12.

Le plus pesant dans la vie solitaire, c’est la façon de gérer l’ennui. Les journées où tout est gris et où la balade obligatoire sur le bord de mer ne permet pas ce fameux changement d’idées. Se changer les idées comme s’il s’agissait d’une cartouche ou d’une application de téléphone.

Il n’y avait pas de hasard dans le fait de se retrouver à l’écart de tout et de tous. Le besoin, la nécessité, l’obligation de couper avec certains lieux, certaines personnes, certains souvenirs. Ne plus se laisser submerger par des émotions qui ne sont plus supportables. Il y avait le fait d’être envahi par des images funestes et qui construisait un monde insupportable qui me poussait à changer d’air pour me changer les idées et donc à changer de vie. J’avais réussi grâce à mes années dans la fonction publique, et surtout grâce à la donation de feu ma mère, à conserver la propriété du petit appartement familiale dans le XV ème arrondissement de la capitale. Ce n’était certes pas grand chose mais cela me permettait d’avoir un pied à terre professionnel, une sorte de local administratif. Le fait de disposer ad vitam aeternam de cette garçonnière m’offrait aussi une liberté psychologique non négligeable. J’avais pu sans me compromettre davantage démissionner et passer à autre chose. Les premiers temps, j’avais accepté tout et n’importe quoi. Sans doute, la peur du vide. Surtout, j’en avais profité pour me mettre à jour sur mes compétences quasi nulles en informatique. Je n’étais pas devenu un professionnel de la chose loin de là mais cette tache était, auparavant, dévolue aux experts et donc je n’étais pas concerné par sa maîtrise. Mes nouvelles occupations, elles, m’obligeaient à ne plus compter que sur moi-même. Et comme à chaque fois qu’il me fallait compter sur moi, j’étais proche du désastre. J’avais décidé de ne plus travailler que de manière informelle. Mes anciennes prérogatives et attributions m’avaient permis de me constituer un réseau de clients et d’adjuvants et les affaires que je traitais étaient suffisamment compromettantes pour qu’elles restent à la fois, tues et lucratives. Personne n’aime, par exemple, apprendre qu’il est trompé par l’autre mais quand, en plus, dans certaines sphères, cette humiliation s’accompagne d’une annonce publique, elle devient insurmontable et cette quête d’une virginité morale aléatoire pouvait coûter très cher. J’étais donc payé pour traiter des affaires personnelles nauséabondes et désagréables. Cette immersion dans les saloperies du monde faisait que, chaque jour, j’en apprenais davantage sur mes contemporains et cet apprentissage ne m’apportait qu’une seule conclusion ou constatation, il n’y avait rien à tirer de personne. Les parts d’ombre étaient, à chaque fois, de plus en plus sales, immondes, glauques.

Perso nella traduzione

 

Les torches enflammées éclairaient bruyamment les rues désertes et sombres des méandres mémoriels. Les pavés humides, et maladroitement encastrés sur les parois inégales de mon cerveau vicié, semblaient assez inconfortables, pour empêcher toute progression logique ainsi que tout raisonnement valable. Cette grande fatigue, qui devenait impossibilité cognitive à construire un cheminement cohérent, et cette lassitude face à l’argumentation inutile, face à la connerie ambiante, devenait une marque de fabrique. Je trouvais, enfin, un sens dans la déambulation, qui consistait à ne définitivement plus avoir de parcours fléché puisque toutes les directions mèneraient au même endroit, au fond du gouffre.

L’errance dans les impasses de ce qui constituait un véritable réseau imbriqué de chemins et de coursives sur les sols démontés où résonnaient les chutes de mes pas lourds n’apportait finalement même plus la satisfaction de soulager les maux de boite crânienne déguindée. Se perdre dans des voies que de toute façon, je ne connais pas et continuer à s’enfoncer dans les forêts sombres perdues au milieu des deux grands canaux doux et limpides. Toujours se perdre plus profondément et autant que possible dans la touffeur des bois amazoniens ou du massif central. Ne pas choisir le lieu de la perte mais simplement se perdre et toujours s’émerveiller de transcendance et de l’apothéose que constitue l’entrée dans ce monde nouveau et si dense. Toute une vie de luttes, des plus nobles au plus futiles, offerte, soudain, à un inconnu égaré et hagard, qui ne fera, au final, que souiller ces trésors avec ses manières de percherons et de marcheurs acariâtres. Et peut être même qu’il recommencera, ce sagouin, parce que le bonheur obtenu une fois cherche toujours à réitérer son effet.

