Rimanere perché fuggire sarebbe morire per alcuni

 

 

Partir nécessite un courage que rester n’implique pas. Partir, c’est mettre en avant des choix personnels au détriment de choix collectifs et parfois même au détriment de la raison la plus élémentaire. Partir c’est aussi se donner une nouvelle chance d’être soi, d’être celui (ou celle) que l’on se doit de devenir malgré tous les aléas qui ne sont pas les nôtres. Partir c’est se souvenir que rester est douloureux et que rester ne résout en rien les problèmes qu’on s’évite en partant. Partir c’est aussi se souvenir de ce que c’est que d’être vivant. Que cet air qui emplit nos poumons et qui nous fait avancer est gratuit mais, en réalité, ne l’est pas, cet air attend de nous que nous méritions de le piller parce qu’il ne veut pas ne pas servir à quelque chose. Que ce soit grand ou petit, mémorable ou oublié avant même d’être fait, il réclame son dû à l’action. Son dû au départ, à la découverte, au voyage, au nouveau.

Partir parce que, à un moment, rester coûte beaucoup trop cher et que les poches sont déjà trouées d’avoir été visitées et déchirées. Partir parce que rester n’est plus une alternative. Trouver, chercher l’endroit qui est notre, l’apprivoiser et se poser là à contempler les étoiles nimbées par les filets nuageux tissés par la nuit. Puisque tout commence avec la nuit, que tout se termine avec la pluie, le reste doit se vivre en plein jour et sous les feux ardents du soleil. Croire que demain apportera une onde fraîche et nouvelle et attendre que les jours passent alors que la seule issue est de changer. Croire que parce que le bouleversement ne se fait pas tout sera comme avant, tout sera rose et cotonneux alors que le avant est mort. Avant, jeune et naïf, crédule et entouré, aujourd’hui, vieux et expérimenté, incroyant et solitaire. Chercher la satisfaction d’une vie terne dans l’événement qui changera tout mais ne pas provoquer l’événement, ne pas aller au bout de l’idée. Rester parce que c’est plus simple, c’est plus responsable, c’est plus adulte alors que tout indique que seul le départ, seul le changement est souhaitable. Prendre le peu de courage qu’il reste pour quitter ce qui est établi et courir, fuir et construire autre chose, ailleurs. Mais non…. Rester parce qu’il faut accomplir le destin, cheminer sur le fil que nous avons tendu et croire que ça avance alors qu’au mieux tout cela stagne. Rester sur place en croyant avancer de peur de fuir parce que ce serait reculer.

Sto cadendo ma non rinuncero (I fall but i don’t give up)

Ça se termine toujours sous la pluie parce que le ciel pleure ce que tu ne peux plus pleurer. Les mots ne sont plus que des mots. Ce qu’il faudrait, c’est trouver le sens et juste l’envoyer. Juste balancer le sens à l’autre et c’est tout. Juste ça. Ne plus se forcer à expliquer ou à quémander de l’écouter, juste recevoir. Ressentir dans le plissement des lèvres de l’autre que l’information est reçue. Qu’il ne sert à rien de dire. Tout consommer avec mesure, avec modération et renoncer à l’ivresse, à l’oubli, à l’excès. Rester prostré dans un rapport sain et aseptisé.

Ça se termine toujours sous la pluie parce que sinon la lumière est trop forte et divulgue les tristesses et les souffrances. Et qu’il faut être fort et courageux, honnête et droit, franc et sincère. Dévoiler ses sentiments, ses envies, ses désirs. Alors je tangue. Je perds mes illusions. Avouer ses fautes ne consiste pas en un effort, c’est une torture l’aveu de faiblesse. Alors garder contenance et substance. Rester stoïque face aux tempêtes. Considérer les naufrages comme des aventures et les fins comme de nouveaux départs.

Ça se termine toujours sous la pluie parce que l’eau semble purifier des péchés et des travers. Balayer l’ennui et les méandres marécageux des scories inavouables et inavouées. S’en prendre aux orages et au tonnerre parce que, eux, seuls peuvent encore combattre contre cette haine, ce dégoût, cette force qui vient d’ailleurs et qui guide vers l’indicible, vers le chaos. Et rester droit. Debout. Contre les vents et marées, contre les embruns et les neiges, en face, front contre front, yeux dans les yeux, et avancer.

