appeler liberté 3/5 – La semaine politichienne de Smig

Uniformiser les minorités pour qu’elles minorent la majorité

Alors il faut assurer une surveillance permanente et, pour ce faire, on conditionne chacun à entrer dans le cadre de ce que le surveillant attend de nous. Il est partout dans nos conversations, dans nos applications. Tout est enregistré, tout est gardé et tout sera exploité, le cas échéant. L’intérêt est que, dans le temps, chacun se surveille soi même et surveille ceux qui l’entourent. La surveillance devient double, interne et externe, afin que l’ordre du monde perdure ainsi et la fameuse routourne tourne encore. On tue les possibilités cognitives de révolte. Le soi disant divertissement devient une arme de destruction massive en obligeant à l’activité.

Chacun est contraint de suivre un chemin crée par d’autres afin d’avoir une société facilement contrôlable. Plus la société est contrôlée, plus elle est facile à contrôler. Elle le devient d’autant plus que les individus, composant cette société, considèrent comme justes et valables, les règles qui viennent d’ailleurs, d’au dessus ou plutôt d’en dessous. Lorsque les règles apparaissent positives à tous, il ne vient à l’esprit de personne de les contester ou alors, les contestateurs apparaissent comme des déséquilibrés, des asociaux ou même des fachos. Les fameux méchants.

Tout est donc fait pour avoir une société dont on peut très facilement, à l’avance, prévoir les indignations et les réactions. Afin de mieux diviser, on a crée, et quand je dis ON, malheureusement, je ne parle pas de nous, mais bien d’eux qui ne sont pas nous, une société de la minorité opprimée. Toutes les minorités valent davantage que le reste. C’est le fait d’être différent dans l’acceptation totale de la société qui compte. Il faut savoir se créer sa propre différence qui fera que chacun puisse devenir quelqu’un ou quelque chose. Volontairement, il s’agit de s’inscrire dans la pensée divergente ou minoritaire ou celle qui va permettre de se sentir vivant. La religion qui permet de gueuler, la sexualité qui permet de gueuler, le régime alimentaire qui permet de gueuler, la mode vestimentaire qui permet d’exister aux yeux de tous avant qu’ils ne soient crevés, les yeux et non les modes… Et tout sera à l’avenant, tout fonctionnera et tournera autour de ces différences que la majorité se devra de respecter, de vénérer, de déifier. C’est parce que tu es minoritaire que tu existes.

Alors, chacun, ou tout du moins, les chercheurs d’or identitaire, s’évertuent à trouver la faille qui va donner du sens à une existence qui, au final, n’en a pas. Les barbes poussent, les sexes se coupent ou poussent, eux aussi, les animaux deviennent semblables à ses proches et bien plus importants qu’un inconnu mais, ainsi, se construit le sentiment minoritaire. La minorité devient le modèle à respecter au détriment de la majoritaire et l’uniformisation se fait. Si au niveau sociétal, les règles sont le respect et même la dévotion autour de minorités, au niveau social, la tête non pensante choisira toujours le moins bien disant, le bas. Elle réduira les aides, elle rognera sur les soutiens, elle détruira le modèle. Elle aura toujours l’excuse de restrictions budgétaires, de déficits à gérer, de dettes à rembourser, d’équilibres à maintenir.

Ainsi, il y aura les minorités qui se sentent opprimées et le font bien sentir, et les autres qui voient leurs situations se détériorer à tous les niveaux mais, au moins, les minorités gagnent des avantages ou avancées (ou reculs) symboliques. Une case supplémentaire sur l’état civil, des horaires de piscine ou des menus adaptés pendant que le nombre de souffrances se multiplie. Division et re division et sur division jusqu’à annulation et négation et ceux, les quelques uns, qui continuent à combattre pour tenter de rester debout, seront traités de dangereux réactionnaires, révolutionnaires, fascistes, violents et bla bla bla … L’uniformisation de la société se fait par ses minorités ultra visibles au dépend de la majorité silencieuse. Tout le monde le sait, tout le monde le voit mais quoi? Dès l’enfance, il nous est enseigné l’interdiction de frapper plus faible que soit. (Ce qui est paradoxal quand on y réfléchit parce que toujours vouloir frapper des plus forts que soi, c’est quand même s’exposer à de sacrées déconvenues). Alors, comme personne n’aime être le violent méchant de la bande, ce sont les minorités qui gagnent et la majorité qui s’écrase dans un tumulte silencieusement assourdissant.