La lune, bien pleine, des nuits fragiles d’été et bien ronde, des solstices saisonniers, accompagnent mes désespérances et mes trous noirs vers un ailleurs qui n’existent pas parce que je n’ai pas pris le temps de le construire. Alors je regardais, hébété, saoul et fiévreux, les monts sublimes entourant les forêts sombres et longeant les rives calmes et limpides des canaux suaves et doucereux de la peau sucrée. Le peu de luminosité dans ces dédales perdus et laborieux offert par la douceur lunaire ne pouvait cacher la douce odeur de miel et de stupre des bois endormis, des fougères cachées et des troncs posés sans ordre ni but, juste se dressant vers le ciel immense ou couchés sur la plaine soyeuse. Perdre mes sens dans l’épreuve du combat contre l’inconnu, contre la découverte de merveilles cachées à l’œil du passant sans histoires, ni intérêt, et s’arrêter sur chaque parcelle de bonheur qu’offre ces terres inconnues.

Era (partie 3: parce que, désolé, j’avais du temps aujourd’hui)

 

Aurait-il fallu que je reste?

Privé de toute adresse,

Aurait-il fallu qu’on nous teste

Connaissant déjà notre détresse?

Fallait-il qu’on se déteste

Qu’on se débarrasse de tout le reste

Qu’on s’achète un autre lest 

Et que malgré tout on reste?

J’aurais préféré qu’on nous laisse

Avant que la nuit ne cesse

Mais les étoiles de notre tristesse

Brillaient plus fort que notre jeunesse.

 

Aurait-il fallu que je t’aime

Même en sachant ce que je sème ?

Etait-il noble d’en faire un poème,

Une histoire, un blasphème ?

Aurait-il fallu qu’on me traine,

Dans une vie qui n’était plus la mienne,

Qu’on me pose comme un emblème

D’une vie triste et sans problème ?

J’aurais préféré comme stratagème

Que l’on compose mon requiem

En s’appuyant sur le thème

Qu’on me laisse vivre ma bohème.

Aurait-il fallu que je saigne,

Que je me débatte et me plaigne ?

Fallait-il qu’on me contraigne,

Que l’on m’exploite et me restreigne ?

 

Aurait-il fallu qu’on me conseille

D’être toujours droit et pareil

Quel que soit l’endroit de mon sommeil

Que l’on me pousse, que l’on me craigne

J’aurais préféré que débute mon règne,

Plutôt que finir au fond d’une bouteille

Et que tout ce qui m’imprègne

Ne devienne pas des choses que tu dédaignes

 

Aurait-il fallu que je sois jaloux

Que je trépigne, que je sois à bout

Fallait-il que je frôle le dégoût

Que j’erre dans le vide, dans le flou

Parce que, finalement, en plus, de tout

Je saurais que, sans moi,  malgré tout

Tu vis heureuse et toujours debout

Face à mon départ et ton courroux

J’aurais préféré que tu te désavoues

Que tu souffres qu’il n’y ait plus de nous

Et que je souffre d’être à mon tour à genoux

Que j’ai perdu en jouant mon va-tout

 

 

Aurait-il fallu que je vienne

Que je garde cette vie moyenne

Que la situation se gangrène

Que toute l’histoire ne soit plus qu’en porcelaine ?

Aurait-il fallu que je comprenne

Que de toute façon tu resterais sereine

Parce que le fait que je te malmène

Etait comme le chant des sirènes

J’aurais préféré que tu restes mienne

Que ta vie soit bien moins pleine

Et que tu m’aimes quoiqu’il advienne

Que j’accélère ou que je freine.

 

 

 

 

 

 

 

 

Era (partie 2)

 

C’était l’histoire qui revenait en arrière où tout explosait et giclait en poussière. Un repos salutaire sur des branches multicolores et brisées et des temples improbables par dessus tout ça. Il n’y avait plus personne dans l’estuaire, juste un ou deux coléoptères marins et le souvenir d’une ombre familière et désirable. Il fallait se rappeler des enfers et se poser sur une terre ocre et asséchée et ne jamais revenir de ce monde qui n’en est pas un et continuer à survivre même si ça n’allait pas de soi…

C’était l’histoire inutile et solitaire d’un passage vers un ailleurs. Un monde d’impossibles qui s’ouvrait devant moi et tout un univers de silences qui rejaillit sur ça. Il n’y avait plus l’envie de bien faire à force de tourner autour de moi. Il fallait tenir droit et rester debout malgré tout et ne plus pleurer sur les peurs du monde qui ne m’appartenaient pas. Rendre à la mauvaise part de la lune ce qui ne serait jamais à moi.