Ça se termine toujours sous la pluie parce que c’est après que vient le beau temps, l’espoir, et la libération. Que c’est parce qu’il y a des souffrances qu’il y a des répits et des joies. Des bonheurs fugaces parce que le reste n’est que houle et aveuglement. Être giflé par les coups des averses, griffé par l’eau qui blesse et sortir sec et indemne parce que rien ne doit faire chavirer. Le bateau rentrera au port parce que le port, c’est la paix recherchée. Et je tangue mais je ne sombre pas.

Le mec qui a inventé l’ampoule n’était pas une lumière…

À quels moments c’est parti en couilles? À quels moments nous sommes nous dits que tout allait bien? Que ça fonctionnait parfaitement? Que s’est-il passé pour que nous acceptions tout cela? Est-ce que poser les questions permet d’avancer ou de progresser? Comment ne fonctionne pas ce monde?

Il n’est pas de mon pouvoir de répondre à ce type de questions parce que je n’ai pas le pouvoir pour donner des réponses politiques ni les connaissances pour donner des réponses philosophiques. Il ne s’agit pas de critiquer ou de juger qui que ce soit juste de se dire que ce n’est pas ce que nous voulons, surement pas ce que nous voulions. Le dire ne changera rien, mais il n’est pas pertinent de le garder pour soi.

Tout ce qui est écrit ne peut pas être du plus bel écrin et parfois se fait sentir la juste nécessité de briser le silence, de dire et d’évacuer un peu ce qui pèse sur le cœur et l’âme sans se soucier d’un quelconque effet de style ou de chair. Faire simplement part de son incompréhension, et là, je ne comprends pas. Ce n’est plus un caprice d’enfant. c’est de l’incompréhension. Il faut continuer. Avancer, grandir, évoluer mais rien n’a véritablement de sens. Alors, mieux vaut ne rien dire sur quoique ce soit puisque, de toute façon, le moindre propos, la moindre parole sera mal interprétée parce que ce qui compte désormais, ce n’est plus le sens, c’est la polémique et, à la rigueur, la personne qui le dit. L’émetteur devient plus important que le message et comme le message vient de certains émetteurs, ils sont de toute façon interdits. A force d’interdire, ils finiront bien par se taire ceux qui n’ont pas le droit de parler.

Exactement comme le mec (ou la nana) qui a inventé les ampoules à double encoches. A quel moment a-t-il ou t-elle changé des ampoules dans sa vie pour inventer un système aussi pourri? Parce qu’il est là le fond du problème. On t’oblige à avoir une boite d’ampoules dans ta bagnole sinon tu es verbalisé, mais quand l’ampoule grille, tu t’aperçois que tu ne peux pas la changer parce que ta main ne passe pas. Il faut démonter le bloc lumière. Mais si tu étais garagiste, ça se saurait!

Vu et revu de crèche 2 (et ça ne va pas plaire à tout le monde, en fait ça ne va plaire à personne… )

Houlà houlà… là y a eu fâcherie! 70 % de remise sur le nutella waouh!…. Plusieurs sentiments se croisent et s’entrechoquent… en réalité, 2 oppositions qui luttent dans la même idée… Dans un premier temps, les gens sont dingues de se taper dessus pour une pâte à tartiner bourrée de saloperies et écologiquement catastrophique, c’est quand même bien minable. Et on se gausse devant la connerie de certains qui en sont venus aux mains pour ces quelques bocaux. Ok cette analyse est simple et efficace, quoique efficace, cela reste à démontrer. Toutefois, cette manifestation de folie collective est représentative de bien d’autres symptômes selon moi.

