13.

L’euphorie entourant le monde ne pouvait me toucher. Il y avait trop d’éléments qui perturbaient ma sérénité. L’impression perceptible d’un statu quo faisait que je ne savais pas réellement dans quel sens je devais désormais poser mon attention. Je continuais mon rituel classique de l’errance nocturne, persuadé que j’étais par le déclic cognitif que cette marche m’apportait. Se perdre volontairement dans les rues me donnait l’impression que je pouvais trouver un début de solution face à cette montagne d’événements inexpliqués. L’éclairage urbain donnait l’impression d’une nuit incomplète et même plutôt d’une ambiance entre chien et loup dont j’avais perdu l’habitude et que je n’appréciais pas vraiment finalement. Paris devenait un repoussoir pour moi. Trop de bruits et de fureurs autour de moi et même de nuit. J’avais rapidement perdu ce goût pour les joyeusetés parisiennes parce qu’elles étaient de toute façon tellement futiles que je n’avais plus l’envie d’y participer. Et puis ma tête était uniquement concentrée sur un objectif quasi inavouable mais il s’agissait désormais de fierté et d’orgueil. On a l’habitude d’accoler à fierté l’idée de mal placée or il se trouve que cette fois, je ne trouvais rien de plus légitime et rien de mieux placé que cette volonté de trouver, de savoir et de comprendre. J’y mettais quasiment un enjeu vital. Je ne pouvais laisser cet ennemi intime l’emporter. Depuis cette lettre, il y avait clairement un duel qui se dessinait et perdre n’était pas dans mon logiciel. Comme les duels du passé, le fait de perdre s’accompagnait immanquablement de la mort et je ne me voyais pas mourir, pas déjà, pas encore. Puisque cet ennemi invisible avait décidé qu’il y aurait un rapport personnel et quasi affectif désormais dans cette histoire, je me devais d’être à la hauteur. La complexité de l’enjeu faisait même que je devais me préparer à être au delà de mes capacités. Je ne voulais pas mourir et jusqu’à maintenant j’avais réussi à ne pas me suicider.

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