C’était le miel et l’ambroisie, le nectar et la nuit, le rêve et l’illusion, le sublime mêlé à la raison. Un maintien artificiel au dessus de la ligne de flottaison des étoiles, une survie superficielle sous les larmes matinales. Il y avait les réveils impossibles à force de croire à je ne sais quel mirage de feu. et n’être plus personne et naître une autre fois. Réduire au silence les pires démons en moi et me dire en silence que je vaux mieux que ça. Et tout l’or de mes mondes ne rachète pas l’émoi, le dégoût et les plaintes, les souffrances et les joies. Il fallait un sommeil qui ne venait pas, un repos pour un esprit trop fatigué d’être maltraité et déçu. Juste un peu d’ombre face à ce soleil qui explose, un nuage de poussières pour cacher tout ce qui flamboie, un orage d’été soudain sur un incendie de joie. Le reste n’est que du bruit que je n’entendais pas; trop sourd aux cris, trop aveugle aux larmes, trop condamné pour être totalement innocent. Finir l’expérience interdite commencée naguère et recommencer comme jadis et ensuite partir vers l’après.

Era (partie 1)

C’était une journée particulière où tout se passait comme les autres jours. Un rêve éveillé sur des nuages gris de colère et des croix accrochées aux églises de nos souvenirs. Il y avait ce que je voulais et il n’y eut que ce que je pouvais. Il fallait poser pied à terre mais la route restait trop longue pour s’arrêter si tôt.

C’était une journée en enfer où rien de particulier ne changeait le cours d’une journée banale. Un cauchemar endormi au milieu des étoiles de mer et des minarets dressés à la mémoire de mes passés. Il y avait les traces de tous ces désirs inexprimables et les faits de nos meurtres ensoleillés. Il fallait marcher dans des déserts humides de glaces chaudes.

C’était une soirée éphémère où tout devient particulier malgré le jour qui décline. Un songe les yeux ouverts dans des draps taillés dans la soie rouge et des mains jointes dans des monastères ou sous les chênes millénaires. Il y avait les nuits militaires et les mélanges de terre pourpres. Il fallait vivre ces moments pour savoir ce que je ne vivrais plus et ne jamais y revenir.

C’était un silence lourd et bruyant où toute la jungle urbaine criait son émoi. Une nuit sans sommeil sur des lunes lointaines et des millions de monuments pointant vers les autels de la mer que je ne verrai pas. Il y avait des nuages au milieu des tempêtes de sable et des carnavals de plumes d’oiseaux dans les cèdres brûlés. Il fallait avancer vers l’insondable et nommer l’innomable pour ne pas sombrer dans les océans de verdure.

C’était le voyage vers l’amer ou vers la fin du calvaire qui frémissait sous mes doigts. Une illusion blafarde de tout ce qui n’était pas moi et des forêts d’amaryllis plantées sur les chemins de croix. Il y avait ce qui restait de moi et tout ce que je ne serai pas. Il fallait un miracle qui ne se produirait pas, un parcours sur une autoroute sans fin fondue dans la nuit des bois.

 

Ce que j’ai compris de l’Italie à la demande de certains qui avaient moins compris que moi

Ce que j’ai compris de l’Italie politique de ces derniers jours à la demande de plusieurs personnes. C’est évidemment très très loin d’être parfait, d’être rigoureux, d’être juste mais c’est ce que j’ai compris, je peux donc être sans problème corrigé sur tout, je ne suis pas politologue ou constitutionnaliste, je fais ce que je peux.

1. En mars, les italiens étaient invités à se prononcer sur la constitution de leur parlement à travers des élections législatives qui, dans une république parlementaire comme l’Italie, est le socle du gouvernement…

2. Cette élection législative devant désormais se faire au regard de la nouvelle loi parlementaire impulsée par le gouvernement Renzi (du parti démocrate le PD et ça n’est pas ma faute) qui oblige le vainqueur a recueillir 40% des scrutins exprimés au minimum pour avoir une majorité qualifiée…. Cette loi implique donc quasiment l’obligation de coalition parce que 40% dans un tour unique, c’est quasiment impossible dans ce que les gens appellent démocratie et que nous appellerons, pour ne fâcher personne, représentation.