La destruction programmée de ce que d’aucun pourrait appeler liberté 2/5 – La semaine politichienne de Smig

Construire un individu qui devienne foule

Evidemment, il ne s’agit pas de contrôler ce qui se dit, ce qui se fait, ce qui se pense dans le but unique de contrôle. Ce qui nourrit le besoin de contrôle, c’est, à terme, sa disparition. A force d’être contrôlé, l’individu normal, classique, humain, raisonnable prend les contrôles comme une chose naturelle et de fait, imprime dans son comportement quotidien, les habitudes qui vont faire de lui le citoyen que le contrôleur attend. Le but réel du contrôle est de disparaître et de devenir une caractéristique quasi naturelle. Faire de l’attitude voulue, une sorte de naturel qui reviendra au galop même s’il est chassé un jour. Je te contrôle jusqu’à ce que tu sois capable de te contrôler toi même.

A force de contrôles, de mise en cage dans le cadre de la bien pensance, chacun s’ingénie à suivre des règles édictées par d’autres qui deviennent une nature, une ligne de conduite et même un style de vie. Oh! bien sûr, certains s’imaginent être sortis du cadre parce qu’ils se posent comme des rebelles. Ces rebelles qui ne sont que la reproduction de groupe d’un comportement déjà cadré. Que ce soit les gangs qui gangrènent certains lieux perdus de la république, les antifas qui font du fascisme leur base politique ou le castorisme, chaque rebelle n’est qu’une partie d’un nombre totalement intégré et accepté par la société puisqu’il existe. L’individu se doit d’être agrégé à un groupe plus large qui représente les idéaux que l’individu considère comme personnel mais qui ne sont, en réalité, que la tolérance de l’ensemble. C’est à dire que l’individu peut être bord cadre, il est dans le cadre.

Il n’existe plus réellement d’identité personnelle, de vie personnelle. Tout est fait pour que chacun de nos gestes soit connu. Oh certes, la majorité d’entre nous ne commet aucun geste qui pourrait être considéré comme déviant, moi le premier, preuve s’il en est que le conformisme touche même les plus réfractaires d’entre nous mais, de toute façon, tout est déjà fait pour que cela s’avère inutile finalement. Il existe, sans doute quelques réfractaires du conformisme mais ils sont en dehors des cadres même de la société. En forêt? en grotte? En tout cas ailleurs. Les fameuses forces des quartiers qui vont finir par diriger le monde à force de laxisme ont comme capacité réelle de « rebellisation » le fait de porter des futs dans lesquels on rentre à trois, où de se débrouiller pour porter des chaussures qui représentent un mois de salaire d’un travailleur. Les fameux antifas dont nombreux ne sont que des bobos en mal de sensations fortes ne refuseraient jamais les prestations sociales d’où qu’elles viennent pour aller au bout de la démarche d’un état fascisant. Et je ne leur jette pas la pierre, contrairement à eux, le système est ce qu’il est et tout en voulant se défendre d’y appartenir, ils ne font que le renforcer. L’antifas visent à casser du « fa » et surement pas à changer le système.

On peut décliner sous toutes les catégories. Le but premier du contrôle est d’uniformiser. C’est une évidence pour beaucoup mais, pour réussir, il faut que la solitude devienne une tare. Que l’ennui soit une honte. On ventile de réseaux sociaux et de consoles de jeu, de téléphones ou de programmes télé ou radio, sans même parler de la qualité, toute une panoplie de possibles dans l’idée d’empêcher l’individu, autant que possible, de se retrouver face à lui même. L’individu se trouve confronter à une sorte d’interdiction de s’ennuyer. On ne peut pas s’ennuyer donc, le cerveau ne peut pas vagabonder et partir dans des délires de révolution, de chute du capitalisme et encore moins trouver des mécanismes opérationnels pour réussir cette tache. Il faut être occupé, toujours, partout. Il ne faut pas, il ne faut plus, s’ennuyer.
De la même façon, il ne faut plus être seul. Il y a toujours quelqu’un au bout du fil, au bout du clavier, et si l’autre, à l’autre bout, n’est plus là, alors il y a un sentiment de panique, d’abandon. On court après le like, après la réponse au tweet, après le sms ou l’appel qui nous rappelle que nous ne sommes pas seuls. Tel Mulder, nous sommes en permanence en quête d’une reconnaissance de l’autre d’où qu’il vienne. Il faut qu’il y ait un autre. Il change, il n’est jamais le même, mais il faut qu’il soit là ou alors il faut qu’il soit remplacé par un écran mais il faut qu’on soit occupé et qu’on ne s’ennuie pas. Jamais seul, jamais sans contrôle.

