Depuis quelques années déjà, j’ai le sentiment que les noëls et réveillons sont moins festifs. Chaque année, les sourires et les étoiles dans les regards me semblent moins joyeux, moins marqués. L’attente et l’arrivée du jour dit sont, elles mêmes, moins excitées et excitantes. Je dois sans doute vieillir. Comme je me suis interdit cette marque du temps, je pense que, finalement, il s’agit d’autres choses. Impalpables. Quelque chose dans l’air qui fait que pousser le bonheur au paroxysme n’est plus ce que c’était. Alors, je me dis qu’en fait, ce n’est pas moi qui change, c’est bien le monde autour qui n’est plus ce qu’il était. Les choses changent et elles nous changent. Il n’y a plus de neige, il n’y a même plus les grands froids d’antan. Il n’y a plus de père noël partout dans les rues et les magasins, plus de feux d’artifice, plus de klaxons et de rires.Comme si petit à petit, le monde prenait conscience qu’un tournant arrivait et que rien ne serait plus jamais pareil. De fait, personne ne sait réellement ce qui se passera mais il semble que rien ne sera plus jamais pareil.

Certes, certains croient encore à ce vieux monde alors que les derniers feux d’une civilisation brillent dans un ultime sursaut dévastateur. Plus rien ne sera comme avant. Le peu de confiance qui existait, encore, sur ce système est mort. Au delà même de l’aspect politique qui est déjà enterré, ce sont d’autres aspects de la société qui vont être touchés et qu’on ne soupçonne pas encore.
Si le système s’effondre vraiment, comme il en prend le chemin, il affectera tout. Les « artistes » qui se font bien discrets actuellement et qui attendent de savoir de quel côté va souffler le vent, pensent peut être sauver une pseudo carrière. Les sportifs pensent peut être qu’ils vont réussir à échapper à un rééquilibrage des richesses. Il n’y a pas que les capitaines d’industrie qui bénéficient des largesses du système. Les médias subventionnés, le cinéma et le théâtre subventionnés, les sports défiscalisés vont devoir changer de modèle. L’agriculture et la pêche vont devoir devenir vertueuses et c’est le bio et l’équitable qui auront évidemment les faveurs des subventions plutôt que les batteries productives hors sol. Chaque secteur d’activité va devoir s’interroger sur son rapport à la clientèle et au monde. Ce que le maintenant nous aura montré, quoiqu’il arrive, c’est que le nombre et la force des révoltes ont davantage de poids que la représentativité, et que, donc, les élus ou les syndicats ne portent plus les aspirations sociales des « vrais » gens. Tous les secteurs actuellement subventionnés sont dans l’obligation rapide de changer de modèles. Il va y avoir d’autres priorités que des comités théodule, des associations fantômes, des statuts mouvants. Le modèle sociétal va être modifié parce que désormais il va falloir rendre des comptes ou au moins, les demandes d’explications et de justifications vont fleurir et les dépenses publiques vont être contrôlées, mais par tout le monde.

Les Gilets Jaunes ne réclament pas moins d’impôts mais plutôt que les impôts aillent là où ils doivent aller et pas dans des dépenses qu’une économie malade et en souffrance ne peut plus supporter. Chacun a ses idées d’économies et de secteurs à modifier. Il appartiendra à chacun de se déterminer mais les dépenses fastueuses de certains, alors que d’autres vivent dans la rue, ne se nourrissent pas à leur faim, ont froid, n’accèdent pas à l’éducation, à la culture risquent de devenir condamnables, épiées, jugées et elles seront de plus en plus difficiles à justifier.

Les fameux rond points trouvent enfin une utilité mais pas sûr qu’il y ai, à l’avenir, de nouveaux budgets pour de telles constructions. Il faudra tout justifier parce que tout devra se justifier, puisque désormais, tout se sait. Beaucoup de choses ne seront plus les mêmes parce que rien ne sera plus jamais pareil.