Donc, élections législatives. Dans un régime parlementaire, c’est le parlement qui désigne son Premier ministre et c’est celui-ci qui construit son gouvernement. Le président n’a qu’un avis consultatif et quelques prérogatives (nous y reviendrons) un peu comme la reine d’Angleterre ou le président allemand. La différence, c’est que les électeurs mettent en avant un parti donc une politique plutôt qu’une personne.

En France, c’est l’effet Macron qui a fait que l’assemblée nationale soit majoritairement LREM, en Italie, c’est parce qu’un parti serait majoritaire qu’untel serait premier ministre.

Évidemment, il est difficile de comparer les partis à l’aune de la représentation française mais jusqu’en Mars, l’Italie oscillait entre une gouvernance PD (Parti démocrate qu’on peut comparer au PS français) et FI (Forza Italia, le parti de Berlusconi qu’on peut comparer aux républicains, en France, c’est à dire la droite).

On a également le Movimenti cinque stelle (M5S) qui peut être rapproché de la FI française avec cependant une divergence très marquée sur le problème des migrants, problème essentiel en Italie aujourd’hui (nous y reviendrons aussi). Il y a la lega (ancienne ligue du Nord qu’on peut assimiler au FN français) et les fratelli (les frères qui sont eux à l’extrême droite mais de l’extrême) ainsi qu’un parti communiste aussi puissant que le pc français et des partis régionaux parce que l’Italie n’est une nation que depuis très peu de temps et que les régionalismes sont forts (un peu comme la Corse en France sauf que là, c’est dans toutes les régions quasiment).

Donc le gouvernement est issu de la « représentation nationale » après accord du président (et c’est un des points qui crée ce bug italien). Le gouvernement applique, effectivement, la politique qui a été présentée par le parti majoritaire ou par le programme de coalition puisque le gouvernement représente la parole populaire. Les gens votent pour un parti. Ce parti a un programme. C’est le programme qui est élu et non la personne. A partir de là, le parti propose, au président, un premier ministre qui sera chargé de constituer un gouvernement. Ce gouvernement se compose de ministres qui doivent être validés par le président, selon certains critères constitutionnels. Le parti élu propose un PM au PR. Le PR a le pouvoir de refuser, ce qui est très très rare. Le PM propose un gvt au PR. Le PR a le droit de refuser certains noms proposés pour des raisons constitutionnelles.

Ce gvt représente le programme pour lequel le parti a été élu. Les deux chambres votent ensuite la confiance au nouveau gvt. Mais le parlement (les 2 chambres) peuvent ne pas voter la confiance. On y reviendra lol. Le gvt est donc issu du parlement et donc du parti majoritaire ou de la coalition. Il applique la politique prévue par son programme. Les 2 chambres, comme en France: Assemblée et Sénat mais les deux ont des pouvoirs quasi identiques et plus importants que le sénat français.

3. A l’issu du scrutin des législatives, le M5S se trouve en tête avec environ 30% des voix… largement devant mais pas suffisamment pour gouverner seul. Ensuite, la lega avec 17%, de mémoire. Puis le PD avec 15% et FI avec 13%. Les pourcentages sont approximatifs. Je chercherais les résultats plus précis en commentaire. La logique eut voulu que le M5S se lie avec le PD afin de créer une coalition apparemment à gauche.

Toutefois, le PD est le parti de Renzi, extrêmement favorable à Bruxelles, le Macron italien.Donc, le PD a refusé toute alliance avec le M5S mais cela a crée des conflits et des tensions dans le PD. Certains pensant qu’il valait mieux être au gvt pour infléchir la voix de M5S plutôt que dans une opposition qui, a 15%, ne pèse pas grand chose au final. Le Forza Italia, parti de Berlusconi, a très vite signifié qu’il ne s’allierait pas avec le M5S.

Après des tractations complexes, le lega accepte de construire une coalition assez improbable entre l’extrême droite et l’extrême gauche (même si cette classification est à minimiser). Donc, c’est comme si la FI française avait récolté 40% en France et que pour être majoritaire, il faut 50% donc il manque des voix… les socialistes disent non, la droite dit non et le FN te dit: bah ok… On a donc une coalition entre mlp et jlm… très schématisée cependant mais pour faire clair.