Le fait de soudain se battre pour un produit de grande consommation parce que celui-ci passe de 5 euros à 1.50 environ est, tout de même, révélateur d’un autre problème, bien plus sous-jascent, bien plus profond, bien plus noir. Le nutella, c’est souvent le produit qu’on achète aux enfants pour faire plaisir et soudain, faire plaisir aux gamins devenait presque accessible, faisable. Alors les gens se jettent sur l’opportunité offerte de, pour une fois, satisfaire l’enfant et le voir sourire. Acheter un produit de consommation courante à 5 euros est pour certains totalement impossible et on se moque de leur réaction lorsque soudain cela devient presque réalisable. En plus, à ce prix là, certains peuvent même envisager en prendre plusieurs pots pour reproduire le bonheur de peur qu’il se sauve. Premier temps, les gens sont fous. Second temps, les gens n’ont plus les moyens de se fournir en produits de consommation courante. Troisième temps, les gens n’ont plus les moyens de faire plaisir aux enfants sans sacrifice alors qu’il s’agit d’enfants. Quatrième temps, le plaisir se décline à travers des produits de merde. Le plaisir en devient néfaste. Cinquième temps, certains sont prompts à se moquer des gens qui souffrent économiquement sans doute parce que cela nous rassure de ne pas être dans ce cas et puis, de toute façon, comme il n’y a pas de nains dans la foule des combattants, on peut critiquer et se moquer alors qu’en réalité, cela est révélateur d’une souffrance sociale bien plus forte. Enfin, je crois.

Mais bon, il y a 50 individus qui se sont échappés d’une structure nationale et, de fait, on évacue toute une infrastructure populaire. Il ne s’agit pas de députés parce que les 50 dont je parle ont davantage d’humanité; il s’agit de 50 singes du zoo de Vincennes. On s’en fout en fait mais Paris est sous les eaux et comme d’habitude avec Paris, dès qu’il y a le moindre problème météorologique, cette ville devient un bordel sans nom et le centre de l’univers. La centralisation parisienne. On ne parle majoritairement que de ce qui se passe à Paris parce que 10 % de la population habite Paris ou sa banlieue. Soit 90 % des français qui ne sont pas sur Paris mais, en fait, apparemment, tout le monde s’en fout. La culture se passe à Paris, l’art se passe à Paris, la politique se passe à Paris. De fait, pourquoi voulez vous que ces domaines nous intéressent? Je ne sais pas ou plus ce qui se fait au niveau cinématographique, théâtral ou musical parce que je ne vis plus à Paris et, dès lors, tu t’aperçois que tous ces domaines n’intéressent en fait que les quelques bobos des arrondissements centraux. La plupart de mes potes de banlieue s’en foutaient déjà à l’époque. On nous parle des césars, des victoires de la musique, des molières… je n’ai rien vu, ni rien entendu de ce qui est nominé dans ces concours parce que, clairement, je n’en ai rien à foutre. Et même, je ne sais même pas ce qui est nominé. L’art français est devenu quelque chose sans intérêt, majoritairement subventionné par l’état, dans le cadre de perfusions permanentes pour maintenir le décédé vivant. L’art français est devenu le Bouteflika du sublime. Un truc mort qu’on fait semblant de maintenir en vie parce que ça profite à quelques uns qui sont totalement dépendants du bon vouloir économique des subventions d’état. En gros, si le peuple décidait vraiment de ce qu’on fait de son argent, beaucoup « d’artistes français » auraient du souci à se faire pour leurs vieux jours. Toutefois, avant cela, les politiques en prendraient pour leur grade alors forcément, le peuple ne décidera jamais de ce que l’on fera collectivement de son argent parce que le verrou est établi dans le but d’instaurer un statu quo. Tant que tu te bats pour payer du nutella à tes gosses, tu ne te soucies pas de la couleur des gants mapa. Même si ça pique.

Alors The voice reprend, et la Russie va dézinguer des millions de chiens et chats pour faire joli pour la coupe du monde de foot… ça, on devrait en entendre parler bien comme il faut… parce que tuer des chiens et des chats pour du foot est bien plus important que de ne même plus pouvoir faire plaisir à ses gosses… Les priorités changent. Le combat féministe, la sauvegarde des chiens et des chats, le respect de l’identité genrée ou religieuse sont prioritaires face à la mise en esclavage de la population. Il faut écrire en inclusif et ne plus employer le terme de matriarche, il faut sauver tous les animaux et les traiter mieux que des humains, il ne faut plus faire de blagues sur les juifs ou les musulmans mais détruire le code du travail, augmenter les prélèvements, ignorer le peuple, ça, ça passe crème. Le monde change et change de priorités. C’est comme ça. Let it be.