La surveillance qui fait que le cadre est bien établi est faite par nous mêmes sur tout ce qui nous entoure. Il faut se battre pour être toujours sous le feu de certains projecteurs parce que sinon, dépression, burn out,chômage suicide ou autre. Placardisé et mis au ban de la société. Autant de choses qui sont décrites et montrées comme des faiblesses. C’est être faible que de se sentir seul à un moment, de s’ennuyer et de ne pas savoir quoi faire. Il faut être sur actif pour ne pas faire hors du cadre et il ne faut jamais être seul pour que tout le monde soit bien sûr que tout est sous contrôle et dans le cadre. On invente des fêtes. On ajoute Halloween et l’aid pour que tout le monde s’occupe, on rajoute des fêtes de voisins, des barmitza et des holi de partout. Il faut être heureux, entouré de plein de monde et occupé à faire des trucs.

Il faut donc, dans un premier temps, établir un contrôle qui doit, petit à petit, dans un second temps, devenir un contrôle personnel et effectué même par les autres pour décharger le cadre grâce à tous les outils de communication et de communion que nous offrent cette société.

La destruction programmée de ce que d’aucun pourrait appeler liberté 1/5 – La semaine politichienne de Smig

Surveillons afin d’être sûrs que la révolte est celle que nous voulons.

Chaque jour entretient son flot de nouvelles restrictions sur les libertés, qu’elles soient individuelles ou collectives. Ces restrictions se déclinent tous azimuts dans un jeu pervers de noyade du poisson. Tant d’efforts accumulés pour réduire le champ des possibles ne peut qu’être une visée, un but, un objectif à atteindre. Il existe cette tendance à croire que la gouvernance est défaillante par manque d’intelligence. Elle est, en réalité, tout l’inverse. Elle est extrêmement pertinente dans la préservation et la conservation de ses privilèges et acquis. Sous couvert de protection du plus grand nombre, apparaissent les lois et les décrets qui font, du simple quidam, une cible immobile mais un suspect évident.

Puisqu’il s’agit d’un projet flagrant, il est à envisager le but et l’issue de ce projet. Moins l’individu possède de libertés et moins il en réclame. L’habitude devient force de lois. Le fait d’être opprimé, contraint, enfermé se décline de générations en générations avant une éventuelle révolte. Le fait d’accéder à une liberté, même minime, entraîne une soif, un appétit de liberté toujours croissant et incontrôlable pour les quelques qui gèrent la foule. Réduire le champ, c’est conserver ses prérogatives sur la récolte. Ouvrir le champ, c’est permettre la prolifération des herbes folles, des mauvaises herbes, des croisements improbables. Il faut donc, annihiler tout espoir parce que l’espoir est le terreau d’où naissent les plantes du changement. Ainsi, la surveillance avec acuité de l’espoir devient une nécessité.

Il faut une surveillance de tous les instants, de toutes les personnes qui pourraient se montrer séditieuses à force de libertés. Alors, entre en jeu, l’imagination. Il faut créer des épouvantails, des forces obscures qu’il va falloir combattre pour conserver les valeurs qui sont érigées en biens communs et inaliénables. Dès lors, la moindre action de chacun d’entre nous, le moindre écrit peut ressortir de nulle part, au moment opportun, pour réduire le champ, encore, toujours. Malgré cela, la technologie a offert la possibilité d’espaces vierges de liberté mais, plus vite encore, ces espaces furent, l’un après l’autre, contrôlés, réduits, épiés. Jadis, le droit de manifester était un droit. Aujourd’hui, il est devenu un contrôle de police où chacun peut être placé en garde à vue pour un gilet, une paire de lunettes ou un livre.