4. La coalition M5S/lega propose au président de la république un premier ministre, un obscur inconnu pour les cercles politiques, au CV douteux selon certains organes de presse, du nom de Conte qui est considéré comme relativement neutre. Je n’ai personnellement aucun élément à charge ou à décharge contre ce monsieur.

Toutefois celui-ci aura la charge de construire un gvt et de mener une politique proche du programme commun rédigé par Di Maio du M5S et Salvini de la lega. Di Maio est un eurosceptique qui ne souhaite pas sortir de l’UE mais veut négocier les traités et certains principes.

Alors que Salvini représente un parti dont le slogan est Prima gli italiani…

D’abord les italiens. Donc sortie de l’euro, de l’ue si jamais les traités signés et la politique de Bruxelles entravaient cette ligne de conduite. Un point commun (ou plutôt sur lequel ils peuvent se retrouver) entre les deux groupes politiques est la politique migratoire. En effet, les migrants sont LE problème numéro 1 pour le peuple italien.

L’an dernier, ils ont « accueilli » presque 2 millions de sans papiers et, sur une économie déjà extrêmement tendue, les relents fascistes ressortent très très vite.

Pour Di Maio, il faut contrôler les frontières, ce que l’UE ne permet pas et donc qui entraîne l’euroscepticisme de la M5S, tandis que, pour Salvini, c’est immigration 0 et le travail pour les italiens. D’où la position de la lega anti EU, puisque l’UE interdit ce type de politique.

Pour Salvini, c’est soit je contrôle mes frontières, soit je les ouvre et surtout celles vers la France et l’Allemagne.

5. Le programme commun a été rédigé en fonction de ces critères avec aussi l’annulation d’une grande partie de la dette italienne vis à vis des marchés européens et la fin des sanctions contre la Russie. (Je mets en avant les points qui ont posé problème à savoir, immigration, EU, dette et Russie mais évidemment le programme traite de bien d’autres sujets et propositions). Ils ont donc proposé Conte pour défendre ce programme.

Le président Matterella accepte la nomination de Conte et, pour le coup, il ne peut pas faire autrement constitutionnellement puisque Conte est assez inconnu et neutre.

En effet, le président peut refuser une nomination si les principes fondateurs de l’Italie sont mis en danger ou si la personne proposée n’est pas apte pour diverses raisons à exercer son mandat. (Peine de prison, moralité, nationalité etc etc etc). Le PR ne peut en aucun cas refuser une nomination sur des principes politiques apparemment. La politique a été votée par le peuple et le président ne peut remettre en cause la parole du peuple. Donc Conte, légalement PM.

6. Conte, évidemment sous les ordres de Di Maio et Salvini, propose son gvt. Aux finances, les 3 hommes proposent Savona, un vieil économiste de 82 ans, reconnu pour ses compétences universitaires et juridiques mais considéré comme très euro sceptique. Donc, en conformité avec la ligne Lega/M5S. L’ouvrage le plus connu, ou du moins celui dont il a été le plus question durant cette période, de Savona est une étude sur la sortie de l’Italie de l’UE… Un peu comme si Sapir devenait ministre des finances en France. Tout le monde reconnait ses compétences mais le gars va loin dans sa volonté de sortir de l’UE.

Matterella est un président qui a obtenu son poste grâce à sa position dans le PD, il y a 3 ans. En effet, le président est investi par le parlement pour une durée de 7 ans. C’est donc la majorité parlementaire d’il y a 3 ans, à savoir la coalition entre PD et les partis de gauche hors M5S, qui était majoritaire.

Matterella est donc un PD (j’adore écrire ça impunément) et ainsi, il défend ses orientations idéologiques à savoir, en accord et même toujours plus d’EU. Le président ne peut se résoudre à supporter un ministre de l’économie euro sceptique et donc refuse la nomination de Savona.

Or, ce refus se fait sur des considérations politiques, ce qui est, semble t-il, selon certains, constitutionnellement interdit. Il refuse Savona, non pas parce que celui-ci est inquiété par la justice (ce qui avait été le cas pour un refus d’un ministre du gvt Berlusconi à l’époque) ou pour des raisons administratives, mais bien uniquement parce que Savona est eurosceptique.