Non ho un titolo …

 

Le début se fit de nuit parce que tous les débuts naissent dans la pénombre.

Un mélange de chaleurs moites et de sécheresses humides. Indéfinissable à première vue et à premières vies. La seule autorisation, la seule errance touristique valable, c’est de se perdre. Il n’y a pas d’autres possibilités que l’errance pour vivre enfin ce que ce lieu peut donner. Et il ne donne que du sublime. Il ne sait pas faire le laid. Il ne sait plus. Même le laid, si on le trouve, est doux.

Le ciel envoyait un bleu immaculé et le soleil donnait sa chaleur et sa lumière et tout cela, faisait briller encore davantage les églises et les palais. Pourtant, les pieds nus posés sur la pierre ne ressentaient nulle chaleur, au contraire même, la peau recevait une sorte de soulagement à se poser nue sur la roche tiède. Même le sol est doux.

Le soleil aurait pu être l’ennemi et pourtant, à l’exception de quelques places qui rappellent aux touristes non avertis qu’ici, c’est le sud, il n’y a qu’ombres et courants d’air qui circulent dans le dédale des passages. Parce qu’il n’y a pas de rues. On ne peut appeler cela des rues. Il y a des chemins marbrés ou pierreux. Des voûtes basses et ombragées. Des ponts où l’on ne passe qu’à deux… bien serrés… c’est peut être pour ça que tout cela est considéré comme le temple du romantisme… Parce qu’il y a toujours forcément promiscuité, quant au romantisme, il se cache à chaque coin de mur, il navigue entre chaque île, il circule autour de chaque église, mais au final, il n’est nulle part. Il n’est qu’un souffle à travers la ville et ses quartiers mais il n’est pas présent. Une illusion. Un indicible. Parce que même les ruelles sont des oeuvres d’art et que le soleil n’apporte que ce qu’il faut pour que le sublime rayonne.

Et puis, il y a le silence, le calme, la tranquillité malgré la foule. Trop de monde et pourtant, il n’y a personne. Tu peux te perdre sans croiser personne et te cacher dans une porte d’immeuble, dans une ruelle, dans une alcôve et t’envoyer en l’air parce que l’air est doux et le calme transpire dans tous les canaux. Ce n’est pas de l’eau. Ce ne sont pas des bras de mer ou des embouchures de rivières et de fleuves, c’est la sérénité. Rien ne peut te perturber et t’empêcher d’être parce que c’est là. C’est l’endroit. Car les fleuves sont des tempêtes tranquilles.

Au milieu de nulle part, dans une contrée improbable, marécages, moustiques, pigeons et paquebots, parait-il… et pourtant non… rien de tout cela. Juste l’impression d’être là où on doit être et comme on doit l’être. Parce que c’est ça. Se détacher de l’heure, de la chaleur, de l’humidité, du silence ou du bruit, simplement parce qu’il faut profiter de cet ici qui ne peut être ailleurs.

Et au milieu….

Des ponts qui débouchent sur des places qui accueillent des églises toutes plus mystérieuses, improbables, belles, anarchiques au milieu d’un flot de lumières même sous la pluie et derrière, un autre pont… et le long, des palais parce que les bâtiments s’appellent palais et qu’ils te rappellent à chaque pas qu’ici tu n’es pas ailleurs, tu n’es pas n’importe où. Tu es sur une forêt renversée. Tu marches sur les cimes des arbres qui n’ont jamais été là entre les branches et les feuilles. Tu marches sur la boue, tu t’enfonces sur la vase et pourtant tu flottes au sommet des arbres pour voir les montagnes au loin qui te contemplent, paisibles. Parce que la forêt est sucrée.

Chaque pas s’accompagne d’une musique et d’un chant divin. Chaque regard s’accroche à un chef d’oeuvre inconnu parce que déjà oublié. Chaque toucher s’imprime dans la peau à cause de la douceur des pierres, du charme des vents, des appels de l’écorce des arbres. Chaque fruit dépose le sucre du soleil au fond de la bouche comme un nectar de vie, une potion magique alors que ce n’est que de l’eau. Chaque odeur ressemble désormais à la quiétude du lieu et se mêle au reste du décorum. Tout est harmonie parce que tout est silence au milieu du vacarme de la vie et des attenzione qui résonnent au passage des vrais gens. Parce que tout est rêverie, et tout recommence.