Il y a peu de temps encore, la presse offrait un espace de liberté, plus encore que la presse, la création artistique ou critique permettait, à pas mal de monde, finalement, de s’exprimer. Et puis, il a fallu censurer parce que le lecteur, téléspectateur, auditeur n’est pas suffisamment fort intellectuellement pour séparer le bon grain de l’ivraie. Pour beaucoup de ces créateurs, il n’a même pas été nécessaire de créer des contraintes, des lois ou des censures. Il a suffit d’imposer un bon sens commun, une sorte d’ambiance tacite d’un politiquement correct sur le monde pour que ça roule. L’impertinence, la critique, le danger ne sont plus désormais que dans l’art de mettre mal à l’aise en appelant cela de l’art. A coup de scatophilie, pédophilie, alcoolisme ou drogues, on parvient à donner le change et à faire croire que l’on est un véritable rebelle. On choisit la religion qui fait déviance, la sexualité qui intrigue. On gueule plus fort que le voisin pour se donner l’illusion d’avoir raison sur la couleur du crottin mais les lois passent, le capitalisme perdure, l’économie de marché s’élargit, le besoin de propriété s’amplifie, les inégalités s’accroissent mais on pisse dans une bouteille, on embrasse une dame sans son consentement, on humilie les chroniqueurs ou on exhume les « œuvres » posthumes pitoyables d’écrivains animateurs de télé déjà has been depuis 60 ans alors qu’ils ont à peine 50 ans. On donne le change, on montre qu’il existe trop de libertés, trop de perversion et que, sans l’œil au dessus de la pyramide de Moscou du grand frère, le monde ne serait qu’anarchie ou fascisme extrême.

Comme dans une quête effrénée de libertés, chacun a cherché d’autres vecteurs pour assouvir cette soif et inonder ce désert. Chacun téléphona à l’autre pour échanger, pour grandir mais, très vite, le téléphone fut écouté par on ne sait qui. Alors, chacun tapa des 3615 pour trouver une source de compensation déclinante mais comme les outils n’étaient pas suffisamment puissants encore pour vérifier ce flux, la destruction fut programmée en s’assurant qu’elle avait suffisamment enrichi de bons serviteurs zélés. Ces serviteurs qui se jetèrent comme le loup sur la brebis sur le dernier espace construit pour faire croire à la liberté. Internet devint une jungle où le moindre mot écrit appartenait à l’espace public commun. Trouvable en quelques clics, partageable en moins de temps encore, modifiable selon les coupes choisies à n’importe quel moment et par n’importe qui.

Il suffisait seulement de créer les lois pour permettre de contrôler légalement les manifestations, les grèves, la presse, le téléphone, internet, les arts… Quelques subventions bien distribuées pour promouvoir la dernière oeuvre pitoyable d’un obscur artiste sans talent, quelques postes de directeurs de chaînes ou de théâtre, quelques polémiques diffamatoires dès que la bête devenait plus puissante que le chenil et tout était bien placé sous l’égide avisée de quelques élites pitoyables.

C’est ainsi que l’on se surprend à voir qu’un écrivain antisémite se balade allègrement sur tous les plateaux de télé et autres médias sans le moindre problème alors que le pauvre quidam ne peut même pas aller chier sans que son patron ne le sache. Que sur ces mêmes plateaux, on découvre l’apologie de l’obscurantisme par un appauvrissement permanent de l’exigence (de la langue, de la pensée, de la musique, de la critique, de la réflexion etc) et que le moindre propos soutenant la très large majorité est immédiatement taxé de fascisme et de retour vers le corps décharné des sœurs zombres les plus tristes et abjectes de l’humanité.

Tout est sous surveillance et, en réponse à cette surveillance permanente et perpétuelle, tout devient aseptisé, propre, sans aspérités. Tout est lisse et tout glisse. Les révolutions ne concernent plus que les planètes. Ne jamais critiquer le pouvoir en place, ne jamais vouloir changer les choses, ne jamais contester la politique dictée par des gens que personne n’a choisi… Accepter et appliquer les règles. de toute façon, si quelqu’un ne le fait pas, cela sera su avant même que lui même ne décide de ne plus le faire. Une sorte de Minority Report. Tu vas contester et le moment où tu contestes, tu es déjà en cabane ou handicapé ou ruiné ou jeté en pâture à la plèbe collaborationniste.

Soit tu es le bon petit soldat à la langue pas trop râpeuse et alors le monde est à toi, soit tu construits un esprit critique et là, les emmerdes volent en escadrille.