Totalement anticonstitutionnel pour le M5S et donc, Di Maio propose une mesure d’empêchement parce que Matterella outrepasse, selon lui, ses droits constitutionnels. La mesure d’empêchement est un artifice constitutionnel qui vise à destituer le président lorsque celui-ci sortirait de ses prérogatives.

ah oui j’ajoute que les raisons invoquées par Mattarella pour refuser la nomination de Savola fut qu’il fallait protéger l’Italie et surtout les banquiers et les taux d’intérêt et les épargnants. Savola a rédigé une lettre pour signifier qu’il n’avait pas envie ni projet de sortir de l’Euro. Mais ce ne fut pas suffisant dans un premier temps.

7. Evidemment, cette mesure d’empêchement se fonde sur des valeurs subjectives et d’interprétations des lois et de la constitution.

Toutefois, Matterella, le président italien, nomme Cottarelli comme premier ministre, afin que celui-ci nomme un gvt dit technique, cad un gvt qui n’a comme, seuls pouvoirs, que de traiter les affaires courantes et d’organiser de nouvelles élections législatives.

Devant le soulèvement politique et populaire et la difficulté de la tache, Cottarelli décide de refuser le poste et Matterella rappelle Conte. Conte ayant dû démissionner parce que l’absence ou le refus d’un des ministres qu’il présentait lui était insupportable, enfin surtout à Di Maio et Salvini.

Enfin, c’était surtout un calcul politique de Salvini qui voyait très bien dans les sondages que la ligne dure de la lega prenait quotidiennement des points et que donc, il voulait de nouvelles élections afin de prendre le pouvoir en obtenant 40% en renouvelant la coalition précédent avec le Forza Italia de Berlusconi. (calcul politique, en gros la lega serait aujourd’hui autour de 30% des intentions de votes et FI autour de 12%, ce qui permettrait de construire une coalition majoritaire avec une FI plutôt faible et donc dans l’obligation d’accepter les consignes de la lega.

8. Matterella se retrouve donc avec un PM démissionnaire parce que illégitime pour beaucoup, Cottarelli, et un PM légitime mais démissionnaire parce que son gvt est refusé pas le PR. On se prépare à de nouvelles élections et on cherche désespérément quelqu’un pour gérer les affaires courantes en attendant la destitution du PR. Mais, coup de génie politique de Matterella qui rappelle Conte et lui dit de proposer un nouveau gvt.

Celui-ci s’exécute et pour ménager les susceptibilités, il ne met pas Savona aux finances. Mais pour bien montrer à Matterella qui est le patron, la coalition propose Savona aux affaires européennes lol…

Matterella ne peut pas refuser une deuxième fois un gvt qui est soutenu par la majorité des votants et presque 70% dans les sondages. Hier, le gvt Conte a donc été accepté avec Di Maio au travail, Savona aux affaires européennes et Salvini à l’intérieur pour s’occuper des migrants.

D’autres choses assez complexes dans ce gvt comme Fontana à la Famille, en gros, c’est comme si sens commun (Boutin en pire quoi) était à la famille…

9. On a donc un gouvernement au moins euro sceptique si ce n’est plus encore et une UE qui accumule les erreurs de communication. Un commissaire européen allemand qui suggère qu’on va apprendre aux italiens à voter comme il faut, il y a 3 jours et en fait ce n’était pas la vraie traduction mais la rumeur s’est propagée comme une traînée de poudre.

Un député européen allemand qui laisse entendre que si l’économie italienne est gérée vers une sortie de l’euro, la troika devrait s’en mêler comme en Grèce, il y a deux jours. Et hier, Junker qui déclare que les italiens devraient travailler davantage et être moins corrompus, citation à prendre dans un contexte et qui n’a rien d’infamant si ce n’est qu’elle est prononcée par une personne déjà particulièrement détestée par beaucoup .

Alors que les italiens travaillent, par an, presque 200 heures de plus que les allemands et que les deux pays les plus corrompus de l’UE sont la France et le Luxembourg. Si on ajoute Bruno Lemaire qui dit que les italiens ont voté pour des populistes dangereux et Macron qui félicite Matterella d’avoir refusé Savona au gvt, on comprend que l’amour des italiens pour l’UE s’effrite un peu plus chaque jour en ce moment et que les réticences vis à vis de Merkel, Macron, Junker et Bruxelles sont de plus en plus fortes.