 

Venise, hiver (texte invité)

Venise, hiver
Dans le reflet irrégulier du vieux miroir piqué nos visages usés par la ville et par la marche, nos yeux fatigués d’avoir trop vu et trop appris semblent s’effacer doucement dans la lumière tamisée du café Florian, figé dans une éternité d’élégances surannées; à côté deux antiquités trés “années trente” papotent, évoquant des souvenirs d’amants, un faux ersatz de sexe évanoui, une vie archivée derrière le masque de la vieillesse.
Mon fils me parle du brouillard, et de notre quête d’une cour secrète tant espérée et finalement trouvée aux derniers feux du crépuscule grâce à un chat bavard qui nous présenta à son puits préféré en des mots étranges seuls connus des aventuriers de la cité.
Venise est un mirage de ville posé entre les flots obscurs et une brume qui parfois paraît éternelle. Une ville sert de paravent à une autre ville, sitôt que l’on s’éloigne des voies d’eau pour ne cheminer que par les ruelles et les cours humides.

Salons XVIII°s du Florian. Un temps arrêté sur l’élégance.
Jamais je n’exprimerai assez ma reconnaissance à Hugo Pratt, qui fut mon premier guide dans le labyrinthe vénitien, et dont je relis toujours avec profit la Fable de Venise, son parcours initiatique et secret au-delà de la vitrine banalisée de la place Saint-Marc. Je me souviens d’une soirée, là encore avec mon fils cadet, dans ce repaire du monde trés particulier de Corto Maltese qu’est le petit restaurant A la Rivetta, où nous découvrîmes avec délice les spaghetti à l’ancre de seiche, avant, dans l’humidité noire des passages, seuls vivants passant au travers des fantômes de la gloire évaporée d’une ville au bord du monde, de mettre nos pas dans ceux de Corto pour rejoindre en trois heures de marche notre auberge prés de Cannaregio.
Nous sortons du Florian, la ville nous attend, cette nuit pas question de dormir, des silhouettes diffuses et instables nous guident vers le Grand Canal, bientôt nos pas résonnent seuls sous des arcades soutenant la nuit près de la Pescheria. Mon gamin et moi nous perdons avec joie dans cette obscurité où se devinent des églises somptueuses et d’où surgissent de la pénombre et de nos souvenirs les visages masqués de Casanova, de Goldoni et de Sollers…
Saintes, 10 Novembre 2017.

Dans les pas de Corto…
PHOTO HAUT: Grand Canal, hiver…

Vu et revu de crèche 1

J’ai décidé en accord avec moi-même et en désaccord avec le reste du monde mais en cohérence avec le nom de ce blog de faire à intervalles réguliers (je réfléchis encore à la fréquence la plus adéquate pour moi, et quand même réfléchir, ça n’est pas forcément mon fort, ça se voit) une sorte de revue de presse des derniers événements et de me vider de la haine que j’entretiens vis à vis de certains de mes contemporains. Je sais déjà que cela ne plaira pas à certains mais ils ont la totale liberté de passer outre ces articles, sachant que je rédige ce blog pour me vider l’esprit et non pour satisfaire quelques prétentions littéraires ou quelques personnes malgré le respect, l’estime ou autres sentiments positifs que je leur octroie.

Grande nouvelle de la semaine, l’aéroport de Notre Dame des Landes ne sortira pas de terre… Et franchement, je m’en fous… désolé, mais les intérêts financiers opposés aux intérêts de quelques punks à chiens, je ne me sens pas concerné. Alors, je sais, ça n’est pas bien de ne pas se sentir impliqué par l’écologie, toussa, toussa, mais ça n’est pas moi qui ai commencé!!!! Nicolas Hulot est ministre de l’écologie, ça prouve bien que l’écologie, merde, tout le monde s’en fout!!!! Sinon, le seul grand vainqueur est encore une fois Vinci et le seul grand perdant est, encore une fois, l’état, c’est à dire nous. Triste refrain qui perdure et qui ne change pas.

Autre point particulier ces derniers temps, la route et son cortège de petites mesures toutes plus pourries les unes que les autres de notre premier sinistre (il fait tout le temps la gueule ce mec!!!) Octave Arthur… Marcel René… Pierre François… Claude Gustave….??? enfin le mec qui a deux prénoms et qui veut faire croire que dedans, il y a un nom… désolé, je n’arrive pas à imprimer le nom des seconds rôles, surtout quand, en réalité, ils ne sont que figurants. Premier temps, j’augmente les taxes sur les carburants et bien comme il faut. Second temps, je fais passer les limitations de vitesse des routes secondaires à 80 km/h. (en m’assurant bien que ce sera une filiale de Vinci qui produira les nouveaux panneaux). Troisième temps, je confie la gestion du système de radars à des entreprises privées en augmentant la surface couverte. Quatrième temps, j’autorise les communes à pratiquer la liberté des prix de stationnement. Cinquième temps, j’augmente le prix du timbre fiscal des cartes grises. Sixième temps, j’autorise les assurances à répercuter les hausses de prix sur les cotisations. Septième temps, les compagnies privées, auxquelles généreusement Villepin a confié la gestion des autoroutes, ont l’autorisation d’élever les tarifs de péage. Huitième temps, je fais passer dans l’opinion, l’idée que les péages urbains vont bientôt arriver. Neuvième temps, j’augmente les tarifs et les contrôles relatifs au contrôle technique. Dixième temps, j’augmente le prix des transports en commun sans jamais augmenter la qualité de service…. Voilà, voilà, voilà… en dix points la politique du gouvernementale sur le transport.

Là au niveau politique intérieure, on n’est pas mal pour la semaine. J’en garde sous le coude. Par contre, au niveau extérieur, j’émets juste une réserve sur le traitement infligé à ce pauvre Donald. Je comprends que la présence de cet individu dans les instances internationales dérange. Je ne suis pas moi-même grand fan du personnage mais, cependant, il a été élu de manière démocratique, non je plaisante, juste élu de manière normal dans le système électif actuel en vigueur. Alors certes, le mode de scrutin américain nous semble particulièrement étrange et inepte mais nous avons bien un président élu avec 30% des voix des inscrits nous… Trump avait, lui, au moins 40% et de toute façon, le système n’est pas comparable. Toutefois, il existe aux Etats-Unis de nombreux contre pouvoirs qui font que Trump n’est pas aussi omnipotent que certains veulent le croire. Lorsqu’il fait la course au plus gros bouton nucléaire avec King Kong I de Corée, il n’a, de toutes façons, pas le pouvoir de déclencher une guerre sans l’accord du congrès contrairement à notre Jupiter et c’est là où je voulais en venir. On critique Trump et d’autres, alors que, sur la notion démocratique, nous avons la chance et l’honneur d’avoir fait pire. Encore une fois, il faut juste regarder dans son propre champ avant de compter les bouses du voisin. ( Je ne sais absolument pas si ça se dit mais comme je trouve ça sympa, je le dis et pis c’est tout). Nous avons mis au pouvoir une personne qui, véritablement, a tous les pouvoirs mais nous critiquons les autres qui ont, eux, des contre pouvoirs efficaces et réels. Il est beau le lavabo.

Enfin, je voulais revenir sur le nouvel art martial à la mode. Le front kick middle kick latéral arbitral. Je ne vais rien ajouter au final, au ridicule de la situation et pour ceux qui ne le sauraient pas… bah Nantes- PSG mais ça n’est pas grave. Encore une fois, nous sommes ridicules aux yeux du monde mais on gère.

Le bonheur, c’est comme une cigarette….