Déjà que beaucoup considéraient que la crise des migrants était due à l’UE et à Schengen et que la crise économique était due à l’euro, il faut savoir que depuis que l’Italie est dans la zone euro, elle n’a pas connue un seul mois de croissance. Toujours à 0 ou négatif. Et que Lampedusa est un arrivage continue de migrants ainsi que la tension avec la mer adriatique depuis l’Albanie et la méditerranée depuis la Libye, principal point de passage des migrants d’Afrique, et juste en face de l’Italie. c’est en tout cas le ressenti d’un grand nombre d’italiens aujourd’hui.

J’espère avoir été clair. Si vous avez d’autres questions. C’est en tout cas ce que j’ai compris et, évidemment, c’est forcément encore plus compliqué que ça mais j’essaie de simplifier. Peut être trop mais pour expliquer parfois il faut. Et ce soir, il y a France Italie de foot!

11.

 

Le problème avec le café, c’est clairement lorsqu’il est chaud. Autant quand il s’agit de le boire, c’est plutôt agréable. Autant lorsqu’il tombe sur le corps à moitié dénudé, la sensation est désagréable. Pourquoi les téléphones sonnent-ils quand on ne leur demande rien ? Allongé nonchalamment comme à mon habitude sur mon vieux canapé qui fut en cuir parait-il dans une vie passée j’avais l’habitude de poser mon mug de café sur ma poitrine afin de ne pas avoir à prendre la tasse en permanence. La fainéantise est un art qui parfois coûte cher. Le corps recouvert d’un liquide noirâtre de mauvaise qualité, odorant mais surtout brulant, je décrochais… enfin j’appuyais sur le bouton de mon portable. Le râle de ma voix dût surprendre mon interlocuteur parce que je découvrais soudain la dureté du silence téléphonique. Ce type de silence qui ne dure que quelques secondes mais qu’on a l’impression de voir durer éternellement. Une éternité éternelle.

Avec ma main droite, j’essayais d’évacuer le café sur ma poitrine et je ne faisais en réalité que l’étaler davantage sur mon tee shirt. Une sorte de ton sur ton du meilleur effet. Le fait que le silence se brise sur l’évocation de mon nom était particulièrement surprenante. En fait, j’avais depuis très longtemps perdu cette habitude d’être appelé par mon nom. Ce nom semblait même sortir de nulle part ou au mieux d’une recherche sur internet. Je savais que j’avais à faire à quelqu’un que je ne connaissais pas. Utiliser mon état civil était bien la marque d’une méconnaissance des usages de politesse élémentaire que j’avais établis avec le reste du monde. J’essayais malgré la brulure au huitième degré de conserver le peu de contenance dont j’étais capable au téléphone en jetant un ouais à peine sonore et quasiment inarticulé. J’avais beaucoup trop de mal à conserver la moindre attention sur le propos de cette voix féminine à l’autre bout du fil. Une voix comme j’en avais connue des dizaines dans mes diverses virées nocturnes. Une voix qui appelait un service ou plutôt un échange de bon procédé. La seule chose dont je me souvenais expressément était bien l’idée que le propos ne portait absolument pas sur un quelconque échange de fluides. Il s’agissait de boulot et d’un rendez-vous dans un lieu improbable à une heure encore plus improbable pour discuter des modalités d’un engagement. Je n’en avais même pas besoin de ce job mais pris dans l’urgence de la brulure je répondais machinalement oui à tout. Je devais donc me rendre à l’autre bout de Paris à 22 heures. L’autre bout de Paris étant pour moi la sortie de la rue du Commerce à l’angle de ma rue.

C’est uniquement sous les jets brulants de l’eau dégoulinant sur mon corps nu que je compris que j’avais accepté quelque chose à « l’insu de mon plein gré ». Le contenu de la mission m’était inconnu. Encore une femme que son mari délaisse et qui envisage l’adultère comme seule issue à l’ennui du couple. Je n’avais pas commencé que déjà cette mission m’ennuyait au plus haut point. Je n’avais pas envie en ce moment de filatures, de recherches tardives sur des sites pornos ou de rencontres médiocres. J’avais juste envie de calme, de matches de foot et de repos matin, midi et soir. Et de temps en temps, une bouteille et une pizza dans son carton.