                    Quand tu te prends à rêver que ton ex, c’est Bjork et qu’elle fait un concert miteux, dans une salle décrépie de province (je vis en province et je n’allais quand même pas me déplacer sur Paris pour voir une ex chanter non plus, faut pas déconner) et qu’elle t’appelle pour jouer du saxo découpé dans du carton, tu te dis que c’est cool. Quand, en plus, y’ a Murray Head qui vient chanter au piano, tout va bien. Je sais que cela semble être un rêve classique et sans intérêt, et c’est le cas, toutefois, il a une portée qui dépasse, pour moi, le simple fait de voir Bjork en concert et qu’elle ressemble furieusement, au final, à une ex, ce qui, en réalité, n’était absolument pas le cas. C’est la première fois depuis 30 ans que je me souviens quasi concrètement d’un de mes rêves. Et cela change beaucoup de choses. Je savais que le tabac altérait cette fonction cognitive du souvenir de l’impalpable mais je constate avec une joie particulière que c’est vrai. Arrêter de fumer après 30 ans de tabagisme soutenu m’a permis de retrouver mes rêves. Je sais c’est con mais cela change tellement de choses au final. Du coup, je m’aperçois que vraiment j’ai des rêves de merde mais comme tout le monde et soudain, se sentir comme tout le monde, c’est super bien; ça me change. Cette simple idée de se sentir à nouveau humain parmi les humains suffit à me faire oublier qu’il pleut, comme quoi, le bonheur c’est vraiment super simple. Oh l’allégorie super facile de la cigarette comme résumé de la vie qui vient poindre au coin de mon cerveau de moins en moins embrumé. Je ne vous ferai pas cet affront. Trop facile. Bref, je me souviens à nouveau de mes rêves. Tout le monde s’en fout, mais pour moi ça veut dire beaucoup (hommage pourri).

Le monde, cette impitoyable jungle peuplée de gens hostiles et déséquilibrés (article invité)

Il y a des jours comme ça où on cherche à t’anéantir.
Ayant le moral en berne ces derniers temps, j’avais décidé de me rendre ce matin chez le coiffeur, espérant reprendre un peu du poil de la bête. Disons qu’à la base j’envisageais ça plutôt au sens figuré…
Allez, sers-toi un café, assieds-toi, je te raconte.

Je sais pas toi, mais moi j’ai longtemps cherché Mon coiffeur. Le coiffeur idéal, tu sais celui qui sent l’essence de ton être, qui sait voir la beauté qui se cache au plus profond de toi pour la faire resurgir et te rendre lumineuse aux yeux du monde. C’est vachement important en vrai, un bon coiffeur. Il te renvoie de toi en miroir une belle image, positive, qui va t’aider à affronter le quotidien. Voilà, un coiffeur c’est un peu comme une deuxième maman qui tient une partie de ton sort entre ses mains. Dès lors, pas facile lui accorder ta confiance et quand tu as trouvé le bon, excepté mésentente capillaire majeure, tu le gardes. Excepté mésentente capillaire majeure…
Bon, aujourd’hui, il semble que ma coiffeuse avait laissé la fonction maternelle au vestiaire.
Rituel habituel en arrivant : elle me triture les cheveux en me disant :
— « Elles sont belles vos boucles, on rafraîchit un peu, un carré plongeant flou et quelques mèches naturelles pour réchauffer. » (et camoufler les quelques premiers cheveux blancs, mais chut !) J’acquiesce. Jusqu’ici tout va bien.
La coiffeuse s’affaire, me tartine de produit, coupe par ci, coupe par là. Vérifie les longueurs, recoupe par ci… Bref je suis en totale confiance. On se connaît depuis des années.
Mais voilà. Parfois on croit se connaître depuis des années et survient le moment où l’on constate que l’autre finalement ne nous sait pas. On se dit alors qu’il est passé à côté de nous tout ce temps, que son regard sur nous est tristement faux. Ou alors peut-être que nos chemins se sont juste éloignés et qu’on n’est plus sur la même longueur d’ondes.
Toujours est-il que 75 balles plus tard, je me retrouve avec une gueule de tigre asymétrique. Je me scrute désespérément dans le miroir, mais des cheveux rayés roux et noir de longueur inégale s’obstinent désormais à entourer mon visage interdit. — Note pour plus tard : se méfier d’une coiffeuse décolorée blonde platine quand elle te dit qu’elle va te faire des mèches « naturelles » — Et là, la question cruciale, que je commençais à redouter :
— « Ça vous plait ? »
Alors qu’en mon for intérieur tout en moi s’affole et crie au désastre, un pitoyable et timide « oui » s’extirpe poliment de ma bouche. Dégâts d’une éducation trop consensuelle ?
Entendons-nous bien : ce n’est pas que je n’aime pas les tigres. J’aime beaucoup les tigres d’ailleurs, en fait. Et je suis sincèrement très sensible au fait qu’ils soient en danger d’extinction et je déplore absolument la déforestation du Bengale. Voilà c’est dit : j’aime les tigres. Même, je veux bien s’il faut prouver ma solidarité avec cette espèce, modifier ma photo de profil Facebook en mettant « Je suis un tigre » à la manière de « Je suis Charlie ». Si vous voulez. Je les aime les tigres, mais pas au point, non plus, de porter leurs couleurs jusque sur ma tignasse ! OK ? Parce que voyez-vous, dans la vie il faut connaître (et respecter) ses propres limites ! Et la crinière rayée rousse et noire, pour moi, en était une. Je me sens trahie.
Donc, il va falloir que je me fasse à cette idée pour les deux ou trois prochains mois que ma coiffeuse voit en moi un tigre asymétrique bouclé. Les yeux de ma coiffeuse seraient-ils le miroir de mon âme ? Tout ceci me plonge dans une profonde et grave introspection. Bon, certes j’ai une élégance féline qu’on ne peut nier. Mais je ne suis pas sauvage, je ne suis pas féroce et je ne mange pas les hommes (sauf si c’est demandé gentiment et encore pas n’importe qui ! Je suis civilisée quoi.). Alors, pourquoi le tigre ???
Au fil de mes circonvolutions réflexives, j’en viens à envisager une seconde hypothèse. Elle ne m’avait pas effleuré l’esprit au premier abord et pourtant cela semble finalement évident. La date. Nous sommes le 12 janvier ! Aller chez le coiffeur un 12 janvier ! Faut vraiment le faire exprès ! Le 12 janvier, c’est la Saint Tigre ! Tu sais ce prêtre martyr de Constantinople. Celui qui a soutenu Saint-Jean Chrysostome quand il fut persécuté. Fidélité qui lui a valu exil et supplices terribles. Mais c’est bien sûr : en vrai ce qu’elle a vu en moi, ma coiffeuse, c’est ma pureté et ma vertu. Logique. Espérons toutefois que je ne connaisse pas le même sort que lui !
Ça, c’était sans compter sur ma cruelle progéniture, qui rentre de l’école à midi…
Sonnerie qui retentit. Ouverture de la porte. Regard du mioche ahuri.
— « Ah, mais tu t’es pris une mèche ? »
Arrêt sur image. Sérieusement ça veut dire quoi « tu t’es pris une mèche » ? Généralement on dit « t’as pris un coup » ou « t’as pris 20 ans » ou même encore « t’as pris cher ! », mais pas « tu t’es pris une mèche » ! Bon, de toute évidence, ma vertu et ma pureté lui échappent. C’est ainsi que je constate la violence qu’inflige à mon propre fils la simple vue de ma nouvelle image.
— « Nan mais qu’est-ce qui t’a donné l’idée de faire ça, maman ? Mais vraiment t’étais belle avant ! », qu’il se croit obligé de rajouter.
— « Au moins tu peux l’enlever ? Tu peux pas aller à l’école comme ça, hein ?! »
Silence impuissant de ma part. Puis il se met à pleurnicher avant de m’asséner le coup de grâce final en disant :
— « Moi je veux que tu sois belle. Là j’aurais plus le droit de dire que t’es belle jusqu’à ce que tu changes ça. Donc coupe-les ou teinte-les. S’il te plaît !!! ».
Noir.
Voilà, donc j’ai envie de mourir mais je ne peux pas tout de suite car il faut en plus que je lui prépare à bouffer… Note pour plus tard : l’envoyer à la cantine le vendredi, ce p’tit con.
Alors qui du tigre ou du Tigre ? Je vais tenter de démêler ça cet après-midi avec mon autre figure maternelle : ma psy. Ca va encore me coûter 50 balles cette affaire. De là à penser qu’avec la coiffeuse elles sont de mèche pour me soutirer du fric…
Ne le répète à personne, mais je crois que ma coiffeuse est un tantinet frappadingue pour faire toutes ces associations tirées par les cheveux sur mon compte…
Bref, aujourd’hui je suis allée chez le coiffeur. (Et pas sûr que j’y retourne de sitôt…)

par K.M.